Pour qu’un enfant grandisse heureux, il faut qu’il ait cette certitude au fond de lui, d’être quelqu’un de spécial et d’unique. Et qui de mieux que ses parents – première source de confiance et d’attachement - pour édifier la base de cette construction si importante, mais en même temps si fragile.
Ça commence par soi d’abord!
Pour transmettre une bonne estime de soi à notre enfant, il faut d’abord s’estimer soi-même comme adulte. Puisque, bien sûr, nous sommes un modèle pour notre enfant et qu’il apprend en nous regardant parler et agir. Qui sommes-nous? Quelles sont nos forces? Nos défis? Que nous reconnaissons-nous comme compétences? Si nous nous sous-estimons, ou pire encore nous nous dénigrons constamment, il sera difficile pour notre enfant de se trouver des qualités. Même si on ne se sent pas toujours à notre meilleur, on a sûrement des sphères de notre vie où on est fière de ce qu’on accomplit, il va sans dire.
Ainsi, on peut avoir une assez bonne estime de soi au niveau professionnel, mais se sentir souvent incompétente comme maman. Ou se trouver plutôt bonne maman, mais peu valorisée au niveau de nos réalisations professionnelles qui ont parfois été mises au rancart depuis qu’on est mère. On peut se trouver assez bonne amie et piètre amoureuse, ou le contraire! Bref, il ne s’agit pas de se trouver incroyablement parfaite dans tout pour avoir une bonne estime personnelle. Mais simplement d’être consciente de ses forces et de ses limites. Et notre enfant a aussi besoin de développer cette capacité à s’évaluer et à se reconnaître dans ce qu’il est, et il a besoin de nous pour apprendre à le faire.
Voici donc notre défi et difficile mandat comme parent : comment inculquer à notre enfant la conviction qu’il est quelqu’un de bien même s’il ne réussit pas à faire un aussi beau dessin que son copain Mathieu? Lui faire prendre conscience qu’il a d’autres habiletés? Comme le consoler d’une défaite dans un sport? Et lui faire réaliser qu’il aura d’autres occasions de se prouver à lui-même ce dont il est capable?
Pistes de réflexion
Danielle Laporte, une psychologue clinicienne, conférencière et auteure de nombreux ouvrages sur la psychologie de l’enfant a élaboré un guide1 qui peut aider les parents qui souhaitent avoir des pistes de réflexion et d’action et où les quatre chapitres de son livre nous orientent sur autant d’objectifs à travailler avec notre enfant :
- « J’ai confiance » : amener l’enfant à se sentir en sécurité.
- « Je suis aimable » : amener l’enfant à développer son identité
- « Je suis bien avec les autres » : amener l’enfant à vivre en société
- « Je suis capable » : amener l’enfant à vivre des réussites
Laporte, Danielle, Pour favoriser l’estime de soi des tout-petits – Guide pratique à l’intention des parents d’enfants de 0 à 6 ans, Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, 1997.
L’enfant développe donc tout d’abord une sécurité et un lien de confiance avec ses parents de par l’affection et les soins constants qu’il reçoit. Quand on répond à ses besoins, l’enfant développe peu à peu le sentiment d’être suffisamment important pour les gens qui l’entourent. Il se dit en son for intérieur : « J’ai confiance! On m’écoute et on prend soin de moi! » Par la suite, quand on le laisse explorer son univers tout en l’ayant à l’oeil : « Mes parents ont confiance en moi! »
L’enfant construit ensuite tout doucement son identité. D’abord en s’identifiant à un sexe – je suis un garçon ou bien je suis une fille - puis aussi aux caractéristiques uniques qui le définissent. Ainsi, en entendant ses forces et qualités soulignées par ses proches, Ludovic arrivera à dire de lui-même : « Je cours vite et je suis un champion pour grimper! » et William racontera ses blagues le sourire en coin en disant : « Moi, je suis un petit rigolo! »
L’influence extérieure
Puis, l’enfant prend contact avec d’autres personnes que sa famille. Il prend peu à peu conscience de la notion de bien et de mal. Il apprend que dans ses relations avec les autres, certaines choses font plaisir, mais que d’autres blessent.
C’est une période difficile émotivement pour le parent, qui voit parfois son enfant arriver de la garderie ou de l’école en pleurant parce qu’il s’est fait dire : « T’es pas gentil, tu n’es plus mon ami! ». Il faut alors lui apprendre à faire la distinction entre ce qu’on fait et ce qu’on est. Ainsi, en utilisant nous-mêmes les termes : « Ce n’est pas gentil ce que tu as fait » plutôt que « Tu n’es pas gentil », on renforce son sentiment d’être aimé malgré les bêtises qu’il puisse faire. Et en s’excusant nous-mêmes de nos torts quand on agit impulsivement, on lui apprend que même ses parents qu’il admire profondément peuvent aussi être imparfaits, alors il pourra lui aussi se le permettre sans crainte de perdre notre affection.
Enfin, on lui apprendra peu à peu à développer son autonomie, ses habiletés et ses compétences, ce qui lui fera vivre de belles réussites. Des échecs aussi parfois! Et ce sera notre rôle de le guider afin qu’il persévère ou qu’il recherche d’autres façons de faire qui l’aideront à mieux réussir la prochaine fois. Car la persévérance n’est pas innée chez l’enfant. Elle se développe quand on l’aide à ne pas avoir peur de recommencer. Et quand, de façon sincère et spontanée, nous le félicitons pour ses efforts et ses petites victoires. Rien de tel qu’un « Bravo! Je suis fière de toi! » pour stimuler la motivation de notre enfant et le faire sentir spécial à nos yeux!
Ainsi quand notre enfant nous regardera tout sourire, les yeux brillants de fierté après son premier but au soccer ou son premier spectacle de ballet, nous saurons apprécier, dans cette petite étincelle, le résultat de ce que nous avons semé depuis longtemps!