Combien de fois ces phrases ont résonné dans votre tête, vous qui portez le deuil si pénible d’avoir perdu vos rêves? Parce que perdre un embryon, un fœtus, un enfant, c’est être dépouillé de nos souvenirs et de nos projets avec lui.
Il n’y a pas d’échelle de souffrance, juste des personnes bouleversées par la perte, l’échec et l’immense vide autour de soi, au creux de son ventre abîmé.
Il y a le temps de la peine nécessaire que souvent l’entourage ne comprend pas et cherche à éviter parce qu’il voudrait tout gommer et que les sourires fassent à nouveau partie du quotidien, car la souffrance, mais encore plus la mort dans nos sociétés est si mal gérées, si invisible, si détournée qu’on voudrait la taire pour ne garder que le gai.
Ce sont souvent des preuves d’amour maladroites, des langues qui fourchent, car le silence est trop pénible, des tentatives de soulagement avec ces mots qui ne veulent rien dire.
Pourtant la mort fait étroitement partie de la vie, et nous nous y frottons si souvent qu’on devrait pouvoir en parler plus librement, plus naturellement. L’inclure dans tous les processus : le deuil pour se faire doit être enveloppé, guidé, écouté. C’est le silence qui étouffe cette possibilité : le besoin de déposer toutes ses émotions.
On dit qu’une grossesse sur cinq finit par une fausse couche, un peu comme si cette statistique forte apaiserait le tourment. Comme si au fond nous étions des chiffres, alors que chaque histoire est unique et sensible.
Et puis, il y a le corps, qui nous a trahies, qui n’a pas dit, qui n’a pas su nous prévenir. Le ventre à qui on ne fait plus confiance, qui ne sait plus créer la vie sans peine. Et les doutes qui nous envahissent, la culpabilité et les questions, l’angoisse omniprésente que le sort frappe encore.
Toutes ces émotions à vivre quand ceux qui n’ont pas vécu cela n’imaginent pas le chagrin, ni la profondeur de la douleur, nous isolent. Tous ces projets retirés qu’on n’ose pas dévoiler, mais qui galopent dans notre tête inlassablement.
Et un jour, revient l’espoir de peut-être essayer encore, défier la vie, pour toucher à nouveau des moments si doux, tournés vers demain. Mais malgré cela, l’impression lourde de trahir son ange, ses anciens projets.
Des dates nous ramènent toujours à ces instants, comme un rappel de ce qui a tant compté dans une intimité peu partagée. Ce temps où tout aurait pu être différent, mais où un drame nous est arrivé et qui transforme la vie à tout jamais.
Je pense à vous si souvent « paranges »… le cœur serré, le sourire pour dissimuler la peine et encore la force de toujours d’avancer!
Il existe des ressources pour se faire entendre et briser la solitude, c’est une merveilleuse façon de rester en vie. Connaissez-vous la fondation « Portraits d’étincelles », un service de photographie en deuil périnatal et le livre « Fausse couche, Vrai deuil » de Isabelle Clément et Manon Cyr?
Je vous envoie toute mon admiration, en attendant de vous accompagner.