Les attitudes à adopter avec un enfant ayant des difficultés d'adaptation et d'apprentissage
Cela est d'autant plus vrai quand l'enfant présente un trouble d'apprentissage. Il importe de multiplier les occasions et les moments qui procurent de la satisfaction; cela peut se faire tout simplement en pratiquant avec son enfant des activités au cours desquelles l'un et l'autre éprouvent du plaisir, sans se préoccuper de compétence, d'échec ou de limite de temps. Ces activités peuvent être toutes simples. Il peut s'agir de raconter une histoire à l'enfant à l'heure du coucher en se serrant contre lui, de chanter en faisant le repassage ou en préparant les repas, etc. Ce que l'enfant retiendra d'abord de cette activité, ce qu'il chérira par-dessus tout, c'est qu'il l'aura faite en compagnie de ses parents.
Les parents sont les personnes tout indiquées pour apporter un soutien constant et actif à l'enfant qui présente un trouble d'apprentissage. Plus précisément, il leur appartient de l'aider à connaître des réussites dans ses activités autres que scolaires et à vivre des expériences positives à la maison et avec ses amis plutôt que des échecs. Pour cela, ils doivent bien connaître ses points forts aussi bien que ses faiblesses. En aidant l'enfant à développer ses capacités tout en remédiant, dans la mesure du possible, à son handicap, les parents contribuent à lui faire acquérir de la confiance en soi et une image positive de lui-même. Voici maintenant quelques stratégies gagnantes pour y arriver.
Maintenir un bon encadrement
L'encadrement est particulièrement nécessaire lorsque l'enfant a un trouble d'apprentissage.
Parce qu'il a des difficultés de mémoire, d'organisation, de coordination et parfois de comportement, l'enfant a besoin qu'on organise son emploi du temps, cela lui permet de bien connaître le moment et l'endroit où ont lieu les activités quotidiennes (repas, bain, tâches, etc.) Cela doit aussi lui permettre de trouver facilement ses objets personnels.
Les parents doivent concevoir une façon de faire qui leur permet de savoir rapidement et avec précision ce qui est nécessaire à l'enfant pour qu'il effectue une tâche de façon plus efficace (s'habiller par exemple). Cela veut dire aussi qu'on doit en arriver parfois à simplifier la tâche, à la diviser en étapes ou à donner une seule consigne à la fois. À mesure que le niveau de compétence de l'enfant augmente, l'intervention parentale peut être réduite.
Cette méthode amène l'enfant à réussir progressivement des choses qu'il était incapable de faire auparavant. Mais pour qu'elle soit efficace, le parent doit découvrir précisément ce qui ne va pas. Est-ce parce que l'enfant ne comprend pas ce qu'on lui demande de faire? L'enfant oublie-t-il les consignes? Est-il distrait par ses jouets ou par autre chose? Sait-il où commencer? Il faut connaître la nature du problème si on veut y trouver une solution.
L'objectif premier de l'encadrement parental est toujours d'amener l'enfant à trouver sa propre structure de fonctionnement afin qu'il devienne peu à peu autonome et capable de planifier et l'évaluer lui-même son rendement.
Établir une différence entre punition et discipline
Les punitions ont un caractère contraignant. De plus, elles indiquent à l'enfant qu'il est "méchant" et que les adultes sont plus forts que lui.
La discipline, d'autre part, inculque des valeurs qui font que l'enfant a hâte de rétablir une opinion favorable de l'adulte à son égard. Elle lui apprend à se contrôler lui-même, ce que ne réussira jamais à faire le système des punitions.
La discipline est constituée d'un mélange, ou d'une combinaison, d'exemples donnés, d'enseignement, d'amour mutuel et d'admiration. Pour un enfant, personne n'a autant d'importance que ses parents ou que les personnes qui s'occupent de lui régulièrement. L'enfant qui se sent accepté et admiré par ses parents et son entourage est tout disposé à tenter d'accomplir la tâche difficile et à s'autodiscipliner. Cela est particulièrement ardu pour un enfant impulsif ou pour celui qui est convaincu qu'il ne réussit pas bien et qui se croit donc incapable de plaire à ses parents.
