Sur Facebook, probablement que vous et toutes vos amies de fille avez rejoint le groupe Aimons les courbes de la mère. Mamanpourlavie.com en est une adepte (comme toutes les filles de l’équipe!). Aussi, nous avons eu envie de connaître les débuts de ce projet ambitieux qui veut redorer l’image de la femme – et mère – moderne. Voici une entrevue pleine de franchise avec l’initiatrice du projet, Marie-Claude Guilbault, une maman de 25 ans qui se retrouve bien occupée pendant son congé de maternité à cause d’une idée qui a germé une nuit en berçant son fils Noah. Comme quoi, l’inspiration rime parfois avec biberon.
1. D’où est parti ce projet?
« Avant ma grossesse, je n’avais jamais eu de problème avec mon corps et mon apparence. Puis, enceinte, je me suis mise à m’en faire énormément à propos des vergetures. Je ne voulais pas en avoir... point! Mais, j’en ai eues. Ça a été le début de mon complexe majeur envers mon corps. En fait, c’était pire que cela : j’en faisais une fixation. Je capotais! Une nuit, en donnant le biberon à mon fils, je suis tombée sur le vidéoclip Sexy Bitch de David Guetta à Musique Plus. Je me suis mise à pleurer. Toutes les images de la femme dans les médias me renvoyaient la simple idée que je ne correspondais plus aux critères de beauté. La période de bikini était finie pour moi! Mais je ne suis pas le genre de fille à me laisser abattre. Je mets rapidement la « switch » à positif. Quelques jours plus tard, au début février, j’ai vu la photo de Lizzie Miller dans un magazine et j’ai eu un flash… J’allais organiser une séance photo avec des mamans qui ont des « imperfections » liées à la grossesse. »
2. Tout est allé très vite par la suite?
« Absolument! J’ai fait le tour de mes amies et leur ai demandé si elles voulaient embarquer dans le projet. J’ai trouvé Julie Chartier, une photographe et mère de deux enfants, qui a accepté de faire le shooting. Le 12 février, je réunissais 12 filles pour la première séance. Deux jours plus tard, je lançais le groupe sur Facebook. Et le 12 mars, on a fait la deuxième séance photo. »
3. Comment avez-vous sélectionné les filles pour cette séance photo?
« Je voulais des mamans qui avaient des complexes à petit ou plus grand degré. Je voulais « aider » celles qui se sentaient encore « mal » avec leur corps d’après grossesse. On s’en demande beaucoup comme femmes, surtout après une grossesse.
Nathalie Brimboeuf, 35 ans, Pointe-Calumet, maquilleuse et technicienne en pose d’ongles, maman de Audrey, 10 ans, et de Jérémy, 8 ans
Même si notre chum, notre mère ou nos amies nous disent qu’ils nous trouvent belles, c’est bien, mais c’est à nous, comme femme, de nous réapproprier notre corps et l’accepter de nouveau. Il faut que la démarche parte de soi. Si on ne se trouve pas belle ou si on ne se reconnait plus, c’est important que ce soit nous qui fassions un geste pour changer la donne. »
4. Quels ont été les réactions et les commentaires de ces femmes après les photos?
« Elles se sentent enfin libérées… envers elle-même, je crois! On est vraiment parvenu à dédramatiser le tout. Et plusieurs de ces femmes m’écrivent encore, plusieurs jours plus tard, pour me dire « Enfin, je me trouve belle! ». Ça me fait chaud au coeur. Je sens que j'aide et que mon projet en vaut la peine. Je suis fière de moi et ça, ça augmente ma propre estime. »
5. Vous parlez de pression malsaine envers les femmes, d’où vient cette pression?
« Dans les médias et un peu partout dans la société, on ne voit qu’un seul modèle de femmes. Pourtant, la société est loin d’être homogène. Oui aux femmes minces, mais oui aussi aux autres femmes. Celles plus enveloppées, en chair, avec les seins tombants, avec de petits seins, avec de la peau d’orange, qui portent du 11 ans, etc. Oui aux femmes telles qu'elles sont. Le projet Aimons les courbes de la mère veut sensibiliser médias, publicitaires, designers, producteurs de vidéoclips, etc. à la pression ressentie par les nouvelles mères quand ils choisissent de ne présenter que des femmes maigres. Je ne veux pas que les mères ressentent à tort cette pression malsaine. »
