Bien sûr, les trois petits cochons reçoivent tour à tour la visite du grand méchant loup et les maisons sont en paille, en bois et en briques!
Bien sûr, les lutins confectionnent les souliers et ils ne sont actifs que durant la nuit!
Bien sûr, le vilain petit canard détonne de ses frères et sœurs et un jour, le petit volatile comprendra qu’il est un majestueux cygne!
Bien sûr, tout est là! Tout est resté fidèle! Rien n’est transformé, modernisé ou actualisé dans ces deux contes repris par la nouvelle maison d’édition Imagine. Et c’était en plein leur mandat : refaire les contes dans leur version la plus traditionnelle.
Mais dans les trois albums, Les trois petits cochons, Le vilain petit canard et Les lutins et le cordonnier, le charme opère toujours! N'est-ce pas merveilleux quand on songe que ces contes classiques ont été écrits il y a des centaines d'années et ont voyagé longtemps via la tradition orale?
Dominique Demers, l’éditrice, avait remarqué depuis longtemps que la littérature pour la jeunesse québécoise n’avait pas laissé de place aux contes originaux. Elle a alors demandé à des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse, parmi les meilleurs et les plus reconnus, de revisiter les contes en préservant leur facture originale. Un beau défi, car les auteurs se sont penchés sur des dizaines de versions des contes avant de réécrire la leur.
J’avoue avoir eu un coup de cœur inouï pour le vilain petit canard qui par son air candide, un brin naïf et archi mignon fait fondre tous les cœurs. Le mien, chaque fois que je lis et relis l’histoire à ma fillette! Steve Beshwaty a un talent fou pour mettre au fond des yeux des petits personnages l’expression qui les habite.
Les contes sont cruciaux dans le développement de l’enfant. Le grand spécialiste, Bruno Bettelheim affirme « que le conte donne une représentation symbolique de la vie psychique de l’enfant, de ses relations avec ses parents et rivaux, les situant dans un monde imaginaire ». Dans le conte, tout se passe à distance, hors du réel et, ainsi, l’enfant peut y exprimer ses pensées et fantasmes inconscients, ses craintes, ses sentiments ambivalents, sans qu’ils lui soient imputés. Bettelheim insiste sur le fait que les contes de fées ne sont pas irréels; ils présentent au contraire à l’enfant la réalité telle qu’elle est : l’amour mêlé à la haine, l’angoisse, la souffrance, la peur d’être abandonné, la mort, etc. Les contes aident les enfants à maîtriser certains concepts et à développer un sens des valeurs.
La maison d’édition semble bien déterminée à poursuivre son aventure aux pays des contes classiques. D’autres titres sont prévus pour l’automne. Si les prochains livres sont tout aussi beaux et attirants que les premiers, il y aura dans les maisons de petits lecteurs choyés qui replongeront dans les mêmes histoires qui ont fait rire et frissonner leurs parents et leurs grands-parents...
LES LUTINS ET LE CORDONNIER. Texte de Gilles Tibo, illustrations de Fanny, éditions Imagine, 2005.
LES TROIS PETITS COCHONS. Texte de Christiane Duchesne, illustrations de Marie-Louise Guay, éditions Imagine, 2005.
LE VILAIN PETIT CANARD. Texte de François Gravel, illustrations de Steve Beshwaty, éditions Imagine, 2005.
