Famille

Protéger ou surprotéger - quelle est la différence?

On voudrait réussir à protéger notre enfant de tous les désagréments et les malheurs que lui réserve le monde : c’est normal. Mais est-ce possible? Et surtout, est-ce souhaitable?

La quête de l’équilibre est parfois bien ardue : c’est pourtant ce que l’on recherche presque partout, même en ce qui a trait à l’éducation de nos enfants. Entre protection et surprotection, les nuances ne nous paraissent pas toujours limpides. Pourquoi? En partie parce que, lorsqu’il est question de la sécurité et du bonheur de nos enfants, c’est notre cœur qui parle, et souvent, il s’exprime bien plus fort que notre raison.

Entre protéger et surprotéger

Qui ne souhaite pas le bien de ses enfants? Bien sûr, petits et inexpérimentés, ils ont besoin de la protection de leurs parents. On le sait : le monde est truffé de dangers et de déceptions, de personnes mal intentionnées. Mais entre protection et surprotection, la ligne semble parfois ténue.

Protéger, c’est répondre aux besoins liés au développement de l’enfant : amour, sécurité, attachement, stimulation. Quant à elle, la surprotection commence dès que vous faites à la place de l’enfant quelque chose qu’il pourrait très bien réussir seul, comme s’habiller, ou manger. À vouloir lui éviter à tout prix la moindre blessure, peine ou épreuve, vous surprotégez votre enfant. La comédienne Hélène Bourgeois Leclerc se confiait à Mamanpourlavie à ce sujet. D’après elle, on a tendance à surprotéger les enfants, et le fameux parc est un endroit où l’on assiste, entre autres, à ces manifestations de surprotection. Attention, ne va pas là, tu vas tomber… Attention, attention, attention...

Une route pavée de bonnes intentions

Certes, qui surprotège ne veut pas nuire à l’enfant, au contraire : mais ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions? Lorsque vous surprotégez votre enfant, vous lui épargnez peut-être un gros bobo ou une peine, mais, surtout, vous le rendez dépendant à vous et brimez par la même occasion le développement de son autonomie. De plus, cette manie de l’empêcher de faire des choses risquées ou de vivre des situations désagréables le pousse à croire qu’en vérité, vous n’avez pas confiance en ses capacités. Ceci nuit grandement à son estime de soi! C’est dire qu’il est important de ne pas accourir au moindre « risque », et de prendre bien soin de départager les dangers réels de ceux qui ne le sont pas. On le dit aussi : c’est en tombant qu’on apprend à se relever!

Faire des erreurs : c’est essentiel!

Dès qu’il commence à se mouvoir par lui-même, vers l’âge de 9 mois, et jusqu’à l’âge de 3 ou 4 ans, l’enfant est extrêmement curieux, et il touche à tout, ouvre les armoires, se glisse dans chacun des recoins de la maison : c’est non seulement normal, c’est très, très positif! Tous ses objets qui lui tombent sous la main lui apprennent en effet quelque chose, et en étudiant leur forme, leur texture, leur façon de rouler ou glisser sur le sol, votre enfant est en train d’aiguiser son intelligence. C’est pourquoi on propose de s’assurer qu’on ne retrouve pas d’objets dangereux dans les tiroirs (c’est ce qu’on appelle une approche préventive), au lieu de tout barricader et de lui empêcher l’accès aux armoires, de peur qu’il se blesse (une approche surprotectrice).Dans le même ordre d’idée, il ne sert à rien de protéger votre enfant des erreurs : tout le monde en fait, et elles ne sont pas négatives, bien au contraire. C’est en effet en se trompant que l’on apprend, et ainsi que votre enfant démystifiera son environnement. L’erreur nous permet de nous améliorer, sans compter qu’elle nous pousse à recommencer, à réessayer : l’erreur nous enseigne donc la persévérance et la résilience, deux qualités indispensables pour réussir et avancer.

Voici quelques exemples d’attitudes protectrices :

  • S’assurer qu’il n’y a pas d’objets dangereux dans le berceau de bébé ou à sa portée;
  • Changer sa couche au besoin, s’assurer qu’il n’a pas faim;
  • Respecter le plus possible la routine de bébé;
  • Surveiller l’enfant lorsqu’il joue à l’extérieur;
  • Le protéger du soleil;
  • Tenir sa main pour traverser la rue…

Alors qu’on considère comme surprotectrices les attitudes suivantes :

  • Accourir dès que l’enfant pleure ou chigne;
  • Toujours le garder dans nos bras;
  • Éviter de le faire garder;
  • Lui interdire de grimper, ou d’explorer la maison;
  • Barricader toutes les armoires;
  • Répondre aux besoins de l’enfant avant même qu’il demande quoi que ce soit;
  • Vouloir à tout prix éviter les crises…

Le mal d’une génération?

Ah! Jadis! Dans mon temps, on laissait les enfants jouer dehors seuls… Dans mon temps, on ne surveillait pas toujours les enfants… Dans mon temps, on avait les mains et la bouche sales… Dans mon temps, on ne désinfectait pas les poignées de porte avec du Lysol… Dans mon temps, on marchait seul pour aller à l’école!

Est-ce que la surprotection des enfants est un mal moderne? En fait, il semblerait que les grossesses tardives, et le fait qu’il y ait moins d’enfants par famille expliqueraient en partie pourquoi on a aujourd’hui la fâcheuse habitude de s’ingérer dans tous les aspects de leur vie et de les surprotéger. On pourrait aussi pointer du doigt les médias qui, bien qu’ils nous informent, participent aussi à créer des parents de plus en plus angoissés. Par ailleurs, si un parent est anxieux, son enfant risque fort de l’être à son tour. Afin d’avoir confiance en lui, votre enfant a donc besoin de sentir qu’on encourage son plaisir, qu’on l’aime, qu’on en est fier. Les limites ont bien entendu leur raison d’être : elles le sécurisent et lui offrent un cadre indispensable. Mais elles ne doivent pas l’empêcher de vivre ses propres expériences.

Encore une fois, tout est une question d’équilibre!

Image de Marie-Eve Bourassa

Autrice, scénariste, rédactrice et chroniqueuse.


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