Olivia Lanthier, 24 ans, Oka, coiffeuse, maman de William, 5 mois
6. Votre page Facebook compte plus de 8400 membres. Quelle était l'idée de départ en créant le groupe?
« Au départ? Je pensais que ça allait rejoindre seulement mes amies et, peut-être les amies de mes amies. Je ne pensais pas que ça « exploserait » ainsi. Désormais, mon but ultime serait qu’on puisse voir la diversité corporelle partout. Mais au quotidien, c’est tout simplement aider ces filles-là à se sentir mieux. On les a aidées à sortir du placard, maintenant, je veux les aider à travers leur démarche. »
7. D’autres projets en vue, donc?
« Oui, absolument. Ma tête bouillonne. J’aimerais organiser des conférences sur l’estime de soi où j’inviterais une spécialiste pour nous en apprendre plus sur le sujet. Et bien sûr, d’autres séances photo, dont un avec des mères âgées de 45 ans et plus. Celles-ci sont complexées également. Les années accumulées et les grossesses passées peuvent faire en sorte que ces femmes ont développé des complexes bien ancrés. Et tout cela, en atteignant un maximum de gens par le biais des médias. »
8. Pour se sentir mieux dans sa peau, on fait quoi? Que diriez-vous à une fille qui cherche des conseils?
« Selon moi, tout part de soi. Pour se réapproprier son corps et recommencer tranquillement à l'aimer, il faut se donner le temps. C'est plus facile à dire qu'à faire, mais je crois que c'est la meilleure solution. Il faut se dire constamment que ces changements sont pour le mieux puisqu'ils ont permis de donner la vie. À chaque fois que je suis découragée par mon corps, je pense à mon fils. Petit à petit, dans ma tête germe l'idée que ce petit être ne serait pas là sans mon corps.
Marie-Pierre Berrigan, 28 ans, Donnacona, adjointe administrative, maman de Myriam, 5 mois
De plus, selon moi, il faut se mettre en valeur. Pas pour les autres, mais pour soi. Avant d'avoir un enfant, on prend beaucoup de temps pour soi et pour se mettre belle. Il ne faut pas arrêter parce qu'on a un enfant, au contraire. On doit prendre le temps de se maquiller si on aime ça et que ça nous fait du bien, de choisir de beaux accessoires, de mettre des vêtements qui avantagent notre nouvelle silhouette, etc. Il faut délaisser nos anciens vêtements s'ils ne nous font plus. N'y pensez plus et ne voyez pas ça comme un échec. Il faut arrêter de vénérer notre corps passé comme s'il était mieux que notre corps actuel. Et, il faut s'affirmer. Ne jamais cesser de s'affirmer. Selon moi, quand une femme a confiance en elle; elle rayonne et elle est belle. Assumez-vous et vous vous sentirez mieux. »
9. Pourquoi cibler les mères plutôt que toutes les femmes avec ton projet?
« Je trouve que beaucoup d'actions sont prises pour aider les adolescentes à ne pas prendre la voie des désordres alimentaires, et c'est tant mieux. Mais souvent, les autres groupes d'âge ne sont pas visés vraiment. C'est pourquoi je vise les mères qui, après la grossesse, développent des complexes et possiblement des problèmes tels que : une diminution de l'estime de soi, une dépréciation de sa personne, l'envie excessive de maigrir et de faire des régimes, l'anorexie, la boulimie, l'utilisation de laxatifs... »
10. Comment faites-vous pour concilier votre nouveau rôle de maman et ce projet à la fois?
« Mon garçon a 5 mois maintenant et j’essaie désormais de ne travailler sur le projet que lorsqu’il fait dodo, durant ses siestes ou le soir. C’est sûr que j’aimerais pouvoir me séparer en deux et faire avancer mon projet tout en m’occupant de mon fils. Mais, ça, c’est le syndrome de la mère parfaite! Alors, j’apprends à utiliser mon temps correctement. Mon père m’aide à contacter les médias, les mannequins alimentent le site et elles m’aident aussi. Finalement, la recette, c’est de s’accorder des moments dans la journée où on peut se concentrer et d’être bien entourée. Mon projet me permet vraiment de me réaliser.
On se tient?
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Aimons les courbes de la mère organise une conférence sur l'obsession du corps le mercredi 12 mai 2010 à 19h au Holyday Inn à Longueuil. Pour plus d'infos, visitez leur groupe Facebook ou le tout nouveau blogue Aimons les courbes de la mère.