Depuis quelques années, l’éducation positive et bienveillante est sur plusieurs lèvres. Il est pourtant difficile pour les spécialistes de la définir simplement. On en parle dans de nombreuses revues de parentalité, on l’aborde dans un nombre impressionnant de blogues et on en discute dans le monde de l’éducation. Le Conseil de l’Europe considère cette technique d’éducation comme l’approche qui respecte le plus les Droits de l’Enfant. Tant mieux. Mais comment se sentent ces parents « positifs » qui n’arrivent pas nécessairement à rester toujours aussi « positifs » au moment d’éduquer leurs enfants?
Emmanuelle Opezzo, auteure du livre Vivre la pensée Montessori à la maison, écrit que « l’éducation bienveillante n’est pas une méthode à appliquer par des parents qui seraient des robots ou qui devraient avoir des livres sous la main pour chaque type de situation rencontré avec leurs enfants : c’est un regard, une philosophie ». C’est aider sans faire à la place, protéger sans surprotéger, sécuriser et adapter l’environnement pour laisser place à l’autonomie. C’est comprendre, accompagner, soutenir et être attentif aux besoins de son enfant.
« C’est un véritable enfer que d’avoir des enfants ET de croire qu’il existe des parents parfaits. » – Marshall Rosenberg
La parentalité positive privilégie la communication non violente et respecte la nature de l’enfant, une méthode de communication élaborée par le psychologue Marshall Rosenberg. Il est alors difficile de remettre en question cette méthode qui prône le meilleur pour son enfant et qui demande aux parents de faire confiance à leurs jeunes pour faciliter la communication et l’harmonie au sein de la famille.
Il s’agit d’une invitation à la parentalité joyeuse « qui verrait toujours le verre à moitié plein du chocolat chaud répandu sur le sol de la cuisine ou des murs crayonnés au stylo indélébile ». L’éducation bienveillante utilise la créativité pour improviser des solutions aux tracas du quotidien : improviser un bain-repas, détourner en jeu le moment ranger ou encore organiser un mini-tribunal pour régler un conflit, par exemple.
100% positif ou 100% nul?
Toujours chercher à être plus que parfait n’est pas sain. Les parents peuvent se demander s’ils ne sont pas plutôt des parents négatifs, mauvais ou malveillants s’ils n’appliquent pas la parentalité positive en tout temps. « À chaque fois que nous sommes moins parfaits, nous nous faisons des reproches et nos enfants n’en retirent aucun bénéfice », mentionne l’auteure de J’arrête de râler sur mes enfants (et mon conjoint), Florence Leroy.
« Les parents parfaits n’ont pas d’enfant. » – Isabelle Filliozat
Un des piliers de l’éducation est la bienveillance envers soi-même. « Un enfant n’a pas besoin de parents parfaits, il a besoin de parents suffisamment bons. Un enfant veut rencontrer non un rôle en face de lui, mais une personne, une vraie personne, avec ses émotions et ses propres besoins, ses pensées et ses valeurs, ses compétences et ses limites », explique l’auteure Isabelle Filliozat, reconnue comme une des leaders du mouvement.
À force de chercher à être parfait, le parent peut devenir irrité de ne pas y arriver et rejeter la faute sur l’enfant difficile qui l’empêche d’atteindre cet idéal de perfection. « Toutes les mères sont de mauvaises mères… et de bonnes mères. En fait, elles seraient de meilleures mères si elles ne cherchaient pas tant à être bonnes et parfaites », conclut la spécialiste.
Écrit par Marilou M. Robitaille
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