Quand les parents perdent patience, qu'ils expriment de la colère ou de la frustration - cela arrive plus fréquemment lorsque l'enfant présente un handicap - ils ne donnent pas l'exemple de l'autodiscipline à laquelle l'enfant s'attend de leur part. Il est toujours bon de se rappeler que l'autodiscipline est un processus qui dure toute la vie.
Faciliter le processus du changement
Prendre des décisions Les enfants qui présentent des troubles d'apprentissage sont rarement à l'aise lorsque surviennent des changements inattendus. Même des surprises agréables peuvent les déranger. Ils fonctionnent mieux quand chaque chose est à sa place et que chaque activité survient en temps voulu.
Les enfants d'âge préscolaire ayant des troubles d'apprentissage sont généralement capables de collaborer avec les parents à l'aménagement de leur chambre à coucher et de réserver ainsi des endroits où ranger camions, poupées et vêtements.
En les faisant participer aux prises de décision, les parents apprennent à ces enfants à s'organiser eux-mêmes. Ils ne sont jamais trop jeunes pour faire cet apprentissage et pour décider, par exemple, de ce qu'il faut faire en priorité pour ranger leur chambre. Ils peuvent même dresser une liste des tâches à accomplir et mettre un crochet à côté de celles qui sont réalisées.
Le but de cette activité est de les encourager à ranger leurs choses dans des endroits réservés à cette fin pour qu'ils puissent les trouver facilement.
L'utilisation d'une liste n'exclut pas la supervision des parents, mais elle rappelle à l'enfant ce qu'il doit faire et évite aux parents d'avoir à répéter sans cesse les mêmes consignes.
Les enfants qui ont des troubles d'apprentissage réussissent mieux quand les parents partagent les mêmes attentes en matière de comportements acceptables et décident à l'avance des conséquences qui découlent de comportements inacceptables. Comme il est fréquent que des divergences entre les parents surgissent sur ces questions, il est préférable qu'ils en discutent en privé et qu'ils s'entendent au préalable sur un plan d'action conjoint.
Tous les enfants doivent apprendre à négocier pour obtenir quelque chose plutôt que d'utiliser les crises, les entêtements ou le refus de participer. Dans la vie familiale, il y a des tâches qui sont négociables et d'autres qui ne le sont pas. Même de jeunes enfants peuvent comprendre que les questions de santé et de sécurité ne peuvent pas faire l'objet de négociations. En revanche, ils doivent être invités à participer aux décisions qui portent sur certaines questions, comme celle de prendre un bain avant ou après le souper ou d'organiser un pique-nique familial plutôt qu'un repas au restaurant.
Les réunions de famille hebdomadaires sont idéales pour permettre à chacun de parler des événements de la semaine, de faire part de préoccupations et de sentiments, et de participer à la recherche de solutions. Dans le cas d'un enfant qui présente un trouble d'apprentissage, elles sont essentielles, car elles permettent de discuter des façons de vivre certaines situations, de retenir les solutions qui ont bien fonctionné et d'éliminer les autres. Tous les membres de la famille peuvent faire part de l'aide dont ils ont besoin, que ce soit pour attacher leurs souliers, essuyer la vaisselle ou éviter de se mettre en colère. Ensemble, ils peuvent choisir la personne qui pourra apporter de l'aide et la fréquence de ce soutien.
Les enfants qui négocient pour obtenir quelque chose prennent conscience plus aisément du rôle qu'ils jouent dans l'atteinte d'un résultat.
Quant aux parents, ils doivent s'occuper des problèmes un à un et établir un ordre de priorité; ainsi, ils veillent à ce qu'on s'occupe d'abord des problèmes reliés à la santé, à la sécurité ou aux relations interpersonnelles. Lorsqu'un problème est résolu, on se concentre ensuite sur le suivant. De cette façon, les parents enseignent aux enfants à établir des priorités et à prendre des décisions.
