Malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation sur le sujet et l’éclosion de plusieurs ressources d’aide, les personnes atteintes se sentent encore bien souvent seules avec leur souffrance, leur désespoir et leur questionnement.
Les préjugés sont tenaces. Pourtant, la dépression est bien plus grave qu’une simple tristesse. La vie quotidienne est bouleversée, mise en suspens. Le recours à une aide médicale, pharmacologique ou psychologique, est bien souvent nécessaire. Une dépression non traitée, contrairement à plusieurs croyances, ne disparaît que rarement par elle-même. En l’absence d’aide adéquate, les symptômes s’aggravent, les répercussions sur la vie et les proches deviennent de plus en plus significatives et la pente à remonter semble de plus en plus insurmontable. En même temps, le taux de suicide augmente aussi de façon inquiétante…
Symptômes
La dépression se caractérise par un état de tristesse et de désespoir qui est omniprésent, la majeure partie de la journée et la plupart des jours pendant plus de deux semaines. Le rendement habituel est perturbé ainsi que les relations interpersonnelles.
Plusieurs spécialistes s’entendent que la présence d’un minimum de cinq symptômes, parmi les suivants, suggère un état de dépression :
- Absence d’intérêt, de plaisir ou de motivation pour la plupart des activités habituelles (même les plaisantes!);
- Problèmes de sommeil : insomnie ou sommeil excessif;
- Perte ou augmentation du poids et/ou de l’appétit;
- Fatigue ou perte d’énergie;
- Humeur déprimée avec ou sans pleurs;
- Retrait par rapport aux proches et repli sur soi;
- Sentiments d’inutilité, de vulnérabilité ou de culpabilité excessive;
- Difficulté à penser, à se concentrer, à décider, à se souvenir;
- Idées récurrentes morbides ou suicidaires.
Plusieurs autres symptômes pourraient également être reliés à la dépression. Un malaise intérieur, une modification de la perception de sa vie ainsi qu’une tristesse récurrente et inhabituelle qui perdure sont des signaux d’alarme. Il ne faut jamais hésiter à s’informer, à en parler et à consulter un professionnel de la santé en cas de doute. Nul n’est à l’abri…
Les femmes
Deux fois plus de femmes que d’hommes recevront un diagnostic de dépression au cours de leur vie. Cela représente environ 20 % d’entre elles. Cette différence s’expliquerait principalement par la présence de modifications hormonales plus marquées et fréquentes chez les femmes (menstruation, grossesse, post-partum, pré-ménopause, ménopause, etc.).
Les femmes ont également tendance à parler et consulter plus facilement en cas de difficulté d’où la présence plus élevée de cas répertoriés selon certains. Il est certain que le mode de vie actuel et la pression sociale placent les femmes plus à risque. Le désir de performer et de cumuler parfaitement plusieurs rôles (mère, femme, amante, professionnelle, etc.) est épuisant physiquement et mentalement.
Et les hommes?
C’est connu, les hommes parlent moins de leurs émotions. Reconnaître être déprimé peut être perçu pour plusieurs comme l’aveu d’une faiblesse. Les hommes ont bien souvent été élevés à ne pas pleurer et à demeurer fort et solide peu importent les difficultés rencontrées. La peur du jugement des autres est omniprésente.
Des manifestations de colère, l’irritabilité, l’impulsivité et le découragement peuvent masquer les symptômes classiques. Les hommes ont des manières différentes des femmes d’exprimer leur souffrance et leur tristesse. Des troubles de consommation (drogues et alcool) ainsi que d’autres problématiques peuvent détourner l’attention du réel problème et retarder le diagnostic. Pendant ce temps, la situation ne s’améliore pas et le désespoir gagne du terrain…, ainsi que le taux de suicide.
La bonne nouvelle, c’est que des ressources dédiées spécialement aux hommes se développent, mais elles sont encore loin de suffire. Les mentalités commencent également à changer, mais très lentement.
Les enfants
Méconnue et parfois perçue comme une invention de la société, la dépression chez l’enfant est pourtant bien réelle. Par leur développement en constante évolution, il est parfois difficile chez l’enfant de différencier un comportement normal et passager de celui qui ne l’est pas. Les changements suivants sont à surveiller :
- Solitude inhabituelle de l’enfant, repli sur lui-même;
- Perte d’intérêt pour l’école et les activités habituelles;
- Comportements agressifs à l’école et envers les proches;
- Problèmes de sommeil;
- Changement de l’humeur : impatience, négativité, émotivité.
Traitements
Il existe plusieurs alternatives et il est important d’évaluer chaque cas ainsi que les répercussions dans la vie chacun. Contrairement à ce que plusieurs croient, le recours systématique à la médication n’est pas toujours indiqué. Parfois, la psychothérapie, à elle seule, est suffisante. Le parcours vers la guérison et le retour à la vie normale prend du temps et le découragement est fréquent. Il ne sert à rien de brûler les étapes au risque d’une rechute, difficile à accepter et souvent plus grave.
Des organismes d’entraide existent également et sont des lieux où trouver réconfort, où discuter avec des gens vivant des choses semblables et où trouver de l’aide pour affronter le quotidien et sortir de l’isolement. Plusieurs ressources existent dans toutes les régions du Québec. Référez-vous à votre CSSS local ou aux liens à la fin de l’article pour plus d’informations.
Et après?
Lorsque l’énergie revient tranquillement et que le ciel semble un peu moins sombre, la tentation est grande de reprendre sa vie en main et le danger est alors d’en faire trop. Comme dans la rémission de n’importe quelle maladie, il faut y aller par étape et surtout s’écouter. Plusieurs veulent prouver à ce moment-là qu’ils sont solides et capables, souvent en réaction à l’estime de soi blessée par la maladie. Il faut apprendre à dire non et souvent l’occasion est tout indiquée pour réfléchir sur soi et sur sa vie. Une transition vers un rythme de vie plus sain en accord avec les aspirations et les valeurs peut être observée. On entend souvent dire que les gens s’en sortent changés, bien souvent positivement. Enfin, le fait d’avoir fait une dépression une fois ne nous immunise pas contre une récidive. Ça ne veut pas dire non plus que cela se reproduira. Respecter son rythme et être à l’écoute de soi est primordial. Guérir n’est pas juste possible, mais le cas de la majorité des gens, il faut y croire!
Quelques sites pour aller plus loin
- Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec
- Association canadienne pour la santé mentale
- Revivre (organisme d’entraide avec forum de discussion)