Ils peuvent engendrer des problèmes graves tels que la dépression, l'anxiété et la violence.
« Sois un homme », c’est l’équivalent masculin de « sois belle et tais-toi ». Mais on en parle moins souvent. C’est la journaliste de The Gardian, Eva Wiseman, qui, en s’entretenant avec la réalisatrice Jennifer Siebel Newsom à ce sujet, en est venue à cette conclusion. En 2011, la réalisatrice a présenté le documentaire « Miss Representation » où elle s’intéressait au poids des stéréotypes féminins sur le développement des jeunes filles. Quatre ans plus tard, elle revient avec la version masculine de ce reportage en présentant « The mask you live in ». Elle y aborde ce qu’elle qualifie « la crise du garçon » (boy crisis). Dans ce nouveau film, Jennifer Siebel Newsom réclame une nouvelle masculinité.
En tête des statistiques
Au fil de ses recherches, la réalisatrice, alors enceinte de son quatrième enfant (un garçon!), constate que les garçons sont plus susceptibles d’avoir des troubles de comportement, d’être médicamentés, de consommer de l’alcool, de lâcher l’école et de commettre des actes violents. Aussi, le taux de suicide des hommes âgés de 20 à 49 ans est nettement plus élevé que celui chez les femmes de la même tranche d’âge. Jennifer souhaite alors changer le visage des hommes et l’image stéréotypée que la société leur a attribuée.
Une scène de son reportage montre un groupe de garçons. Sur une feuille, ils écrivent comment ils sont vus par leurs pairs d’un côté, et de l’autre, comment ils se perçoivent. Plusieurs se sont retrouvés avec des qualificatifs comme « dur » et « seul » sur le même morceau de papier. Ces garçons ne parlent que très peu de ces contradictions qui les habitent. « Les hommes ne parlent pas publiquement de ces questions, explique Jennifer Siebel Newsom. Le silence est la principale cause du problème. »
Construction sociale
La journaliste de The Gardian se questionne toutefois à savoir si l’idée de virilité est une construction purement sociale. Et si les garçons accordaient réellement moins de valeur à parler de leurs émotions? Pourtant, la femme derrière le documentaire maintenant disponible en ligne est restée surprise par la douceur et la confusion qui habitaient les garçons qu’elle a rencontrés. « Ils ressentent tellement de pression pour devenir quelqu’un qu’ils finissent par s’oublier », s’attriste Jennifer Siebel Newsom.
L’adolescence est connue comme le moment critique de la vie durant lequel les jeunes se définissent, selon le regard des autres et leur perception d’eux-mêmes. « Durant le secondaire, ils commencent à sentir le besoin de se connaître et de se détacher de ces stéréotypes. J’ai vu la douleur et l’anxiété sur leur visage. Ils ne sont pas eux-mêmes, c’est bouleversant », se désole la réalisatrice.
L’ouverture d’esprit et l’écoute des uns et des autres améliorent la situation. Un grand pas est fait en ce sens, mais il en reste encore bien d’autres à franchir. Les stéréotypes de genres pèsent lourd sur les épaules de la société. Mais c’est cette même société qui construit des rôles sociaux, des moules préconçus. Un homme, ça peut pleurer. À condition que la société les accepte, ces larmes de vulnérabilité? Pas vraiment. Un homme, ça peut pleurer. Un point c’est tout. Peu importe ce que la société peut bien en penser.
Par Marilou Muloin-Robitaille
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