Savoir tirer profit des erreurs
Tout être humain commet des erreurs. Au lieu de considérer ces erreurs comme des échecs ou des catastrophes, on peut les voir comme des occasions uniques d'apprendre quelque chose. Dans les cas des enfants qui ont un trouble d'apprentissage, cette attitude parentale est absolument nécessaire. En effet, parce qu'ils ont déjà une faible estime d'eux-mêmes, il ne faut pas craindre d'accompagner d'encouragements répétés toute critique à leur égard.
Plutôt que de comparer un enfant à d'autres enfants du même âge que lui, les parents doivent évaluer ses progrès en comparaison avec ses réalisations antérieures. L'objectif est de le faire avancer, de le faire évoluer, une étape à la fois, de son état de développement actuel vers un niveau supérieur d'apprentissage.
Les parents qui reconnaissent leurs propres imperfections sont davantage portés à accepter celles de leur enfant. En adoptant cette perspective, ils évitent aussi de se blâmer eux-mêmes pour les faiblesses ou les handicaps de leur enfant. Ils comprennent que ce dernier est aussi influencé par d'autres et que son comportement est le produit de nombreux facteurs (environnement, tempérament, personnalité, capacités, etc.).
Dans tous les cas et plus particulièrement lorsqu'il s'agit d'un enfant ayant un trouble d'apprentissage, accorder la première place à la réussite constitue une erreur. On doit plutôt aider son enfant à fonctionner plus efficacement et mettre en oeuvre les moyens pour qu'il y arrive.
Adopter une bonne attitude
Au lieu de se décourager ou d'exprimer leur frustration en constatant que leur enfant présente un trouble d'apprentissage, les parents doivent apprendre à accepter la situation et à prendre en main le problème, mais sans s'arrêter de vivre pour autant.
Il est important qu'ils continuent à s'occuper des autres enfants de la famille, à voir leurs amis et à consacrer temps et énergie à leurs centres d'intérêt.
Sur un autre plan, il faut savoir que les enfants ne connaissent pas vraiment l'importance à accorder aux divers événements qui surviennent dans la vie quotidienne et qu'ils s'en remettent à leurs parents pour en faire l'interprétation. Si ceux-ci mettent l'accent sur les problèmes, les erreurs et les échecs, les enfants adopteront la même attitude.
Fournir un soutien
Les parents fournissent un véritable soutien à leur enfant lorsqu'ils s'occupent de ce qui dépasse ses capacités. De plus, ils remplissent leur rôle de protection en l'encourageant plutôt qu'en le blâmant et en étant des personnes sur qui il peut compter. Mais il faut faire attention de ne pas compenser les difficultés auxquelles l'enfant fait face par un engagement trop envahissant. Ceci représente tout un art, en particulier lorsqu'il s'agit d'un enfant présentant des troubles d'apprentissage.
En grandissant, les enfants ont moins besoin de notre présence et de notre réconfort, car ils savent que nous sommes là pour les écouter sans les juger.
Fournir un soutien à l'enfant, c'est lui démontrer de l'empathie. C'est reconnaître, par exemple, qu'une tâche qui s'accomplit généralement sans difficulté peut être très difficile pour un enfant qui a un trouble d'apprentissage. Se sentant soutenu et vivant dans un environnement rassurant, l'enfant apprend à avoir confiance en lui.
Pour soutenir un enfant, il faut être sensible à ses besoins et savoir y répondre, qu'il s'agisse de besoins d'aide, d'approbation, d'autonomie ou de solitude.
Tenir compte des frères et soeurs
Les frères et soeurs de l'enfant qui présente un trouble d'apprentissage ont aussi besoin de se sentir aimés. Ils croient parfois que l'enfant qui a des besoins particuliers a le droit de mal se comporter ou d'accomplir un travail médiocre alors que cela leur est interdit.
De plus, certains ont honte de celui ou de celle qui a un handicap.
D'autres s'imaginent qu'ils sont la cause du problème, alors que certains ont peur que leurs propres enfants aient des troubles semblables plus tard. Enfin, il y en a qui sont déçus de constater que le frère ou la soeur qui a un trouble d'apprentissage ne peut participer à certaines activités auxquelles ils s'adonnent eux-mêmes.
