Présidente de l’Association québécoise de l’école à domicile pendant quatre ans, Mme Reid-Gaudet publiait en novembre les résultats d’une recherche menée sur les parents qui pratiquent la non-scolarisation au Québec. « Des recherches sur l’éducation à domicile ont déjà été publiées, mais jamais encore sur la population qui pratique la non-scolarisation en particulier », explique-t-elle.
Selon le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, 1275 élèves étaient reconnus comme scolarisés à la maison en 2014-2015. Sur ce nombre, lesquels sont éduqués selon les principes du unschooling? Québec ne tient pas de statistiques là-dessus.
Un mouvement en provenance des États-Unis
Le unschooling existe chez nos voisins américains depuis déjà 40 ans. Un des chefs de file du mouvement est l’américain Peter Gray, professeur au Boston College au Massachusetts et auteur du blogue Freedom to Learn du site web Psychology Today. Selon lui, le prochain mouvement des droits civils sera consacré à libérer les enfants de la scolarisation obligatoire.
Se décrivant comme un psychologue « évolutionniste », Peter Gray croit que l’école moderne asservit les enfants. « À l’époque des chasseurs-cueilleurs, l’éducation ne passait pas par le lien élève-professeur. Ils laissaient leurs enfants être des enfants. Ceux-ci viennent au monde avec des instincts éducatifs à la base de l’apprentissage autogéré, comme la curiosité, l’enjouement, la sociabilité, la ténacité et la planification. »
La non-scolarisation : récent au Québec
Au Québec, le mouvement a environ 20 ans, dit Marike Reid-Gaudet. Pour son étude, la chercheuse en sociologie de l’UQAM est allée à la rencontre de cette première cohorte de jeunes adultes, âgés de 17 à 23 ans. « Dans le cadre de ma recherche, je voulais aller voir quelles étaient les valeurs, les idées, les pratiques éducatives et la culture de toute la famille. Qu’est-ce qui les ont mené à faire ce choix de vie? », dit Marike Reid-Gaudet.
Mme Reid-Gaudet a réalisé des entrevues avec une trentaine de familles québécoises : « Je voulais obtenir le vécu subjectif de chaque enfant et de chaque parent. »
De tous les parents interrogés, seul un papa a fait du unschooling, lorsqu’il vivait aux États-Unis. Tous les autres parents étaient scolarisés. « J’ai constaté que, et c’est corroboré par d’autres recherches. Souvent, se sont des parents surscolarisés par rapport à la moyenne de la population qui vont non-scolariser leurs enfants. On peut commencer à émettre l’hypothèse que le unschooling, ainsi que l’éducation à domicile, deviennent une conséquence de nos sociétés modernes, très scolarisées. Ces parents, qui ont été dans le système éducatif longtemps, se posent des questions sur l’éducation en général. Ceci peut sembler paradoxal, mais ce l’est uniquement si on ne le voit pas comme l’évolution d’une pensée », élabore Marike Reid-Gaudet.
Quelques études concernant l’éducation autogérée
À la fin des années 1990, Sugata Mitra, un enseignant en technologie de l’éducation, a mené expérience en Inde. À cette époque, les ordinateurs n’étaient pas aussi communs qu’aujourd’hui. La majorité des enfants à New Delhi n’en avaient jamais vu. Il leur en a rendu un disponible, là où il travaillait. Sugata Mitra a découvert que les jeunes se rassemblaient autour de l’ordinateur, et qu’ils apprenaient ensemble. Près de 300 enfants sans littératie informatique ont appris à utiliser un ordinateur en quelques semaines.
Selon des chercheurs de l’Université Boulder au Colorado, les jeunes enfants qui ont plus de temps libres et qui sont autorisés à jouer sans être dirigés par des adultes seront plus aptes à atteindre leurs objectifs lorsqu’ils seront adultes.
En 1986, Peter Gray a mené une étude au sujet des diplômés de la Sudbury Valley School, au Massachusetts. L’administration de cette école primaire et secondaire est démocratique, le cadre d’apprentissage est autodirigé. Le chercheur a découvert que les enfants de cette école occupent aujourd’hui toutes sortes d’emplois. Plusieurs sont même fréquenté le collège et l’université.
Écrit par Mariève Cloutier
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