C’est l’âge de la « pensée magique », celle où un « Abracadabra! » peut transformer une promenade au parc en expédition dans une jungle peuplée d’animaux terrifiants. L’enfant accorde une grande importance au jeu symbolique et tout est prétexte pour que sa vie soit aussi colorée qu’il l’imagine!
Tout d’abord, rassurez-vous, c’est une étape normale de son développement. Et elle a tout son sens, vous verrez! Car si l’enfant de cet âge ressent le besoin de se créer un monde imaginaire, c’est tout simplement pour apprendre à vivre avec la réalité qui l’entoure. À travers les personnages fictifs de ses jeux, les amis imaginaires et les histoires qu’il s’invente, l’enfant explore sa capacité à faire face à différents sentiments : la solitude d’un jour de pluie sans amis, la tristesse d’une dispute avec sa sœur, le stress d’un déménagement, mais aussi la joie et l’excitation d’un voyage à venir ou le souvenir d’un moment joyeux passé avec grand-papa!
Les jeux de rôles
L’enfant voue une grande admiration aux adultes qui l’entourent et il les perçoit souvent comme des héros. Il aimerait leur ressembler, veut les imiter et faire les mêmes activités qu’eux. Avec ses amis, il joue « au papa et à la maman », il devient tour à tour infirmier, mécanicien, caissier, pompier, vétérinaire. Il joue « à la vraie vie » et on perçoit souvent une similitude entre ses attitudes de jeux et celles de ses parents dans la réalité. L’enfant console, réconforte ou réprimande souvent ses poupées et toutous de la même façon que ses propres parents le font avec lui!
Il aime aussi s’identifier à des personnages de films ou de livres qu’il connaît bien. Ainsi, il pourra être, selon ses intérêts et l’humeur du moment, Dora, Benjamin le chevalier vert, Blanche-neige ou Spiderman! Il s’attribuera leur force ou leur beauté, leurs pouvoirs et même pourquoi pas, leur apparence le temps d’un soir d’Halloween! N’hésitez pas à prendre quelques instants pour vous asseoir et observer votre enfant fabuler dans ses jeux imaginaires. Ils sont une porte ouverte sur ce qu’il vit, rêve, le préoccupe ou le rend heureux!
Les contes et les fables
Les enfants adorent qu’on leur raconte des histoires! Il est donc intéressant de savoir que les contes traditionnels ont un rôle particulièrement important dans leur développement psychologique. À travers eux, l’enfant s’évade dans un monde imaginaire où tout peut arriver, tout en demeurant convaincu que l’histoire finira bien. Il y rencontre aussi des personnages bons ou méchants auxquels il s’identifie et à travers desquels il comprend peu à peu les notions de bien et de mal. Et en compagnie de qui il apprend à apprivoiser ses peurs, à mettre des mots sur ses émotions et à entrevoir des solutions aux difficultés de la vie. À cet égard, Bruno Bettelheim affirme que les personnages imaginaires auxquels s’identifient les enfants leur permettent de résoudre leurs conflits intérieurs et de surmonter leurs angoisses inconscientes. Cela explique pourquoi l’enfant demandera le même livre pendant plusieurs jours ou semaines consécutives. À travers l’histoire et les symboles qu’elle représente, à travers les mots qu’il connaît et s’approprie, il développe sa capacité à comprendre comme il peut faire face aux obstacles qui se dressent sur sa route et en sortir gagnant.
L’ami imaginaire
Selon les auteurs du livre « Les grands besoins de tout-petits », entre 13 et 30 % des enfants de 3 à 6 ans ont un ami imaginaire, et cela survient plus fréquemment chez des aînés ou des enfants uniques. Certains enfants en ont même plusieurs! Ces compagnons aident l’enfant à exprimer ses émotions, ses besoins et ses désirs. Ils lui permettent de s’affirmer dans ses goûts et exigences (« Le papa de Auria lui permet de faire dodo à l’heure qu’elle veut! ») ou encore à se défaire de la culpabilité qu’il ressent lorsqu’il déplaît à ses parents. Ainsi, c’est bien plus facile de mettre la faute sur « l’ami » quand on fait un gros dégât : « Ce n’est pas moi, c’est elle! » Et c’est aussi un confident hors pair pour ses petits et grands malheurs. Un compagnon réconfortant qui est là pour lui quand il en a besoin. C’est précieux!
Ne voyez pas cet intrus dans votre vie comme une contrainte, mais comme un atout! Car tout comme les jeux de rôles, cet ami, qui peut tout se permettre et qui peut devenir n’importe qui selon sa volonté, vous aidera à en savoir beaucoup sur ce que vit votre enfant. Par contre, ne lui accordez pas plus d’importance que votre enfant ne le fait lui-même. Laissez-le apparaître au moment où il le souhaite, mais n’hésitez pas à mettre certaines limites à votre enfant face à ses demandes. Ainsi, s’il peut être facile d’installer à son « ami » un napperon à table pour le souper, il serait plus compliqué de lui offrir un lit pour le dodo! Avec votre enfant, trouvez une solution acceptable pour vous deux s’il vous fait une requête irréaliste.
Et malgré toute l’importance que votre enfant y accorde présentement, soyez sans crainte, il sait très bien que son ami imaginaire n’existe pas pour vrai. Peu à peu, sa présence s’estompera au fur et à mesure qu’il se fera de vrais amis qu’il côtoiera au quotidien. Dans l’intervalle, prenez plaisir à voir évoluer votre enfant dans ce monde fantastique où sa créativité est en plein essor!