Santé

La mort d'un grand-parent

Difficile d’expliquer la mort à un enfant et encore plus ce qui se passe après quand nous-mêmes, malgré nos croyances personnelles, n’avons pas de réponses claires à leur offrir.

De nos jours, bon nombre de grands-parents ont plus de temps à consacrer à leurs petits-enfants que les générations précédentes. Les familles moins nombreuses, les enfants qui arrivent souvent plus tard dans notre vie font que nos parents, parfois retraités et depuis longtemps sans enfants à eux à la maison, sont plus disponibles pour leurs petits amours. Leur mort est d’autant plus difficile à vivre pour nos enfants… et pour nous! Comment les aider à surmonter cette peine?

Ariane vit à sa façon le deuil de sa grand-maman Jeannot, décédée il y a quelques semaines après une longue maladie. Ma puce a une compréhension bien limitée de ce qu’est la mort. Pour emprunter ses mots d’enfant, sa « grand-maman est partie très haut dans le ciel, avec ses p’tites ailes sur son dos ». Et « elle n’a plus bobo, c’est Jésus qu’il l’a guérie! », rajoute-t-elle du haut de ses presque 3 pommes…

Félix, bientôt 9 ans, a vécu son deuil tout autrement. Il avait 6 ans et demi au décès de son grand-papa, parti bien trop vite, bien trop jeune, quelques semaines seulement après un diagnostic de cancer. Mais il comprenait déjà ce qu’on appelle la « notion d’irréversibilité » de la mort. Il a lui-même expliqué à sa grand-maman qu’ils ne reverraient plus Grand-papa Jules. Et sans que personne ne lui en ait parlé, il s’était fait tout seul une image mentale de ce qu’était la vie après la mort. « Grand-papa est… comme l’univers. C’est très loin, bien plus loin que le ciel. Il y a des arbres, des lacs… C’est comme la Terre, mais en dix, cent fois mieux! » a-t-il expliqué à sa grand-mère quelques mois après le décès.

Difficile d’expliquer la mort à un enfant et encore plus ce qui se passe après quand nous-mêmes, malgré nos croyances personnelles, n’avons pas de réponses claires à leur offrir. Leurs questions nous déboussolent, leurs réflexions nous chavirent et nous remettent parfois même en question face à nos propres « certitudes »…

Ce que les études démontrent clairement, c’est que vers 7 ou 8 ans, l’enfant en saura autant que nous sur le sujet. C’est-à-dire que la mort c’est la fin de la vie physique, c’est irréversible et que tout le monde finit par mourir.

Vers 3 ans, l’enfant, qui ne comprend bien que ce qu’il « voit et touche », posera beaucoup de questions sur des aspects très concrets de la mort de son grand-parent. Il voudra savoir s’il a encore bobo, où il est présentement, quand on va le revoir. « Est-ce qu’il dort? » pourra-t-il nous demander s’il voit son grand-parent exposé au salon funéraire. Ariane, par exemple, était étonnée qu’à la fin de la soirée, tous les gens quittent et laissent sa grand-maman seule dans la salle. Et malgré les explications données à ses questions, elle nous redemandait souvent quand grand-maman allait revenir. Ça image bien sa limite de compréhension face à la mort.

Comment répondre à toutes ses interrogations?

Le plus simplement et le plus franchement du monde, sans aller au-delà de ce que l’enfant nous demande. Si la réponse que vous lui avez donnée n’est pas claire, n’ayez crainte, il reviendra à la charge!

L’enfant un peu plus vieux pourra nous questionner sur des aspects plus difficiles à aborder, comme si son grand-parent peut toujours le voir ou encore, si c’est seulement les personnes âgées qui meurent. Ça pourra augmenter son angoisse ou sa peur pour quelque temps, de réaliser que sa maman ou son papa pourrait mourir. Qu’à lui aussi, ça pourrait arriver! Et, il peut vivre l’absence de son grand-parent, qu’il sait qu’il ne reverra pas, de façon beaucoup plus dramatique que le tout-petit qui vit dans le « ici et maintenant ».

Émotivement, l’enfant, en plus de sa peine, sera affecté par la réaction de ses parents et de sa famille. Pour lui, un adulte, c’est un être fort, invincible. Et de le voir attristé, vulnérable peut être insécurisant pour l’enfant. Il ne faut pas pour autant avoir peur de montrer ses sentiments, et surtout d’en parler avec l’enfant, c'est un apprentissage pénible, mais nécessaire. De lui expliquer notre peine, notre douleur, ça l’apaisera. Et ça lui permettra de s’abandonner à la sienne!

Et peu à peu, avec le temps, plus ou moins long selon les enfants, la peine s’atténuera. Il renouera avec la vie, il recommencera à rire, à s’amuser, à se sentir plus léger. Il sera à l’aise d’en parler, de se remémorer de bons moments passés avec lui. Il voudra peut-être garder près de lui une photo ou un objet significatif qui lui rappelle son grand-parent. Ça lui permettra de penser à lui et de garder son amour et son souvenir bien présents dans son cœur!

Pour approfondir le sujet, seul ou avec votre enfant, consultez le Guide Info-Famille

Solène Bourque
Psychoéducatrice

Solène Bourque est psychoéducatrice, auteure et enseignante en éducation spécialisée. Elle est également la fière maman de deux enfants de 11 et 13 ans. Depuis 2010, elle a publié huit ouvrages éducatifs pour parents et intervenants et signe aussi des articles pour différents magazines s’adressant aux parents.


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