Les parents ne doivent pas s'attendre à ce que les frères et les soeurs se sentent responsables de l'enfant qui a des difficultés. Pourquoi, par exemple, ce dernier ferait-il automatiquement partie du groupe d'amis de ses frères et soeurs ? Ceux-ci ont le droit de se comporter comme des enfants, d'avoir leur propre vie sociale et d'exprimer de la culpabilité, de la frustration, des déceptions et de la colère, comme le font les parents à l'occasion.
Aider l'enfant dans ses devoirs
Les enfants qui présentent un trouble d'apprentissage doivent souvent travailler très fort à l'école pour obtenir la note de passage. Faut-il en plus de leur demander de faire des devoirs à la maison? Seule une discussion entre les parents et l'enseignant peut apporter une réponse à cette question. Si la réponse est positive, si ces devoirs sont nécessaires pour que l'enfant progresse dans ses apprentissages, il convient d'établir à la maison une routine simple et des consignes fermes pour bien gérer cette activité, et de rester constamment en contact avec l'enseignant.
Dans un premier temps, jusqu'à ce que la routine soit établie, l'enfant devrait sentir constamment la présence de ses parents. Par la suite, il faut mettre en place des moyens pour développer peu à peu son autonomie et en arriver à ce qu'il fasse ses devoirs à sa propre table de travail, que ce soit dans sa chambre ou dans un coin qui lui est réservé. Il importe également que les parents ne se donnent pas pour tâche de terminer les devoirs à sa place. Leur rôle consiste à encourager l'enfant, à l'aider dans des questions précises et à développer des moyens pour qu'il communique lui-même directement avec l'enseignant. Somme toute, les parents agissent comme des conseillers éclairés auprès de leur enfant.
De nos jours, les parents n'ont pas assez de temps à consacrer à leurs enfants. Ils doivent donc établir continuellement des priorités.
L'une de ces priorités devrait consister en un travail sur soi-même; cela éviterait de toujours chercher des solutions à l'extérieur et redonnerait aux parents leur compétence.
C'est tout un métier que d'être parent! Ce n'est pas une tâche facile; elle l'est encore moins lorsqu'un enfant est différent des autres. En plus du travail sur soi, il ne faut pas hésiter à se joindre à un groupe d'entraide, à partager ses craintes et ses succès avec d'autres parents afin de mieux comprendre et intervenir.
Qui d'autre peut aider?
En plus du soutien des parents, l'enfant qui connaît des difficultés peut profiter de l'aide de certaines personnes qui sont à l'extérieur du noyau familial. Grands-parents, oncles, tantes et amis de la famille peuvent certainement aider l'enfant à se sentir aimé et confiant. Les adultes qui ont un trouble d'apprentissage et qui réussissent bien leur vie attachent généralement beaucoup d'importance au soutien qu'ils ont reçu dans leur enfance de la part de certains adultes faisant partie de leur entourage.
Les parents dont l'enfant présente un trouble d'apprentissage ont également besoin du soutien de ces personnes. Il leur est nécessaire d'avoir des amis pour les écouter et les comprendre. Il n'est pas nécessaire que ces amis aient une connaissance approfondie de ces handicaps, la plupart du temps, ils n'ont qu'à être là.
À retenir
- Un bon encadrement permet aux enfants d'accomplir des choses qu'ils étaient incapables de faire auparavant.
- La discipline, contrairement aux punitions, apprend à l'enfant à se contrôler lui-même et lui inculque des valeurs qui font qu'il a hâte de rétablir l'opinion favorable de l'adulte à son égard.
- Quand les parents mettent l'accent sur les problèmes, les erreurs et les échecs, ils incitent leur enfant à adopter la même attitude.
- Les frères et les soeurs d'un enfant qui a un trouble d'apprentissage ont eux aussi besoin d'attention et de se sentir aimés.
- Il ne faut pas hésiter à demander de l'aider et à faire appel aux ressources disponibles dans son milieu.
Publication initiale le 2 mars 2006