La recherche a permis quelques avancées en matière de dépistage du syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) au cours de la dernière année. L’une d’elles est un test à l’aide de la première selle du nouveau-né, le méconium, permettant de déterminer si le fœtus a été exposé à l’alcool. Combien d’alcool? On l’ignore. Mais à tout le moins, « cela permettra d’être attentif au développement de l’enfant, c’est quand même très bon », note Louise Morin, de SAFERA. Elle dit espérer que cela serve de base pour un suivi à long terme sur les enfants atteints, afin de voir s’ils éprouveront des difficultés pouvant être liées au SAF.
Un autre test récemment mis au point consiste à dépister le SAF par l’observation des mouvements des yeux, qui seraient particuliers. Un tel test permettrait notamment de faire une distinction entre les enfants atteints du SAF et ceux souffrant d’autres problèmes, comme les troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention. Enfin, les scientifiques ont réussi à démontrer, à l’aide des ultrasons, que le cerveau du fœtus rétrécit de façon définitive lorsqu’il est exposé à l’alcool. Selon les auteurs de cette recherche, le cerveau des fœtus dont la mère a cessé de boire dès qu’elle a su qu’elle était enceinte était semblable à celui de celles ne buvant pas, ce qui milite en faveur de l’abstinence le plus tôt possible au début de la grossesse.
Au Canada
Au Canada, ces derniers tests ne sont pas encore utilisés. Les médecins font leur diagnostic à partir de lignes directrices nationales. Selon la pédiatre Julie Lessard, du CHUL, ils y arrivent par une addition de critères tels les traits faciaux, les problèmes de développement, les retards de croissance et les anomalies comportementales. Elle rapporte par ailleurs que le fait de recevoir un diagnostic précoce et celui de grandir au sein d’une famille aimante sont les meilleurs facteurs de protection connus contre un parcours trop cahoteux. Car trop souvent, le décrochage scolaire, l’internement psychiatrique ou correctionnel et la consommation de drogue ou d’alcool sont le lot des adultes atteints du SAF.
Source : Le Soleil, 14 septembre 2006