En effet, plusieurs parents remettent en question le bien-fondé des jeux de guerre et des armes-jouets, craignant qu’ils ne transmettent de mauvaises valeurs à leurs enfants. Et pourtant, depuis que le monde est monde les enfants s’amusent avec de faux fusils, des sabres laser, des épées de chevalier. On ne joue peut-être plus autant aux cowboys et aux Indiens, mais les jeux de guerre existent toujours, et, contrairement à ce que plusieurs s’imaginent, ils ne sont pas néfastes. Ils s’avèrent en réalité une source non négligeable d’apprentissage.
Les jeux de guerre en général
C’est vers l’âge de trois ans que l’intérêt pour les jeux de guerre apparaît et, s’ils sont généralement appréciés des garçons, plusieurs filles les aiment aussi. Très vaste, cette catégorie regroupe tous les jeux de rôle dans lesquels l’enfant use d’objets dits de « pouvoir », comme des fusils, des épées, des sabres laser et même des baguettes magiques. Qu’il joue à être Spiderman aux prises avec un super vilain, Harry Potter devant Voldemort ou un policier en quête de justice, il s’amuse à un jeu de guerre. En fait, la plupart de ces jeux sont même inspirés d’émissions qu’il a regardées, ou d’une histoire qu’il a lue.
Notons toutefois que les jeux vidéo n’entrent pas dans cette classification.
Mauvaise réputation
Comme nous le mentionnions, les jouets de guerre n’ont pas forcément bonne réputation. Preuve à l’appui : Toy’r’Us France a cette année pris la décision de retirer de ses magasins les imitations jugées trop réalistes. Ainsi, plusieurs parents sont froids à l’idée de donner des jouets de guerre à leurs enfants. Tendance qui se maintient dans les garderies et les Centres de la petite enfance, où on ne retrouve habituellement pas de fusils et autres jouets du genre.
C’est logique : s’il est bien une chose sur laquelle plusieurs s’entendent, en particulier lorsqu’on regarde nos voisins du Sud, c’est que les armes à feu ne sont pas à prendre à la légère. Alors, en faire un jouet? Drôle d’idée, n’est-ce pas? Pas étonnant qu’on ait de plus en plus tendance à les bannir!

Un jeu symbolique
Pourtant, les experts, eux, ne semblent pas s’en inquiéter. En réalité, ils affirment que les armes-jouets sont, comme leur nom l’indique, de simples jouets. De plus, les enfants qui jouent à la guerre ne font pas véritablement la guerre : il s’agit bien entendu d’un jeu symbolique, dans lequel l’enfant fait semblant d’être quelqu’un d’autre agissant dans une situation fictive - et faire semblant est essentiel au développement de l’enfant.
Le pédopsychiatre français Frédéric Kochman, entre autres, voit une grande valeur à ces jeux : ils ont en effet une fonction « cathartique ». Ils permettent donc d’extérioriser des choses qui ont marqué ou blessé l’enfant au cours de la journée. Grâce à eux, l’enfant évacue toutes les angoisses et le stress qu’il a accumulés. Bref, au lieu d’augmenter l’agressivité, ils favorisent plutôt le contrôle des émotions, de même que l’imagination.
Un enfant qui s’attaque à des monstres imaginaires est, par exemple, en train d’apprendre, à sa façon, à gérer quelques-unes de ses angoisses. Et lorsqu’ils jouent en groupe et se liguent contre un méchant fictif, ils sont en train de développer leur capacité à collaborer : ce n’est pas rien! Ainsi, jouer à la guerre permet de développer ses capacités sociales et relationnelles.
Contre mes valeurs
Certains parents refusent malgré tout de voir des jouets-armes à feu ou autres dans leur maison, puisque ce qu’ils représentent est contre leurs valeurs. Si c’est votre cas, il faut bien entendu vous respecter, mais ne soyez pas surpris, et surtout ne vous mettez pas en colère si votre enfant joue avec ce genre de jouets chez d’autres personnes. D’ailleurs, viendra probablement un moment où il se construira des épées en carton ou en LEGO. Et si votre enfant s’amuse à jouer le « méchant », sachez que cela est tout à fait normal. De plus, en incarnant ainsi un personnage qui ne lui ressemble pas, il apprend l’empathie. Bref, il faut, dans la plupart des cas, dédramatiser le jeu de guerre et se souvenir que l’enfant sait bien reconnaître la différence entre un jeu imaginaire et la réalité. Le parent a, pour sa part, une responsabilité éducative auprès de son enfant, et celle-ci passe entre autres par les limites à planter (après tout, la guerre n’est une raison pour se faire mal!). Il ne faut pas non plus banaliser la violence, qui est souvent très importante dans les films de superhéros, si aimés de nos enfants.