Célébrités ou non, les parents sont de plus en plus nombreux à publier, parfois seulement quelques minutes après la naissance de leurs enfants, des photos et des vidéos pour montrer au monde entier leur progéniture. Ça peut parfois paraître anodin, parfois ça peut sembler déroutant, exhibitionniste et narcissique.
Dans un article publié dans le New York Times, Teddy Wayne introduit le sujet en parlant de Beyoncé qui a lancé dernièrement une ligne de vêtements appelée Ivy Park, en l’honneur de sa fille de 4 ans, Blue Ivy, qu’on a souvent vue sur les réseaux sociaux. L’initiative est charmante : Beyoncé utilise le prénom de sa fille pour lancer une marque de vêtements de sport pour valoriser l’image de la femme. Mais comment réagira la petite lorsqu’elle sera elle-même devenue une femme? Peut-être ne voudra-t-elle pas prêter son nom à une marque de vêtements, bien que ce soit pour une noble cause.
Pas besoin d’être une vedette
Les parents sont nombreux à entretenir des blogues familiaux où ils partagent différentes anecdotes de leurs petits. Partager de joyeuses histoires de familles sur une plateforme web n’est pas un problème en soi. Les réseaux sociaux et les blogues peuvent même devenir une source d’informations et de réseautage importante pour les autres parents qui en profitent pour partager leurs expériences.
Les problèmes surviennent lorsque les parents utilisent l’image de leurs enfants pour en faire leur propre marque de commerce. N’est-ce pas encore une fois une sorte d’exhibitionnisme volontaire que de vouloir montrer à tout prix les petites et grandes réussites de notre famille? Ce type de photos, qui auraient semblé tellement narcissiques il y a à peine deux décennies, font aujourd’hui partie du quotidien de plusieurs familles.
Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, s’est lui-même fait prendre au jeu. Alors qu’il n’avait pratiquement aucune photo de sa vie privée en ligne, plusieurs photos de sa propre fille ont été publiées sur sa page depuis sa naissance. Comme quoi M. Zuckerberg, tout comme Beyoncé, se font plus discrets sur leur propre vie privée, mais n’hésitent pas à partager plusieurs clichés de leur propre enfant.
À cent milles à l’heure
Les réseaux sociaux sont pour la plupart interdits aux enfants de moins de 13 ans. Il n’y a aucune règlementation concernant l’usage qu’en font les parents par rapport à leurs propres enfants. La France, par exemple, a averti les usagers sur Facebook qu’il était dangereux de partager des photos d’enfants.
Les photos sur le web peuvent voyager à une vitesse folle. On est loin de l’époque des photos Polaroid qui ne sortaient qu’en un seul exemplaire. Les jolies photos sont distribuées rapidement, mais les photos qui pourraient devenir embarrassantes à l’adolescence le sont également. Et les jeunes enfants n’ont aucun recours pour expliquer à leurs parents leur désaccord de publier ces photos qui feront rire la parenté.
Alors, est-il correct ou non de partager des photos d’enfants en ligne? Existe-t-il une manière plus saine qu’une autre de le faire? Est-ce que publier des photos de nos enfants est une manière de se déculpabiliser du fait qu’on a malheureusement plus de temps à accorder au monde virtuel qu’à nos propres enfants? C’est peut-être ça, en fait, la vraie question.
Par Marilou Muloin-Robitaille, Blogueuse et rédactrice