Femme

Cancer du sein: l’histoire de Claire

Elle avait 57 ans, des projets plein la tête et le reste de la vie pour profiter de sa jeune retraite. Le diagnostic est tombé mais elle est restée debout. Elle s’appelle Claire et voici son histoire.

Claire n’avait aucune raison apparente de s’inquiéter outre mesure. Dans sa famille, aucun cas de cancer du sein n’avait été rapporté et depuis l’âge de 50 ans, elle faisait partie du Programme québécois de dépistage du cancer du sein. À chaque visite, elle passait une batterie de tests pour surveiller la présence de masses douteuses. Claire n’était donc pas inquiète outre mesure, d’autant qu’elle n’avait aucune bosse apparente aux seins. Jusqu’à ce jour fatidique où les résultats se sont avérés positifs.

La femme, l’épouse et la mère ont toutes les 3 été touchées par le cancer.

Lequel de ces 3 visages a été le plus effrayé?

C’est difficile à dire. Je dirais qu’à tour de rôle, les trois visages ont été touchés pour des raisons différentes.

Au moment du diagnostic, c’est davantage la femme qui a été affectée puisqu’il était question des attributs physiques de ma féminité. L’une de mes premières réactions a été de demander si je devrais subir une mastectomie complète. Il n’était pas question que je me réveille de l’opération en constatant qu’on m’avait retiré cette partie de ma féminité, sans m’en avoir informé auparavant.  

Bien entendu, le visage de l’épouse a été touché mais j’aurais tendance à dire d’une façon moins significative.  Je crois que c’est parce que malgré la maladie et les effets secondaires des traitements, je me sentais la même personne et surtout, surtout, parce que mon conjoint qui partage ma vie depuis 34 ans m’a rapidement rassuré et a su m’entourer de tout son amour, de tendresse et de sa sollicitude. Je lui suis infiniment reconnaissante pour tout ce qu’il a fait pour moi au cours de cette année : sa présence si rassurante et ses attentions constantes. Tous ces petits gestes m’ont grandement aidé à traverser cette épreuve avec sérénité. D’ailleurs, on dit que c’est dans les moments difficiles qu’on teste la force de notre amour. Et bien là, je peux te dire qu’on a pu réaliser tout l’ampleur et la profondeur du nôtre puisque nous sommes ressortis de cette expérience, si on peut le qualifier ainsi, grandis, plus forts et encore plus complices.

Le visage de la mère quant à lui a été davantage touché au moment de l’annonce du diagnostic à mes garçons. J’ai réalisé que même si nos enfants sont des adultes, ils demeurent toujours nos enfants et qu’on désire les préserver. J’ai trouvé difficile de leur faire l’annonce car je ne voulais pas être la source de leurs peines et de leurs inquiétudes.  Pour moi, une mère ça représente la stabilité, le côté rassurant et tout à coup, c’était moi qui venait les ébranler. C’était la première fois que notre famille était touchée de près par la maladie, ce qui nous a fait réaliser notre vulnérabilité en tant que personne et comme famille. J’ai donc tout fait pour que cette expérience ne soit pas vécue comme un drame mais comme une expérience constructive et positive. Il était important pour moi qu’ils puissent continuer à venir à la maison, avoir des activités et sujets de discussion autres que la maladie et surtout que l’on puisse continuer à rire et avoir du plaisir.

Avec les traitements agressifs, les pertes sont nombreuses chez les patientes. Perte de l’énergie, de la pilosité, des seins (ou d’une partie), etc. Quel a été ton plus grand deuil?

Certainement la perte des cheveux, des sourcils et des cils. J’ai eu beau me préparer mentalement à la perte des cheveux mais lorsque ce moment est arrivé, cela a été difficile. C’est une des rares fois où je me suis laissée aller à pleurer. Un autre élément non négligeable : la perte de cheveux signifiait aussi annoncer ouvertement la présence du cancer dans ma vie. Je ne pouvais plus le cacher. 

Je me suis bien achetée une prothèse capillaire ainsi que des bandeaux. Cependant, avec le temps, j’ai réalisé que je n’étais pas à l’aise avec ces artifices et que surtout, ce que je souhaitais c’était cacher aux autres que le cancer m’habitait. Donc, après réflexion, j’ai compris que j’avais bien assez de vivre avec tous les aléas de la maladie sans avoir en plus, à me tracasser avec l’opinion de chacun. J’ai accepté cette situation et me suis promenée tête nue. À ma grande surprise, le fait d’accepter ma nouvelle tête faisait en sorte que les gens m’abordaient avec le sourire et plein de gentillesse.  Cela m’a également donné l’occasion d’avoir des conversations enrichissantes avec plein de personnes parce que j’avais abaissé cette barrière.

Les cils et sourcils définissent les traits du visage et avec leur perte, je me trouvais moins belle et je me disais que mon amoureux devait me trouver bien ordinaire. Pourtant… mon conjoint s’approchait souvent de moi, posait ses deux belles mains fortes d’homme sur ma tête dégarnie et la caressait, sans un mot. Ce simple geste me faisait un bien immense. Je ressentais tout l’amour et la tendresse qu’il avait pour moi, et ce, sans prononcer un mot. Parce que souvent, il n’y a rien à dire d’autre.

Quels conseils donnerais-tu à l’entourage d’une femme ayant un diagnostic de cancer du sein?

Avoir beaucoup, beaucoup, d’écoute et essayer de comprendre ce que l’autre vit et ressent de son point de vue à elle et non du nôtre. L’accueillir.

Respecter les silences de la personne et le non verbal.

D’une personne à l’autre les besoins sont différents. Cela dépend de la personnalité de l’individu, de son entourage immédiat, etc. 

Ne pas hésiter à lui demander si vous pouvez l’aider, l’accompagner lors de ses traitements, lui proposer une sortie, aller la visiter si elle se sent bien pour vous accueillir, prendre un repas avec elle, etc.

Prendre de ses nouvelles en lui écrivant des petits mots encourageants.

Éviter de lui poser des questions indiscrètes sur tous les détails de son dossier médical.  Si la personne a envie de vous en parler, elle le fera d’elle-même si elle se sent en confiance.

Ne pas transmettre ses propres anxiétés à la personne qui doit composer avec le cancer.

Éviter de lui raconter toutes les histoires d’horreur des autres ou de se prendre pour le médecin en lui racontant tout ce que vous avez vu sur internet. Il n’y a pas qu’une seule sorte de cancer du sein et j’ai appris que chaque cas est unique et ne peut être comparé à un autre.

Le mot du début de la fin

Malgré le pronostic reçu, les traitements et leurs effets secondaires, je me trouve privilégiée d’une certaine façon. Le cancer m’a rendu plus consciente de l’importance de prendre soin de moi et des personne que j’aime. Je sais, maintenant, qu’il faut vivre au jour le jour et d’apprécier les petites choses simples de la vie. Je ne remets plus à demain les projets parce que la vie peut basculer du jour au lendemain.  Je suis aussi privilégiée d’avoir été si bien entourée et d’avoir reçue tout cet amour qui m’a permis de faire cette traversée du désert avec sérénité et courage. 

Image de Annie Harvey

Maman de trois garçons, rédactrice Web et chroniqueuse.


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