Notre enfant de trois ans à qui on a consacré le meilleur de nos dernières années, qu’on aime de tout notre cœur et pour qui on risquerait volontiers notre vie vient de décider, pour une histoire de discipline ou de privilège retiré, qu’il ne nous aime plus du tout. « Je ne t’aime plus, maman »! Suivi de très près par « J’aime mieux papa! ». On a beau savoir qu’il est fâché et que toute cette situation est complètement ridicule, la cruauté involontaire des enfants nous prend toujours de court et nous fait réellement de la peine, même quand ils sont plus grands et qu’on a l’habitude de leurs coups de gueule. Comment est-ce qu’on doit réagir quand notre enfant décide qu’il ne nous aime plus? Qu’est-ce qu’on doit en retenir?
Qu’est-ce qu’il veut dire?
Pour certains parents qui traversent une période difficile, ces mots deviennent un constat d’échec, la confirmation de ce qu’ils redoutaient depuis quelques semaines. Certains ont remarqué qu’ils passaient moins de temps à s’amuser avec les enfants. D’autres vivent mal le partage de la garde et ont peur que leur enfant préfère l’autre parent. Pour ces parents, entendre « je ne t’aime pas/plus » est d’une grande violence. C’est en quelque sorte l’incarnation de toutes leurs angoisses.
D’autres parents pensent que c’est un simple manque de respect et que leur enfant ne devrait pas dire ce genre de chose. Pour eux, un enfant devrait apprendre à peser ses mots et une bonne démonstration d’autorité est la solution à l’ingratitude dont ils viennent d’être témoins.
En réalité, il faut comprendre que votre enfant qui dit « je ne t’aime plus » est probablement seulement en colère contre vous et cherche une façon de vous blesser à sa manière. C’est difficile pour lui de vous atteindre à la mesure de ce qu’il croit avoir subi et un enfant de cet âge n’a pas les outils pour exprimer correctement ce qu’il ressent. Il manque de vocabulaire et de nuance, il ressent souvent beaucoup de frustration et ne peut pas y faire grand-chose parce que vous êtes le patron absolu.
Que devrais-je lui dire?
Si les propos de votre enfant vous blessent parce que vous avez peur qu’il préfère réellement son père ou qu’il ne vous aime plus pour vrai, il est important de garder votre sang-froid et de toujours vous rappeler que les enfants aiment leurs parents de manière inconditionnelle. Si vous le prenez trop au sérieux, il ne pourra pas porter le fardeau de votre insécurité et il ne comprendra pas que vous preniez tellement au sérieux quelque chose qu’il a dit sous le coup de la colère et qu’il aura éventuellement oublié. Rappelez-vous qu’il n’est qu’un jeune enfant et prenez le temps de faire la différence entre le lien qui vous unit et un désaccord qui n’a pas d’importance.
D’ailleurs, il ne faut pas non plus céder au chantage. Si votre enfant voulait un chocolat et vous dit qu’il ne vous aime pas en espérant que vous cédiez, et qu’une autre fois vous lui achetez ce même chocolat, expliquez-lui pourquoi vous le lui aviez d’abord refusé. Dites-lui que c’est mauvais pour sa santé, que vous ne voulez pas trop dépenser ou que vous préférez préparer un bon repas pour couper sa faim. Ce sont autant de bonnes explications qui vous permettront d’empêcher la situation de devenir trop émotive.
Des sentiments
Cela dit, ces situations sont de bien belles occasions d’aider son enfant à comprendre ce qu’il ressent et à l’exprimer. Il est en colère. Il a le droit de le dire. Mais ce n’est pas vrai qu’il ne vous aime plus. Du moins, pas de manière permanente! Plutôt que de lui dire qu’il a tort de vous dire de telles choses ou qu’il est méchant, prenez une minute pour mettre le doigt sur cette émotion qui l’habite. S’il a l’impression de comprendre ce qu’il ressent et qu’il peut en parler, il perdra moins souvent le contrôle dans d’autres circonstances.
D’ailleurs, puisque vous lui parlerez d’émotions et que vous savez pourquoi il vous dit cela, vous pouvez le rassurer sur vos intentions. C’est le chocolat que vous ne vouliez pas acheter, ce n’était pas un geste méchant pour lui faire de la peine. Alors quand il vous dira « Je ne t’aime plus, maman » la prochaine fois, vous pouvez commencer la conversation par « Eh bien, moi, je t’aime ».