- Veux-tu que je t’aide?
- Non!
- Viens manger mon coco.
- Non!
- C’est l’heure d’aller au lit!
- Non!
Si ces quelques phrases vous rappellent un petit bout du quotidien avec votre rejeton, c’est qu’il est assurément en train de vivre sa phase d’affirmation. C’est une étape de la vie qu’on qualifie souvent de « première adolescence », ou « terrible two » comme on le dit en anglais et qui fait vivre un sentiment d’impuissance immense à bien des parents.
Mieux comprendre la phase du « non »
Cette étape survient habituellement alors que l’enfant a entre 18 mois et 3 ans. Certains enfants la vivront de façon bien spectaculaire, avec des crises d’opposition très fortes : coups, cris, pleurs. D’autres la vivront moins intensément, selon leur personnalité, mais elle est tout de même bien présente chez la plupart des enfants.
« Comment notre petit ange si doux peut-il s’être subitement transformé en petit tyran? » se demandent plusieurs parents. Voici la piste la plus souvent soulevée : le petit, à qui on a émis plusieurs interdits dans les derniers mois (« non, ne touche pas, ne fait pas cela, etc. »), découvre la frustration, mais aussi le pouvoir incroyable que peut engendrer ce petit mot. Et il l’utilise en toutes circonstances, parfois même à son propre détriment! En effet, combien d’enfants avons-nous vus refuser une gâterie ou une sortie spéciale, puis se raviser, simplement parce que le « non » semble la seule réponse spontanée qui sort de leur bouche? C’est une façon pour lui de dire : « Je suis grand, c’est moi qui décide! »
Il est important de mentionner que bien qu’elle fasse ressentir un sentiment d’impuissance et incompétence à bien des parents, cette période de vie permet à l’enfant de se détacher de sa maman, de passer de l’étape de bébé à petit enfant, de devenir une personne à part entière, avec ses goûts et préférences, et surtout, d’exprimer clairement qu’il veut faire les choses par lui-même!
Une stratégie sans perdants!
« Que faire quand notre enfant passe sa journée à nous dire non? » se demandent certains parents épuisés de voir leur enfant s’opposer à chaque moment. Car ce qui semble le plus difficile pour les parents, surtout pour la maman qui sort tout juste d’une longue période fusionnelle avec son bébé, c’est de ne pas prendre cette attitude comme un affront personnel. Et il ne faut pas non plus tout lui permettre en se disant qu’il est trop petit pour saisir la portée de ce qu’il nous dit. Trouver le juste milieu n’est pas aisé, car il faut se respecter soi-même, respecter aussi les limites parfois imposées par notre routine – on ne peut pas toujours permettre que l’enfant s’habille tout seul quand on doit se rendre au travail pour une heure précise par exemple.
Il est donc important de respecter le besoin d’affirmation de son enfant tout en lui offrant un cadre de vie sécurisant et chaleureux. Et comme l’enfant ne maîtrise pas encore bien le langage, on peut l’aider à mettre des mots sur ce qu’il vit afin de diminuer sa frustration de se voir mettre des limites.
Voici quelques trucs pratico-pratiques qui faciliteront votre quotidien :
- Évitez de faire de tout une guerre de pouvoir où il n’y aura que des perdants. Choisissez vos combats! Certaines limites, celles qui touchent son bien-être, sa sécurité, sa santé sont très importantes à maintenir. Lâchez prise sur le reste!
- Offrez un choix à votre enfant, ça lui donnera l’impression d’avoir du pouvoir. Ainsi, au lieu de lui dire qu’il est l’heure d’aller prendre son bain, vous pouvez lui demander s’il préfère prendre son bain tout de suite ou dans 5 minutes. Il choisira certainement la deuxième option, ce qui vous fera perdre 5 minutes, mais vous éviterez peut-être ainsi une crise qui pourrait durer drôlement plus longtemps!
- Pour les enfants qui veulent faire les choses par eux-mêmes, permettez-leur d’en faire une partie, ce qui les valorisera dans leur rôle de grand. Ainsi, Nicolas sera fier d’avoir mis son chapeau tout seul pendant que maman attache son manteau. N’oubliez pas de prévoir un peu plus de temps pour l’habillage, les repas. Ça diminuera la tension autant pour vous que pour votre enfant.
- Mettez l’accent sur ses bons coups plutôt que ses crises et ses colères. Quand c’est possible, ignorez ses crises. Changez de pièce! Il n’aura ainsi plus le pouvoir qu’il souhaite sur vous et comprendra peu à peu qu’il aura davantage l’attention de maman ou papa en étant calme et coopératif
- Quand la limite doit absolument être maintenue, restez ferme, mais dites-lui dans des mots simples que vous comprenez qu’il est fâché, triste, déçu. Certains parents ont aussi eu de très bons résultats avec leur enfant en crise en dédramatisant par l’humour.
Lectures inspirantes
Voicideux livres qui vous permettront d’approfondir le sujet. Le premier, pour les parents, propose des trucs pratiques pour mieux intervenir au quotidien avec un enfant qui vit cette période plus difficile. (Ce livre n'est plus disponible en librairie, mais vous le trouverez sans doute dans une bibliothèque.)
L'enfant qui dit non : aidez votre enfant à traverser la phase du non
Jerry Wyckoff et Barbara C. Unell,
Éditions de l'Homme, 2005. 358 p.
ISBN : 9782761920186. Épuisé.
Et un livre fascinant pour les tout-petits, dans la collection « Zut de Flûte » qui propose des histoires sur la gamme des sentiments humains. À travers le personnage de Flûte, une autruche rigolote, l’enfant découvre qu’il n’est pas seul à éprouver une palette d’émotions et qu’il est essentiel de les exprimer.
Zut! Flûte est fâché
Texte : Claire Chabot, illustrations : Geneviève Després
Dominique et compagnie, 2010
ISBN : 9782895129158