Jennifer O’Loughlin ne cesse de découvrir de nouvelles raisons pour inciter les gens à cesser de fumer. La professeure du Département de médecine sociale et préventive a participé à une nouvelle étude sur la fumée secondaire qui démontre que les parents qui fument la cigarette en présence de leurs enfants en voiture ou à la maison peuvent provoquer chez ces derniers des symptômes de dépendance à la nicotine.
« Nous avons découvert que les enfants n’ayant jamais fumé, mais qui ont été soumis à une exposition accrue à la fumée secondaire, tant dans les voitures qu’à la maison, sont plus susceptibles que d’autres de présenter des symptômes de dépendance à la nicotine », souligne Mme O’Loughlin, coauteure de l’étude.
Ces nouvelles conclusions sont publiées dans l’édition de septembre de la revue Addictive Behaviours. Mathieu Bélanger, qui a été supervisé au doctorat par Jennifer O’Loughlin, a dirigé l’étude. Les autres collaborateurs viennent des universités McGill, Concordia et de la Colombie-Britannique ainsi que de l’Institut national de santé publique du Québec.
« L’étude a permis de montrer que 5 % des enfants qui n’ont jamais fumé la cigarette, mais qui ont été exposés à la fumée secondaire dans une voiture ou à la maison présentent des symptômes de dépendance à la nicotine », souligne Mathieu Bélanger. Cette recherche confirme par ailleurs que plus les enfants sont jeunes, plus l’incidence de la fumée secondaire risque d’être significative.
Les participants à cette étude ont été recrutés dans 29 écoles québécoises dans le cadre du projet AdoQuest, une enquête de cohorte qui a pour objet de déterminer l’effet de la consommation de tabac et celui d’autres comportements dangereux sur la santé. On a demandé à quelque 1 801 enfants âgés de 10 à 12 ans et issus de tous les milieux socioéconomiques de remplir un questionnaire portant sur différents aspects de leur santé et de leurs comportements.
Ainsi, les chercheurs ont posé certaines questions qui avaient pour but de mesurer les symptômes de dépendance à la nicotine et l’exposition à la fumée secondaire. « Ces conclusions prouvent qu’il importe de multiplier les interventions en santé publique pour inciter les gens à ne pas fumer en présence d’enfants et viennent renforcer les mesures visant à interdire l’usage de la cigarette dans les véhicules lorsque des enfants s’y trouvent », mentionne la Dre O’Loughlin, qui travaille également au Centre de recherche du CHUM.
La chercheuse ajoute que cette enquête interuniversitaire prend appui sur des conclusions antérieures : « L’exposition à la fumée secondaire chez les non-fumeurs peut entrainer des symptômes très semblables à ceux du sevrage à la nicotine, à savoir la dépression, l’insomnie, l’irritabilité, l’anxiété, l’inquiétude, les problèmes de concentration et l’augmentation de l’appétit. »
Véritable experte du tabagisme, Jennifer O’Loughlin est également l’auteure principale d’une étude publiée cet été qui a révélé que les fumeurs adolescents éprouvent énormément de difficultés à arrêter de fumer, même si tel est leur désir.
Texte provenant de Forum, une publication de l’Université de Montréal.