Selon Ginette Mantha, directrice chez Préma-Québec, accoucher prématurément est comparable à un accident de voiture. Elle qui a accouché prématurément deux fois en connaît long sur ce sujet. C’est parce qu’elle est reconnaissante que ses enfants aient pu survivre et aussi parce qu’elle sait combien il faut soutenir les autres parents en ces moments difficiles qu’elle a fondé cette association pour les enfants prématurés en 2003.
Comme un accident de voiture
Madame Mantha trouve qu’on entend trop peu parler de la prématurité même si elle touche 8 % des enfants. Cela s'explique, selon elle, par le fait que « les parents dont les enfants sont hospitalisés ont vécu un choc similaire à un accident de voiture et c’est normal qu’on les voie moins ». Pour elle, il est important que les mères soient au courant de cette possibilité, car même si la médecine réussit souvent à stopper les contractions et repousser la naissance, certaines mères accouchent rapidement avant la date prévue et devront savoir vers qui se tourner et comprendre ce qui leur arrive.
« Je trouve que c’est une bonne analogie l’accident de voiture, imaginez-vous que votre enfant se sauve de la garderie et se fait frapper au coin de la rue. Votre enfant peut bien s’en sortir, comme ça peut mal tourner, et ce que ça vous fait dans le ventre juste d’y penser, ça serre et ça fait mal; c’est un peu ce que ça fait de voir son bébé prématuré hospitalisé » dit Ginette Mantha. D’ailleurs, comme après un accident de voiture, la gravité et les séquelles varient beaucoup d’un enfant à l’autre. C’est pourquoi chaque cas est traité différemment et c’est pour cette raison qu’un enfant prématuré peut sortir très rapidement de l’hôpital, alors qu’un autre y restera plus longtemps.
La prématurité peut arriver à tout le monde et cet accouchement peut avoir lieu loin de la maison, aussi bien chez celles qui vivent à la campagne que celles qui vivent en ville. « Un accouchement prématuré, comme un accident de voiture, peut arriver partout. Il peut arriver près des grands centres urbains ou à Kangirsuk. Malheureusement, pour les autres, c’est près des grands centres et des grands hôpitaux qu’on a le plus de chance de s’en sortir », nous dit Ginette Matha qui souligne que ce ne sont pas tous les hôpitaux qui ont une clinique de néonatalogie.
Quand quelqu’un accouche prématurément loin d’un tel centre, il est toutefois possible de transférer leur bébé à un autre hôpital une fois que leur état s’est stabilisé. Cette situation peut engendrer des frais importants pour celles qui accouchent bien avant l’heure de leur congé de maternité et doivent vivre ailleurs pendant cette période. C’est aussi pour cette raison que Préma-Québec aide les parents.
Comment on se sent, quand on accouche prématurément?
On se sent très démunie quand on accouche à 24 semaines, alors qu’à peine cinq mois de grossesse ont passé et que notre ventre commence tout juste à paraître. Selon Ginette Matha qui reçoit près de 900 appels par année, beaucoup de mères sont sous le choc, connaissent des difficultés financières et se sentent coupables.
C’est une chance qu’il existe des groupes de soutien aujourd’hui et il est important d’en parler afin que les femmes sachent qu’elles ne sont pas seules, selon elle.
La marche 2015
Pour une septième année consécutive, la Marche pour les Prématurés se déroulera le dimanche 6 septembre dans 7 villes du Québec et le samedi 12 septembre pour les gens de la grande région de Montréal.
Pendant cette marche, vous verrez des jeunes et des adultes ont des numéros sur leur dossard. Ces numéros représentent la semaine de grossesse à laquelle ils sont nés. Si vous voyez quelqu’un porter le 26, par exemple, c’est qu’il est né à 26 semaines de grossesse. C’est un beau message d’espoir pour celles qui verront tous les prématurés qui ont grandi. Ginette Mantha explique qu’« Évidemment il y a des moments difficiles dans la prématurité, mais on s’en sort. Les prématurés devenus adultes qu’on voit pendant la marche sont la preuve que tout peut bien aller quelques années plus tard. »
Elle a d’ailleurs insisté sur le fait que malgré les difficultés, malgré le fait qu’un grand prématuré a besoin de soin pendant un an et demi à deux ans, on survit. La plupart des bébés s’en sortent et deviennent des adultes accomplis. Certains ont plus de chance que d’autres, mais toutes les mères finissent par s’en sortir. Pour elle, c’est important de le rappeler. Et pour ceux qui ont eu moins de chance, Préma-Québec est là, aux quatre coins de la province, pour offrir le soutien nécessaire aux parents qui en ont besoin.