L'ensemble des troubles causés par la consommation d'alcool pendant la grossesse constitue un véritable désastre national. Phénomène sous-estimé, ce syndrome est aujourd'hui considéré comme la principale cause d'incapacité mentale au Canada.
Il afflige d'innocents enfants issus de mères pauvres, alcooliques ou toxicomanes, mais aussi de mères aisées, qui sont soit mal ou aucunement informées des risques que représente l'alcool pour leur enfant à venir.
C'est un handicap qui se dissimule dans le cerveau, et qui, dans bien des cas, ne se traduit par aucun signe physique. Les gens qui n'ont jamais été diagnostiqués ou qui ne reçoivent pas d'aide risquent de passer entre les mailles du filet. Ils se retrouvent étiquetés comme de la mauvaise graine, perçus comme incapables de payer le loyer, de garder un emploi ou de contribuer positivement à la société.
On ne dispose pas de données fiables sur le nombre de Canadiens atteints d'une forme ou d'une autre du syndrome d'alcoolisation fœtale. Ce syndrome est tellement sous-diagnostiqué, ou mal identifié, que les experts considèrent difficile d'obtenir un portrait exact de l'ampleur du problème. Selon le ministère fédéral de la Santé, environ un pour cent des Canadiens, ou 300 000 personnes, souffrent d'une forme ou d'une autre de ce trouble mental. C'est l'équivalent d'un enfant pour chaque tranche de cent naissances, ou quelque 4000 nouveaux cas, chaque année.
Pour poser un diagnostic de syndrome d'alcoolisation fœtale, il faut avoir la preuve que la mère a bu pendant la grossesse, qu'il y ait présence de traits faciaux particuliers, et des problèmes de comportement et d'apprentissage. Mais comme tous ces indicateurs ne sont pas toujours présents, l'expression « ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale » a été adoptée pour décrire une série de handicaps causés par la consommation d'alcool pendant la grossesse. Les signes peuvent être subtils. Les jeunes atteints de ce syndrome peuvent avoir des problèmes de mémoire, de concentration. Sans aide appropriée, les enfants atteints éprouvent des difficultés à l'école. Ils sont influençables, facilement dupés, et susceptibles de prendre de mauvaises décisions. Pour les proches de ces enfants, leur avenir est une source constante d'inquiétude.
Source : Presse Canadienne, 30 juillet 2007