Plusieurs mères supervisent le père de leurs enfants. Elles l’aident à planifier des repas équilibrés, elles veulent lui apprendre la prudence et se demandent s’il saura quoi faire quand elles devront sortir. C’est bien connu, les mères aiment bien la perfection! Elles veulent que tout se passe bien et que les enfants ne manquent de rien quand ils seront seuls avec leur père.
Pourtant, les pères sont là dès le début. Ils assistent à la naissance, coupent le cordon, changent des couches, donnent le bain, se font régurgiter sur l’épaule et chantent des berceuses. Quand ils étaient petits, eux aussi ont eu des parents. Ils n’ont peut-être pas joué à la poupée, mais ils ont eu une enfance bien à eux. Alors pourquoi est-ce qu’on ne leur laisse pas toujours la place qui leur revient quand vient le temps de faire cadeau de leur expérience de petit garçon à leurs propres enfants?
Le territoire d’une mère
Une maman porte le bébé et elle accouche. C’est normal qu’elle soit un peu protectrice. Elle a, en plus, presque une année de congé pour s’occuper de son bébé. C’est donc normal qu’elle soit un peu couveuse. Avoir un enfant, c’est aussi quelque chose de très instinctif, qui nous ramène à la base, à l’origine de la vie et aux moments qui nous ont tous accueillis dans cette grande aventure. On compare parfois les mamans à des louves qui protègent leur petit et qui ont de la difficulté à le partager. C’est un réflexe tout à fait naturel et le petit bébé est vraiment comblé d’avoir une aussi merveilleuse maman pour veiller à son bien-être.
Toutefois, cet attachement est si fort et les premiers mois passent si vite, que nous avons parfois de la difficulté à les partager avec le papa. Nous étions tellement prêtes avec nos recettes de purées, nos couches soigneusement choisies, notre allaitement et nos sites d’information que nous avions presque oublié qu’il serait là, le papa, à chauffer le biberon… dans un vieux chaudron.
L’importance des différences
C’est qu’il ne fait pas les choses comme nous, ce papa. Il tourne les coins ronds, il n’habille pas les enfants comme on l’aurait fait, il est plus brusque, il achète beaucoup de biscuits et il ne fait pas toujours attention à ce qu’il dit. Mais est-ce que c’est si grave que ça? Est-ce que ce n’est pas justement pour ça qu’on en est tombée amoureuse au début?
Si c’est ce côté complémentaire qui a fait de notre couple quelque chose d’assez fort pour vouloir des enfants, est-ce que ce n’est pas quelque chose de merveilleux à leur transmettre? Pour parler en termes informatiques, pourquoi chercherait-on à écraser le fichier papa avec une copie du fichier maman?
Si le père est parfois moins doux dans ses actions, il n’en est pas moins une source de grand bonheur pour ses enfants. Il est souvent plus physique, il joue à se chamailler, il lance le ballon, fait la course… Il a souvent de meilleures idées de scénarios aussi. Par exemple, il peut transformer nos jolies cabanes de couvertures en territoire hostile qu’il faut défendre à tout prix. D’autre fois, en véritable héros, il écrase des araignées à mains nues parce que « les petites bibittes ne mangent pas les grosses ».
Il relativise aussi. Il dédramatise souvent et quand il le fait, il nous calme et nous rappelle qu’un peu de peinture sur un chandail et un jujube avant de souper n’empêcheront pas la Terre de tourner. En gros, plutôt que d’être une deuxième mère, il aime jouer son rôle de père et c’est ce qui fait de lui une personne extraordinaire qui donne une tout autre dimension à nos enfants.
Ces pères sont une source de divertissement pour nos enfants à qui nous voulons apprendre tout ce qu’il faut savoir. Il faut se rappeler que nous ne sommes pas leur mère et s’il nous traite de Germaine, c’est peut-être qu’on aurait avantage à changer d’attitude!