Santé

La société rend les enfants malades?

Une centaine de pédiatres, psychologues, enseignants et auteurs britanniques ont dénoncé la mauvaise influence de la « junk culture » sur les enfants. Des pédiatres d'ici sont moins alarmistes.

Il y a quelques semaines, dans le journal britannique The Daily Telegraph, une centaine de pédiatres, psychologues, enseignants et auteurs ont dénoncé la mauvaise influence de la « junk culture » sur les enfants. La société, ont-ils écrit dans une lettre ouverte, rend nos enfants non seulement obèses, amorphes, isolés, mais également déprimés et malades. Qu'en pensent les experts d'ici? Ils sont nettement moins alarmistes que leurs collègues britanniques. Les enfants ont besoin de « vraie » bouffe, pas de celle qui se vend surgelée ou au resto-minute du coin. Ils ont besoin de « vrais » jeux, pas de ceux qui se pitonnent sur un sofa. Ils ont besoin de « vraies » relations avec les adultes qui comptent pour eux, pas de ces rencontres à la sauvette entre l'école, le boulot, le soccer, les cours de musique et de danse. Et ils ont aussi besoin de temps. Du temps pour être des enfants.

Ni le Dr Éric Fombonne, professeur à l'Université McGill et directeur de l'unité de pédopsychiatrie de l'Hôpital de Montréal pour les enfants, ni le Dr Jean-Jacques Breton, professeur à l'Université de Montréal et pédopsychiatre à l'hôpital Rivière-des-Prairies, ne s'opposent à ce constat. Par contre, la suite de la lettre les fait sourciller.

Les auteurs de la lettre lient « l'escalade de l'incidence de dépression » chez les enfants aux excès de la société d'aujourd'hui. « Notre société prend les moyens, avec raison, pour protéger les enfants contre les blessures physiques, mais elle semble avoir perdu de vue leurs besoins affectifs et sociaux. Par contre, il est maintenant clair que la santé mentale d'un nombre inacceptable d'enfants est compromise sans raison et que c'est presque certainement un facteur clé dans l'augmentation de l'abus de substances, de la violence et de l'autodestruction parmi les jeunes. » La société d'aujourd'hui, « rapide et hypercompétitive », selon les signataires, pousse les enfants à se mettre au travail très tôt, à se comporter comme des « mini-adultes », sans parler que les enfants sont « exposés par les médias électroniques à du matériel qui aurait été considéré comme non destiné aux enfants même dans un passé assez récent ».

Rien de bien nouveau sous le soleil, constate le Dr Fombonne. « Ce sont des tendances qu'on connaît depuis des dizaines d'années, dit-il. Ce sont des tendances qui ont été très, très bien documentées. » Le médecin est d'accord avec le constat des signataires sur la sédentarité des jeunes, l'obésité, la malbouffe, le manque de relation avec les adultes significatifs. « Mais il faut en limiter la portée parce que ce sont des tendances moyennes qui ne sont pas récentes. Elles ne s'appliquent pas à tous les enfants. Il y a encore beaucoup d'enfants qui vivent dans des familles où l'on joue, qui ont une bonne supervision, et où les parents ne s'attendent pas à ce qu'ils soient des experts en mathématiques à l'âge de 6 ans. Il ne faut pas exagérer ce qui se passe. » Critiquer les excès de la société, c'est une chose. Les lier à une augmentation de la dépression chez les enfants, ça en est une autre. D'autant plus, selon les deux pédopsychiatres, qu'une telle augmentation chez les enfants n'a jamais été démontrée, contrairement aux adolescents et aux jeunes adultes.

Le pédopsychiatre Jean-Jacques Breton refuse de faire un lien direct entre les mauvaises habitudes des jeunes et la dépression infantile. « La dépression, ça dépend de beaucoup de facteurs. Je ne pense pas qu'on réglerait le problème si tous les enfants avaient de bonnes habitudes de vie. » Les mauvaises habitudes ne causent pas la dépression. Par contre, chez les dépressifs, les habitudes de vie sont souvent déréglées. « C'est certain qu'une alimentation riche en calories, peu variée, n'aide pas sur la façon dont on se sent dans la journée, dit le Dr Breton. On n'accorde pas assez d'importance à la façon dont les enfants et les ados passent leurs journées. Pour le coucher, on sait très bien que pour favoriser le sommeil, il doit y avoir une période de détente. Bien des adolescents ont un ordinateur dans leur chambre et pitonnent jusqu'au coucher. Des études montrent que ça prend au moins 30 minutes avant que le cerveau trouve un état de repos après avoir interagi avec différents médias. » Lorsqu'il évalue un jeune patient, le Dr Breton analyse tout son mode de vie, de la composition des repas aux heures passées devant la télé et celles consacrées à dormir. Souvent, il doit y avoir des changements. « Et c'est là que c'est le plus dur : obtenir la collaboration des parents, dit-il. Les parents ont leurs habitudes de vie depuis plusieurs années et elles influencent celles des jeunes. Pour modifier celles des jeunes, il faut modifier celles des parents. C'est là que ça devient plus difficile, il y a des résistances. »

« C'est vrai qu'il y a eu des changements dans les modes de vie, dit le Dr Fombonne. Mais je pense qu'il est naïf de dire que parce que les enfants mangent mal, que la télé montre des images violentes ou qu'on les laisse jouer à l'ordinateur, ils deviennent bêtes ou déprimés. Ce n'est pas vrai. Il y a plein de jeunes qui mangent moins bien et jouent longtemps à l'ordinateur et qui vont très, très bien sur le plan psychologique. » Être habile avec sa souris d'ordinateur comporte aussi ses avantages, dit le Dr Fombonne. Le monde change, et les enfants n'apprennent plus comme leurs parents. « Il y a 100 ans, ces gens-là (en parlant des signataires de la lettre) auraient été scandalisés quand les premiers avions ont décollé. Ils auraient protesté contre le modernisme. »

Selon lui, « il y aura toujours des gens qui disent : attention ça va trop vite, on ne sait pas ce que ça va donner. C'est vrai, on ne sait pas. Ce qu'ils ont raison de dire, c'est qu'avec tous ces changements rapides, il faut s'assurer qu'il y a un respect de certains besoins d'un enfant qui est un être en voie de développement. Il a besoin, par exemple, de jeux, d'amour, de sécurité, de contacts réguliers avec des adultes et des pairs dans des contextes qui sont protégés, d'être éloigné de la violence... Tout ça, c'est vrai, mais c'est trivial! On aurait pu le dire il y a 30 ans, et on le dira encore dans 30 ans. C'est important de s'assurer que ce qu'on fait avec des jeunes enfants respecte leur développement. Mais il n'y a pas une seule façon d'arriver à ça. »

Source

La Presse


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