Quand on entend le fameux « je ne t’aime plus, c’est fini » du futur père de nos enfants, notre vie prend une nouvelle tournure et il faut repenser plusieurs choses. Parfois, le futur père demeure présent et la situation ressemble à n’importe quelle séparation avec un jeune enfant. Dans d’autres situations, le père part sans laisser d’adresse et sans avoir l’intention d’assumer ses responsabilités. Comment doit-on aborder la peine d’amour et la monoparentalité? D’abord, on panique, on a peur et on a de la peine (c’est humain après tout!), puis on s’organise…
Sur le coup
À travers les idées de chambres de bébé, les questions liées à l’accouchement et les nausées, voilà qu’on doit s’imaginer en train de tout faire toute seule. Il faudra changer des couches toute seule et on n’aura pas d’amoureux avec qui partager les premiers moments. C’est normal de se sentir déboussolée quand on se retrouve célibataire tout en étant enceinte.
Mélanie, une mère à qui c’est arrivé et qui a accepté de nous révéler ses états d’âme nous a confié qu’elle n’a pas eu beaucoup de temps pour s’apitoyer. Comme elle ne savait pas si les événements allaient avoir un impact sur son bébé et comme elle ne pouvait pas boire pour oublier (!), elle admet qu’elle a dû vite se faire à l’idée et prendre les choses en main.
Selon elle, il faut vite gérer des sentiments contradictoires et s’occuper de tous les aspects de la grossesse sans s’attendre l’aide de son ex-conjoint. « Heureusement, j’avais ma famille qui a toujours été très présente, surtout au niveau financier. Au niveau émotionnel, j’étais tellement pressée de partir (nous habitions ensemble) et dans l’excitation de la grossesse qu’un moment donné, j’ai fini par me dire “passe par-dessus et tant pis pour lui” ».
S’entourer et trouver des ressources
La grossesse est un bon moment pour planifier, chercher des ressources et se bâtir un réseau. Peu après l’accouchement, avec la fatigue et tous les soins dont aura besoin votre bébé, il sera plus difficile de chercher de l’aide.
Si, comme pour Mélanie, le père de votre enfant décide de s’impliquer, tant mieux. Il sera plus facile de vous débrouiller financièrement et il vous accordera des pauses en s’occupant de bébé pendant que vous vous reposez et il apprendra à prendre sa place auprès de l’enfant comme n’importe quel père le ferait. Si la relation est bonne, vous pourrez aussi parler ensemble de vos joies et de vos inquiétudes. Cette complicité vous aidera tout au long de la vie de votre enfant et vous prendrez vite conscience qu’on fait la paix pour éviter de se chicaner devant notre bébé, mais aussi pour trouver une paix intérieure. Cette paix permettra de dissocier les mauvais souvenirs du père de votre enfant. C’est mieux pour vous, pour votre enfant et pour le père.
Par contre, si le père n’a aucune intention de s’impliquer, il vaudra mieux chercher de l’aide et du réconfort ailleurs. Heureusement, de nos jours, il est plutôt facile de trouver du soutien moral et des conseils. À défaut d’avoir une aide présente physiquement, vous trouverez de nombreux sites, groupes et forums qui vous aideront à trouver réponses et réconfort à toute heure du jour et de la nuit. Le forum de Mamanpourlavie.com, le Regroupement des familles monoparentales et recomposées de Laval et Parent-Solo.fr sont de bonnes ressources, et il y en a d’autres. Votre famille aussi, si elle est près de vous demeure la ressource par excellence.
Se préparer légalement avec un père absent
Si le père est parti sans laisser d’adresse et qu’il est absent à l’accouchement, son nom ne figurera pas sur la déclaration de naissance. On peut lire sur l’Espace Citoyens du Gouvernement du Québec : « Si le père n’est pas marié avec la mère de l’enfant et prévoit être absent au moment de la naissance ou dans les 30 jours suivant celle-ci, il doit remplir, avant son départ, le formulaire Autorisation de déclaration de paternité pour prouver qu’il est le père de l’enfant. Ce formulaire est disponible seulement au bureau du Directeur de l’état civil.
Après la naissance de l’enfant, la mère fera parvenir ce formulaire au Directeur de l’état civil en même temps que la Déclaration de naissance. Ce document est obligatoire pour que le nom du père figure dans l’acte de naissance de l’enfant. »
S’il ne figure pas sur l’acte de naissance, vous serez l’unique responsable de votre enfant et n’aurez pas à demander de signature pour prendre des décisions concernant votre enfant ou pour voyager avec lui. Pour reprendre ses droits, il sera de sa responsabilité de passer un test de paternité et quand il fournira ses déclarations de revenus un juge calculera les arrérages en pension alimentaire auxquels vous avez droit en plus de statuer sur les droits de garde de chacun.
Si le père demeure présent
Même si vous vous entendez plutôt bien avec le père, mieux vaut vous entendre au sujet de la garde aussitôt que possible. En effet, après une séparation, vous êtes malgré tout encore assez proches pour discuter de finances et de responsabilités sans que ce soit trop délicat. Plus tard, les nouveaux conjoints, les enfants des autres, les changements d’emploi et les déménagements seront autant de facteurs qui pourront compliquer la situation et changer les paramètres d’une entente à l’amiable établie sans documents officiels.
C’est ce qui est arrivé à Mélanie qui n’avait pas prévu qu’une nouvelle copine donnerait envie au père de son enfant d’obtenir la garde partagée. « Si j’avais su, je lui aurais fait signer un papier qui lui donne des droits de visite, mais qui m’accorde la garde complète de l’enfant, et ce même s’il change d’idée en cours de route. Ce n’est pas la première blonde qu’il a, mais c’est la première qui a aussi des enfants et qui lui a dit qu’elle préférait qu’il ne vienne plus chez moi. Nous avions généralement une bonne entente, tout allait bien depuis plusieurs années de notre côté, jusqu’à ce qu’il rencontre cette fille et qu’il décide de changer notre accord ».
Il vaut donc mieux penser à tous ces détails dès à présent même si c’est exigeant émotivement, afin de ne pas revivre ces émotions plusieurs années plus tard.
Votre grossesse, votre accouchement et les premiers mois de votre bébé ne se dérouleront peut-être pas comme vous l’aviez prévu, mais souvenez-vous que de nombreuses femmes sont passées par là avant vous et sont très heureuses dans leur rôle de mère. En vous entourant bien et en parlant ouvertement de ce que vous ressentez, cette expérience sera comme celle de toutes les vies de famille, tumultueuse et exigeante, mais elle n’en sera pas moins fantastique pour autant.