Définitions et types
La phobie, qui compte parmi les troubles anxieux est une peur irrationnelle, sans fondement, alors que la peur est saine lorsqu’elle nous fait craindre un danger réel contre lequel nous tentons de nous protéger.
Quand la peur envahit toutes les pensées et qu’on ne parvient plus à être fonctionnel, elle est phobique.
La phobie spécifique est une peur intense causée par la présence ou l’anticipation d’un objet ou d’une situation spécifique, comme l’avion, les hauteurs ou les grands espaces.
Chez les adultes, les phobies peuvent être classées en quatre types de phobies :
- situationnel : lié à une situation particulière, comme la conduite automobile, les ascenseurs, les avions;
- sang-injection-accident : peur des procédures médicales invasives;
- environnement naturel : peur des hauteurs, des tempêtes, des orages;
- animal : peur des animaux.
Les parents ne doivent pas craindre de parler de leurs propres peurs avec leurs enfants. Au contraire, en parler augmente les chances de ne pas leur transmettre les mêmes craintes ou phobies. « Il faut parler avec son cœur, être honnête et dire à son enfant que l’on a peur de telle situation », indique Marie-Andrée Laplante, fondatrice et présidente de Phobies-Zéro, un organisme qui offre des outils et du soutien aux personnes souffrant de troubles anxieux.
Chez les enfants, on répartit les phobies dans cinq catégories :
- La phobie des autres : elle est généralement la première que vit l’enfant; elle apparaît vers l’âge de huit ou neuf mois. Le bébé pleure en voyant des personnes qu’il n’est pas habitué de voir; cette crainte cache sa peur d’être abandonné par ses parents.
- La phobie de l’école, qui touche environ 5 % des enfants et des adolescents, se manifeste généralement chez les enfants qui ont peur de se séparer de leur famille ou qui craignent tout ce qui est inconnu; ces enfants refusent carrément d’aller à l’école.
- La peur des phénomènes naturels
- La peur des personnages mythiques, comme les monstres, les fantômes
- La peur des microbes et des maladies
Les causes des phobies
Les phobies sociales et les phobies spécifiques pourraient avoir une origine génétique puisqu’elles touchent souvent quelques membres d’une même famille. D’autre part, certaines personnes naissent avec une prédisposition à l’anxiété : elles sont donc plus susceptibles de développer des phobies, et ce dès l’âge de cinq ou six ans.
Les phobies peuvent se développer également en réponse à un événement traumatisant.
Les diverses mises en garde des parents trop souvent répétées, qui révèlent généralement une attitude surprotectrice, peuvent aussi finir par engendrer des peurs, rationnelles ou non, chez l’enfant.
Les peurs de notre enfant : quand doit-on s’inquiéter?
Il ne faut pas tirer la sonnette d’alarme et prendre rendez-vous avec un psychologue si votre enfant exprime ses peurs de temps en temps : elles sont normales, parce qu’elles sont liées à son stade de développement et elles sont transitoires. En fait, on peut commencer à s’inquiéter si sa peur gêne son fonctionnement normal, si elle fait en sorte par exemple qu’il refuse de sortir de la maison.
« Quand votre enfant commence à avoir par exemple moins d’amis, qu’il s’isole ou qu’il fait de l’absentéisme, par exemple lorsqu’il a une présentation à faire devant la classe », ajoute Mme Laplante.
La peur excessive de poser des questions en classe, la peur de rougir, la peur obsessive d’être ridiculisé, la peur de partager son opinion sont toutes des peurs desquelles les parents devraient se préoccuper lorsque l’enfant manifeste des signes d’évitement face à certaines situations ou en certains lieux.
Les symptômes physiques
Les signaux physiologiques peuvent vous mettre la puce à l’oreille : votre enfant peut souffrir de troubles du sommeil, de maux de tête ou de nausées. Certains enfants qui ont des troubles anxieux subissent une perte de poids notable et d’autres ont des compulsions ou des rituels.
Comment réagir à ses peurs?
Le dialogue est le meilleur outil pour chasser les peurs de votre enfant. Il faut dire à votre enfant que vous êtes là pour le protéger, mais aussi pour l’aider à avoir moins peur. Vous pouvez également le rassurer en lui signalant que d’autres enfants aussi ont peur.
Tâchez toutefois de conserver un peu de neutralité, de garder vos distances face à ses craintes, tout en vous montrant compréhensive.
« Il faut laisser l’enfant s’exprimer, par exemple par le dessin, signale Mme Laplante. Les poupées peuvent aussi se parler entre elles. Ça ne doit pas nécessairement être tout de suite après l’expression de sa peur. On peut attendre au lendemain par exemple et le faire parler par des marionnettes… »
Une fois que votre enfant aura couché sur papier l’objet de sa peur, vous pourriez même lui suggérer de jeter le dessin à la poubelle… pour faire disparaître la peur à tout jamais.
Les phobies d’enfant s’atténuent ou disparaissent généralement vers l’âge de sept ans; si toutes vos tentatives pour l’aider sont vaines et que ses peurs perdurent au-delà de cet âge, vous devriez envisager le recours à l’aide professionnelle.
Pour en savoir plus ou pour obtenir de l’aide
- Phobies-Zéro (le site de l’organisme contient un volet enfance et jeunesse)
- Association canadienne pour la santé mentale
- L’Association Troubles anxieux du Québec
- Hôpital Louis-H. Lafontaine
À l'intention des enfants et des parents inquiets
Danielle Laporte, 2002
Éditions du CHU Ste-Justine
ISBN : 9782922770490
15,95 $