Plusieurs parents vivent cette réalité et la panoplie de sentiments qu’elle suscite, allant de la valorisation à lourdeur de se sentir indispensable pour leur enfant.
Réalité et vécu de parents
Estelle a 5 ans et depuis sa naissance, elle n’en a que pour sa maman. « Estelle aime mieux bricoler, jouer aux Barbies, lire des histoires avec moi parce que je m'investis dans ses jeux », nous dit Martine, sa mère. « Je prends des voix quand je lis, je sors de l'histoire et pose des questions sur sa réalité à elle. Je prends le temps d'être avec elle, pas juste être une présence à côté d'elle. » Elle se demande souvent si elle donne trop, surtout quand elle se compare à son conjoint Sylvain, beaucoup plus pratico-pratique dans sa relation avec sa fille.
Karine de son côté, maman de deux enfants et en attente d’un troisième, vit assez bien avec le fait que son petit Rémi, 3 ans, ne veuille qu’elle pour assurer ses soins, même si elle passerait parfois son tour lorsqu’elle est fatiguée. « Papa a quand même quelques « privilèges » parce que pour les jeux ou le bain, c’est lui qu’il demande. » Pour le reste, comme elle est là et disponible, ça lui fait plaisir de répondre à la demande et est sûre que ça lui passera un jour!
Pour Annie, maman de 3 enfants, c’est aussi ce qui ressort de sa relation sa plus jeune, Maëllie, 3 ans qui la sollicite beaucoup. Elle aimerait bien par contre que son conjoint puisse prendre la relève lorsque la fatigue ou la maladie est de la partie. « Mon conjoint essaie de passer beaucoup de petits moments avec notre fille, pour lui montrer qu'elle peut lui faire confiance. J'essaie de m'éclipser dans ces moments-là. Notre fille commence à se laisser apprivoiser par son père et accepte parfois qu'il s'occupe d'elle. Nous y allons à son rythme. »
Pour Geneviève, maman de Maélie, 3 mois, la situation est assez déstabilisante puisque son aîné Mathieu, 2 ans et demi, n’a jamais eu de préférence marquée pour l’un ou l’autre de ses parents. Pour la petite dernière, la présence de maman semble actuellement essentielle et, si Geneviève se sent flattée d’être aussi indispensable au bien-être de son bébé, elle est aussi épuisée par moments : « Parfois, je voudrais seulement prendre un long bain chaud et lire un peu, je trouve ça vraiment dur que personne ne puisse prendre la relève avec elle! Mon conjoint de son côté dit souvent, mi-blagueur, que sa fille ne l’aime pas. Même s'il essaie de tourner ça à la blague, je sais très bien que ça l'atteint. Il voudrait aussi pouvoir me laisser un peu de répit en plus de pouvoir passer du temps de qualité avec elle. Dès qu'il la prend, elle pleure!!! »
Que faire?
Si vous vivez une situation semblable et que vous souhaitez y remédier, une discussion doit d’abord être amorcée avec votre conjoint afin de regarder les solutions possibles. Voici quelques pistes qui pourront vous guider dans vos réflexions et vos actions.
Les pièges à éviter
- Vous sentir valorisée d’être indispensable. Personne n’est totalement indispensable et si cela vous valorise à court terme, vous constaterez avec le temps que cela devient très lourd.
- Vous dire que vous allez finalement vous en occuper vous-même pour éviter de le faire pleurer. Ce n’est pas en évitant que l’autre parent prenne les choses en main que la situation s’améliorera. Votre enfant a une grande capacité d’adaptation, faites-lui confiance!
- Vous immiscer dans la relation entre votre enfant et votre conjoint lorsque c’est lui ou elle qui assure ses soins ou qui joue avec lui. En plus de risquer de le blesser par votre attitude, vous transmettez à votre enfant le message que son autre parent ne peut pas faire les choses seul avec lui.
Quelques trucs
Un enfant, deux parents!
Dès la naissance de l’enfant, faites en sorte que certains moments de vie soient pris en charge par l’un ou l’autre des parents. Certaines mamans utilisent l’argument de l’allaitement pour expliquer qu’elles assument tout. Mais le bain, les changements de couches, les promenades en porte-bébé, le massage sont tout autant de petits plaisirs que les deux parents peuvent se partager.
Des moments « réservés » à l’un ou l’autre.
Si votre enfant est plus vieux et que c’est maman qui assume tous les soins, jeux et routines depuis longtemps, il n’est pas trop tard pour remédier à la situation! Sauvez-vous de la maison pour aller prendre un café ou une marche seule le temps que papa donne le bain. Allez lire dans votre chambre quand papa s’amuse avec le petit. En ne vous ayant pas dans son champ de vision, ce sera beaucoup plus facile pour votre enfant de se laisser apprivoiser par l’autre parent. Et surtout, vous aurez un peu de temps pour vous!
Respecter le rythme de l’enfant.
Si c’est vraiment difficile pour votre enfant de se détacher de vous, commencez avec de courts moments de 10 ou 15 minutes à la fois et lorsque vous revenez, même si votre enfant est en pleurs, valorisez les bons moments passés avec l’autre parent. Au fil des jours et des semaines, votre enfant prendra goût à ces petits moments privilégiés avec son autre parent et vous pourrez enfin avoir un peu de répit!