Vous l’avez sûrement déjà entendu, peut-être même déjà dit : « Mon bébé va se faire plein d’amis ». Que ce soit au parc, dans des groupes ou des cours de mamans-bébés, ou encore à la garderie, un enfant de moins de deux ans ne tisse pas de liens d’amitié. Il est trop jeune.
Ainsi, socialiser un bébé, ce n’est pas de lui faire rencontrer plein de monde. « À cet âge-là, son besoin est davantage de développer sa confiance affective. Et ça, ça se fait par des adultes qui prennent soin de lui, par la stabilité des soins, la régularité et la disponibilité affective », mentionne Isabelle Vinet, psychoéducatrice et coordonnatrice générale du Centre d’excellence pour le développement des jeunes enfants (CEDJE).
En effet, de plus en plus d’études démontrent qu’un lien d’attachement sécuritaire entre le bébé et ses donneurs de soins est le plus grand prédicteur de comportements positifs entre enfants. « Les soins chaleureux que les bébés reçoivent dans la première année de vie vont les aider à mieux gérer leurs émotions, à avoir des rapports positifs avec les autres lorsqu’ils seront plus grands », précise Mme Vinet.
Cela ne veut quand même pas dire qu’il vaut mieux rester encabaner toute la journée. Au contraire!
Des êtres sociaux en développement
Les bébés, dès la naissance, sont des êtres sociaux. C’est en leur donnant les outils nécessaires et en leur montrant l’exemple qu’ils développeront leurs habiletés sociales.
Dès les premiers mois de vie, les bébés posent un certain nombre de gestes qui prouvent qu’ils se réfèrent beaucoup aux adultes pour gérer ce qui se passe autour d’eux. « Les bébés vont poser le regard sur une personne de confiance lorsqu’ils sont en situation de tension », mentionne la psychoéducatrice.
Dans une fête, par exemple, ça peut être angoissant pour un bébé de quelques mois de faire face à plein de nouveaux visages. Plutôt que de mettre notre rejeton dans les bras de tout le monde, mieux vaut d’abord le mettre en confiance. On n’hésite pas à nommer ce qui se passe, à mettre des mots sur des situations. Par exemple : « Je vois que tu as peur, il y a beaucoup de monde que tu ne connais pas, mais ce sont tous des amis, ils sont gentils, tu verras. »
Si on met notre bébé dans les bras d’une tante qui veut tant le prendre et que ce dernier se met à pleurer, mieux vaut le reprendre plutôt que de satisfaire le désir de « matante ». Et cela, au risque d’entendre des remarques désobligeantes du genre : « Il est toujours dans tes bras ce bébé-là. Il est bien gâté! »
Isabelle Vinet souligne qu’on valorise beaucoup les enfants qui vont vers les autres et qu’on peut parfois ressentir une certaine pression pour se départir de notre bébé. « Or, ce n’est jamais une bonne idée de pousser un bébé à aller vers les autres. Ce dernier se sentira encore plus en perte de contrôle de ses émotions et ne se sentira pas appuyé, pas compris », soutien la psychoéducatrice.
À partir de 3 ans
C’est vers 3, 4, 5 ans, qu’on va davantage aider notre enfant à aller vers les autres. Certains, plus timides, auront besoin de plus de temps. Il sera alors important d’être patient, de respecter son rythme et de l’accompagner doucement. Par exemple, au parc, si notre enfant ne part pas à courir pour aller jouer, on peut l’accompagner.
Une fois sécurisé, on pourra s’éloigner et laisser place aux nouvelles amitiés!