S’adapter à l'enfant
Parfois, on exige trop d'eux, on s'attend qu'ils agissent comme des « enfants sages ». Donc, comme parents, il faut prendre le temps d’évaluer les besoins de chaque membre et essayer de tendre vers la division égale du temps que l’on peut offrir à nos enfants. Bien entendu, dans la pratique quotidienne cela n’est pas toujours évident. L’idéal est de choisir des tâches en fonction des aptitudes de chacun. Il faut évaluer les compatibilités d’horaire et les talents naturels qui nous permettent d’être plus efficaces et surtout plus heureux. Il ne faut surtout pas espérer tout faire en famille. Il faut créer des clans pour certaines activités et se retrouver tous ensemble lorsque les projets le permettent.
Demander de l’aide à la bonne place
Pour éviter la « démission parentale » lorsque l’on se sent dépassé, il faut se regrouper avec des gens qui vivent des problèmes semblables, comme à l’Association québécoise pour les enfants dyspraxiques (AQED) dont vous trouverez les coordonnées à la fin de l'article.
On s’attend bien souvent de recevoir de l’aide de la famille étendue (grands-parents, amis, etc.), mais malgré la bonne volonté de ces gens, la plupart d’entre eux ne comprennent pas vos besoins et surtout ceux de votre enfant dyspraxique. Ce handicap invisible amène beaucoup d’occasions de se faire dire que notre enfant est normal et que nous exagérons ses difficultés. Une grande source de stress, pour la famille, est l'attitude des gens. Malgré le long chemin parcouru, il y a encore beaucoup d'ignorance. Plus l’enfant grandira, plus les gens le voyant occasionnellement verront « sa différence ». Bien souvent, il est devenu beaucoup plus autonome et nous avons moins besoin de soutien. Nous avons tout de même accumulé les frustrations et nous nous sommes parfois éloignés de ces gens pour éviter les éternelles explications sur les difficultés de notre enfant et les nôtres. Il est donc sage de ne pas gaspiller d’énergie à « quêter » de la compréhension. Il faut parfois se résigner à trouver de l’aide ailleurs que dans notre réseau personnel.
Les règles familiales
L’un des problèmes de l’enfant dyspraxique est son irritabilité et sa facilité à se fâcher. Ceci est souvent lié à l’incompréhension du monde dans lequel il vit. Il est donc idéal d’établir des règles familiales qui feront en sorte que les occasions de vivre des frustrations soient rares, à la maison. L’éducation des autres enfants face à la problématique est primordiale. Les railleries et les moqueries sont à proscrire. Ce qui peut tout simplement faire rire un enfant normal peut avoir beaucoup d’impact négatif sur l’estime de soi de l’enfant dyspraxique. Toutes les blagues subtiles ayant des sous-entendus ne seront pas comprises par l’enfant et même parfois par l’adulte dyspraxique. Il faut donc s’en tenir à un humour simple pour s’amuser tous ensemble.
Les activités
L’enfant dyspraxique voudra vivre les mêmes expériences que ses frères et sœurs. Il est par contre conseillé d’éviter de l’inscrire aux mêmes activités que les autres. Sa performance sera bien souvent inférieure aux autres et il en sera triste et démotivé. Il est du moins souhaitable que l’enfant dyspraxique ait une spécialité propre à lui. De cette façon, il ne sera comparable à personne d’autre et sera enfin « le meilleur » de la famille.
Stratégies à développer
Plutôt que de vivre constamment en voyant un enfant en difficulté, il faut parfois s’attaquer à la fabrique de la difficulté. Par la mise en place de stratégies, il est possible de tout simplement faire disparaître certaines difficultés. Ça vaut donc la peine de réfléchir et de discuter afin de dénicher ces stratégies miracles. Par exemple, on peut établir des tours de parole afin que tous les enfants aient une chance égale de nous raconter leur journée à l’école. Si l’enfant dyspraxique est interrompu, il aura beaucoup de difficulté à reprendre le fil de son idée. Il se retire alors d’une conversation et s’isole.
Oui, la vie d'une famille avec un enfant dyspraxique peut être difficile, mais il n'y a pas que des problèmes! La plupart de ces beaux enfants intelligents développent des qualités et des forces très précieuses. Ils offrent aux parents, aux frères et soeurs des surprises et des joies inattendues.
Par Sylvie Breton, vice-présidente de l’AQED et co-auteure de Mon cerveau ne m’écoute pas. Comprendre et aider l’enfant dyspraxique.
Association québécoise pour les enfants dyspraxiques
Mon cerveau ne m'écoute pas! : comprendre et aider l'enfant dyspraxique
Sylvie Breton, France Léger.
Montréal : Éditions du CHU Sainte-Justine, 2007.
ISBN : 9782896190812, 14,95 $