Les nourrissons doivent-ils forcément rester auprès de leur mère ou bien peuvent-ils s'épanouir à la garderie? Le débat a fait rage au sein de la droite allemande, où certains s'indignent que la ministre de la Famille ait osé préconiser un accroissement du nombre de garderies.
Dans un pays particulièrement à la traîne en Europe en matière de places en garderie et d'insertion des femmes sur le marché du travail, la proposition de la ministre conservatrice Ursula Von der Leyen d'offrir une place en crèche à 35 % des enfants de moins de trois ans - contre 12 % aujourd'hui -, n'apparaît pourtant pas, vu de l'étranger, d'une audace révolutionnaire.
Mais en Allemagne, et pas seulement dans les milieux conservateurs, les mentalités sont encore fortement imprégnées de l'idée que l'enfant, jusqu'à son troisième anniversaire, ne peut pleinement s'épanouir qu'auprès de sa mère. Les mères qui choisissent de retourner travailler dans les premiers mois du bébé sont encore fréquemment montrées du doigt, voire affublées du sobriquet de « mères corbeaux ».
En annonçant qu'elle voulait créer 500 000 places en garderie d'ici 2013, la ministre Von der Leyen, une catholique mère de sept enfants, qui a entamé une croisade pour enrayer la chute dramatique du taux de natalité en Allemagne, a donc pris le risque de heurter la frange la plus conservatrice de sa famille politique.
« Aujourd'hui, 90 % des parents dans l'ancienne Allemagne de l'Ouest n'ont aucune solution de garde pour leurs enfants de moins de trois ans », a-t-elle déploré.
Source : Agence France-Presse 16 février 2007