Cas de figure
Parachuté dans une famille qui en était à son deuxième éclatement (un enfant issu d’une première union et deux autres de la seconde), Alexandre devenait soudainement la troisième figure parentale masculine à entrer dans la vie de ces petits. Non seulement, il devait faire sa place au sein d’un noyau familial atypique et fonctionnelle mais il devait également apprendre à composer avec 3 enfants en garde partagée. « C’était un peu comme accoucher de triplets, nous dit-il. Du jour au lendemain, tout le monde débarquait dans ma vie et c’était aussi grisant qu’effrayant ».
Des enfants de cœur
Au fil des années, Alexandre s’est dessiné un rôle bien à lui et il occupe une place de choix dans la vie de ses « enfants de cœur », comme il le dit si bien. « Je suis tombé amoureux d’une femme qui avait déjà trois enfants, dit-il. On ne peut rien faire contre ça. Et rapidement, je me suis mis à aimer les petits avec autant de force que s’ils étaient les miens. »
Les réveils en pleine nuit, les longues heures à bercer le cadet qui fait de la fièvre, changer les couches, l’interminable attente aux urgences, les rencontres de prof, l’inquiétude et l’anticipation d’un diagnostic… tout ça, il connaît. On ne l’appelle papa mais le rôle qu’il endosse est le même. C’est aussi lui qui a montré aux enfants à faire du vélo, qui achète les skis et qui est à la source de petites délinquances comme manger des chips dans le dos de maman (maman qui fait semblant de l’ignorer).
Une place à prendre
« Je connais ma place, dit Alexandre et je sais que j’ai une grande responsabilité. Pour ces enfants-là, je suis un troisième parent. » Un autre parent, une autre personne significative dans la vie des enfants. C’est ça, être un beau-père. « On est un bonus, précise Alexandre. En 2018, on est assez évolués pour comprendre qu’un beau-père, c’est juste une autre sorte de père. On est une source d’amour et une oreille supplémentaire pour les enfants. ». Il n’a peut-être pas tort. Après tout, ne dit-on pas qu’il faut un village pour élever un enfant?
Une société à réinventer
Avec l’apparition des beaux-pères (des beaux-parents pour englober tout le monde), arrive un lot d’interrogations et un vent de changement qui déconstruisent les mythes et force la société à se réinventer. Cette personne (homme ou femme), qui arrive dans la vie des enfants qui ne sont pas siens, quelle est sa place? Quels sont ses droits et ses obligations? Et encore plus important : peut-elle être reconnu comme figure importante, en cas de séparation?
Un non-droit
Dans le droit civile, les beaux-parents n’existent pas. Par contre, lorsque l’on se tourne vers le côté administratif, politique ou financier du droit, on lui accorde soudainement un certain poids budgétaire. C’est-à-dire que l’on tient compte de son revenu dans certaines situations.
Un statut voué aux changements
Cependant, en mai 2018, le gouvernement fédéral déclarait vouloir modifier sa loi sur le divorce (dans le meilleur intérêt des enfants). Il y aurait, entre autres, une volonté de reconnaître et d’élargir le rôle des beaux-parents. Ce qui, en sommes, est plutôt une bonne nouvelle. Car oui, au sein d’une famille recomposée, un lien solide se tisse entre l’enfant et le beau-parent.