Leur éveil sexuel passe entre autres par la découverte de leur corps, des sensations, de la différence entre les garçons et les filles. La curiosité sexuelle fait aussi partie de leur développement. Mais que doivent savoir les parents au sujet des comportements sexuels de leurs enfants?
Normal ou pas?
Tout d’abord, il est important de distinguer le jeu d’une situation abusive, voire d’une agression sexuelle. Bien que peu de cas soient rapportés, les agressions entre enfants existent. En 2017, Radio-Canada rapportait un dizaine de cas par année dans chacun des deux hôpitaux pour enfants de Montréal.
Lors de l’éveil sexuel, les enfants motivés par la curiosité peuvent à l’occasion participer à des jeux à connotation sexuelle, comme « jouer au docteur ». C’est un jeu normal pour des enfants de 3 à 5. La situation n’est pas problématique si les enfants ont sensiblement le même âge et qu’ils s’amusent de leur plein gré.
Selon Sophie Bousquet, psychologue et conseillère clinique à la Fondation Marie-Vincent, « un comportement normal se doit quand même d’être recadré. Il ouvre une porte à des explications. » Il donne l’occasion à un parent d’éduquer l’enfant à la notion d’intimité. « C’est une bonne occasion de rappeler aux enfants que les parties sexuelles sont des parties intimes. »
Par contre, Mme Bousquet explique qu’un parent devrait se questionner lorsqu’il y a un écart d’âge de plus de deux ans entre les enfants ou si l’un menace ou fait du chantage à l’autre enfant. Il y a matière à s’inquiéter quand un enfant insiste pour que le jeu demeure secret. « Un jeu, normalement, quand ça demeure un jeu, les deux enfants sont contents. » Elle rappelle que la sexualité ne doit pas être le seul centre d’intérêt de l’enfant. « Ça ne devrait pas l’envahir. »
De victime à bourreau?
Sophie Bousquet explique : « un comportement problématique est un comportement qui est néfaste pour l’enfant et qui n’est pas approprié d’un point de vue développemental ». Si être un peu exhibitionniste à 4 ans est normal, un enfant qui connaît l’existence d’une fellation, par exemple, ne l’est pas.
Un enfant qui manifeste des comportements sexuels problématiques reproduit souvent ce qu’il a vu ou subi. Certains enfants qui ont été agressés sexuellement vont reproduire des comportements problématiques. Sophie Bousquet rappelle cependant que « c’est une erreur, c’est un mythe qui est véhiculé » de penser que tous les enfants avec des comportements problématiques ont été agressés.
Selon la psychologue, plusieurs causes peuvent être à l’origine de ces comportements. « Un des nouveaux phénomènes qu’on voit assez fréquemment » est la facilité avec laquelle les enfants ont accès « à du matériel pornographique à connotation sexuelle trop explicite qui dépassent leur âge de développement. Ils n’ont pas nécessairement le jugement de voir ce qui est adéquat de refaire ou pas. » Ils peuvent également avoir été témoin des ébats amoureux de leurs parents.
Lorsqu’un enfant exprime sa sexualité de façon problématique, Sophie Bousquet rappelle qu’il est important pour les adultes de rester calme. Souvent les enfants n’ont pas conscience qu’ils font quelque chose de mal. Il ne faut pas traumatiser l’enfant. « S’il a vu ça et le reproduit et que personne ne lui a expliqué que ça ne se fait pas à cet âge-là, ça se peut qu’il n’y ait aucune mauvaise volonté. » Il faut leur expliquer ce qui fait partie d’une sexualité adulte, souligne Mme Bousquet. Dans le doute, elle conseille au parent de consulter une ressource appropriée.
Pour plus d’informations :
Pour différencier les comportements normaux des comportements anormaux, la sexologue Sophia Lessard utilise la métaphore des feux de circulation. Elle présente une série d’articles publiés sur son site internet pour guider les parents.
Écrit par Geneviève St-Jean