Pas facile de se calmer lorsqu’on n’arrive pas à nommer la vague qui nous a, tout à-coup, submergé! Les émotions des enfants sont grandes et toutes nouvelles, pour eux. Non seulement ils ne possèdent pas le vocabulaire pour les mettre en mot, mais ils ignorent parfois pourquoi ils pleurent, pourquoi ils crient. Surexcitation, lèvres qui tremblent, cris, pleurs, crise du bacon, cous, morsure : les enfants manifestent de façon diverse leurs émotions parfois contradictoires. Ceci est peut-être normal, mais pour le parent, ces excès peuvent être épuisants, à la longue.
Nommer les émotions
Une des premières choses à faire avec son enfant, c’est de nommer les émotions qu’il vit. Peu à peu avec votre aide, il finira par comprendre les nuances qui existent entre la colère, la jalousie, la tristesse, la déception… Pour l’aider à faire la différence entre toutes ces émotions, prenez aussi le temps de les souligner, lorsque vous les constatez, par exemple, à la télévision ou dans un livre. « Regarde, le petit garçon est fâché parce que… », « La petite fille a de la peine parce que… » Petit à petit, vous pouvez transformer tout ceci en jeu. « Pourquoi est-ce que le petit garçon pleure, tu crois? » Faire des rapprochements entre ce qu’un personnage vit et ce que votre enfant a récemment expérimenté l’aidera aussi à mieux comprendre et éventuellement à gérer ses émotions.
Le développement des émotions chez l’enfant
Avant 2 ans
Le bébé de 0 à 24 mois vit des émotions dites primaires : peur, tristesse, surprise, colère, etc. Les émotions négatives s’expriment surtout par des pleurs. La présence de sa mère ou son père lui permet souvent de se rassurer.
Entre 2 et 4 ans
Avec la parole, l’enfant commence à mettre des mots sur ce qu’il ressent, mais ce n’est pas facile! Le parent doit l’aider à identifier ses émotions. Ses frustrations sont souvent intenses - vive le fameux terrible two - surtout que l’enfant de cet âge vit une phase d’affirmation qui se transpose en disant non à tout ou presque!
Entre 4 et 5 ans
Même si l’enfant a plus de vocabulaire et est capable de mieux identifier et verbaliser ses émotions et frustrations, il n’est pas encore tout à fait capable de les gérer. C’est un processus qui viendra avec le temps quand il comprendra mieux le lien entre les émotions et leurs conséquences.
Contrôler l’intensité
Une fois qu’on a réussi à nommer les émotions, il reste à en graduer l’intensité. En effet, les enfants ont souvent deux vitesses : normal et extrême. Les petites peines sont donc aussi dramatiques que les grandes. Pour l’aider à contrôler ses émotions, vous devez lui donner un coup de main. En premier lieu, il est important de le prendre au sérieux : sinon, il risquerait de se frustrer davantage. Au lieu de minimiser sa peine, expliquez-lui que vous le comprenez, qu’il n’est pas seul au monde, que d’autres personnes ressentent aussi de la peine, mais qu’il y a d’autres façons de l’exprimer. Invitez-le donc à parler, à communiquer, à dessiner. Vous pourriez aussi l’aider à trouver des moyens de se calmer : en prenant de grandes inspirations, par exemple.
Activités
Certaines activités peuvent aussi aider votre enfant à gérer de manière plus efficace ces émotions. Le yoga, par exemple, ou la méditation. Le sport demeure aussi une excellente façon de se dépenser. Souvenez-vous que la plupart des « crises » peuvent réussir à se résorber à l’aide de trois étapes simples :
- Invitez votre enfant à respirer : ceci le calme et lui donne de l’oxygène.
- Donnez-lui un verre d’eau : ça permet de couper la crise et de l’aider à passer à autre chose.
- Faites-lui un gros câlin et dites-lui que vous l’aimez : ça le rassurera.
Sens dessus dessous
Le film d’animation Inside Out (Sens dessus dessous) de Disney/Pixar sorti sur les écrans en juin 2015 est devenu pour beaucoup de parents une sorte de catalyseur, une révélation qui permet de mettre des mots sur les émotions contradictoires vécues par les enfants. Les personnages Joie, Peur, Colère, Tristesse et Dégoût incarnent à merveille ce bouillonnement d’émotions qui se bousculent durant l’enfance et devant lesquelles les parents ont parfois de la difficulté à réagir « correctement ». Ce film a beau raconter l’histoire d’une jeune fille de 11 ans, les parents d’enfants plus jeunes y trouvent matière à réflexion et surtout une belle occasion de discuter avec leur enfant sur ce qu’il ressent. C’est un film à voir si ce n’est pas encore fait.