Des fouilles archéologiques ont révélé que les plantes médicinales avaient une place au sein des civilisations anciennes. Leur utilisation pour soigner les déséquilibres dont peut être affectée la femme au cours de sa vie reproductive jouit d’une longue tradition. Par exemple, chez les Amérindiens, l’actée noire, appelée « racine de squaw » était utilisée par les Cherokee, Iroquois, Penobscot et Micmac lors des accouchements difficiles, des menstruations douloureuses et de tous les désordres utérins.
Le rôle des plantes
Les plantes médicinales vont avoir plusieurs actions sur le système reproducteur. Certaines plantes vont tonifier et nourrir les organes reproducteurs, les muqueuses et les musculatures lisses. D’autres vont équilibrer les hormones et le système endocrinien dans son ensemble. D’autres encore vont favoriser une meilleure circulation au niveau du bassin. Les plantes favorisent aussi la fertilité en équilibrant les hormones, en stimulant la libido et en tonifiant l’organisme en général.
Je vous présente ici quatre plantes de choix pour le soin des femmes. J’ai privilégié des plantes qui poussent au Québec, soit dans nos jardins, nos prés et prairies ou nos forêts.
L’achillée millefeuille (Achillea millefolium)
En voici une qui se retrouve abondamment dans la campagne québécoise tant dans les prairies, les bords de route que les terrains vagues. L’achillée millefeuille fait partie de ces plantes polyvalentes qui méritent une place de choix dans la pharmacie familiale. Un de ses noms populaires est l’herbe aux militaires ou herbe aux coupures puisqu’elle arrête les saignements et a d’ailleurs grandement servi lors de la Première Guerre mondiale.
Une de ses vertus est d’être d’un grand secours pour la femme en âge reproductif. Elle est particulièrement utile en cas de menstruations abondantes et douloureuses. Elle favorise aussi l’équilibre hormonal. C’est en ayant une action sur le foie qu’elle permet une meilleure élimination de l’estrogène en excès. Elle permet donc de soigner les affections reliées à un taux d’estrogène trop élevé : fibromes, kystes et endométriose. Elle ne doit pas être utilisée durant la grossesse et l’allaitement. Elle doit aussi être évitée lors de la prise de fluidifiants sanguins.
La sauge (Salvia officinalis)
La sauge est une plante utilisée depuis fort longtemps par de nombreux peuples tant dans le domaine médicinal que culinaire. Son nom latin, salvia officinalis, signifie la plante qui sauve et les Provençaux en firent même un dicton : « Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin d’un médecin ». Considérée salvatrice tant pour le corps que l’âme, elle a beaucoup été utilisée lors de rites et cérémonies. Au 16e siècle, les Chinois en achetaient auprès des Allemands en échange de caisses de thé. La sauge, selon la médecine chinoise, tonifierait le Qi des organes génitaux.
En plus de ses vertus digestives, antibactériennes et antioxydantes, la sauge a une action antisudorifique. Cela en fait une plante très utile pour contrer les inconforts vécus par la femme ménopausée en dissipant les bouffées de chaleur et luttant contre la sudation excessive. Inhibant la lactation, elle peut aussi être utilisée pour réduire les montées de lait trop abondantes. Elle est contre-indiquée en grossesse et allaitement sauf sur avis d’un professionnel de santé.
Le Vitex (Vitex agnus-castus)
Au Moyen-Age, le Vitex était utilisé par les moines afin de pouvoir mieux supporter le célibat et réprimer le désir charnel. D’où son appellation populaire de « poivre des moines » et son nom latin « agneau chaste ». Ce n’est pas ces pouvoirs anaphrodisiaques sur les hommes qui retiennent l’attention de nos jours. Actuellement, en Occident, le Vitex est une des plantes les plus utilisées pour soigner les problèmes gynécologiques chez la femme. Cette plante soigne l’aménorrhée, les douleurs menstruelles, les symptômes prémenstruels, l’infertilité, l’acné et les troubles reliés à la ménopause. Elle est aussi beaucoup utilisée en prévention des fausses couches. Le Vitex est reconnu pour augmenter le taux de progestérone corrigeant l’insuffisance lutéale. Il aurait une action directe sur la glande pituitaire.
Il nécessite une prise quotidienne pour un minimum de 3 mois. Il ne doit pas être pris avec des médicaments dopaminergiques ou oestroprogestatifs. Il est contre-indiqué pendant la grossesse et l’allaitement sauf lors du premier trimestre de grossesse sur avis d’un professionnel de santé.
L’actée à grappes noires (Actaea racemosa)
L’actée noire est une plante indigène d’Amérique du Nord qui pousse dans les bois. Les Amérindiens ont été les premiers à en faire un usage médicinal. Les colons européens n’ont pas tardé à l’adopter et à l’inclure dans leur pharmacopée. Ces derniers, inspirés de l’utilisation amérindienne, vont l’employer en gynécologie et pour traiter arthrite et rhumatisme.
L’actée noire est un puissant antispasmodique et anti-inflammatoire pour le système reproducteur. Cela la rend d’un grand secours lors de crampes menstruelles et de douleurs et inflammations associées à l’endométriose. Elle est également intéressante pour calmer certains symptômes vécus pendant la ménopause : bouffées de chaleur, douleurs arthritiques, perte osseuse, anxiété et dépression. Un autre moment dans la vie d’une femme où cette plante peut être bénéfique est l’accouchement. Elle aide à régulariser les contractions et à diminuer les douleurs.
L’actée noire est déconseillée durant la grossesse. Par contre, on peut la prendre quatre semaines avant l’accouchement pour préparer l’accouchement. Elle est aussi prise pour stimuler les contractions qui retardent. À éviter en cas d’hypotension.
Voici des plantes merveilleuses qui ont été, sont et sauront être d’une grande utilité aux femmes de ce monde.
Cet article ne remplace pas une consultation avec un professionnel de la santé. Il est toujours important de consulter un professionnel de santé avant de faire un traitement à base de plantes médicinales.
Par Theresia Breu, herboriste et monitrice Seréna Québec
Références
- CHEVALLIER, Andrew. Encyclopédie des Plantes Médicinales, Sélection Reader’s Digest.
- GLADSTAR, Rosemary. Herbal Healing for Women. Fireside Press.
- ROMM, AVIVA, Botanical medicine for women's health. Churchill Livingstone Elsevier.
- LABERGE, Danièle et LABERGE Hélène, l’héritage de l’Armoire aux herbes, Recettes, savoir-faire et guide santé, Herbothèque.
- FERRIS, Paul, Les remèdes de santé d’Hildegarde de Bingen, Marabout.
- Académie Herboliste
- Flora Medicina
- Passeport Santé