C’est un peu ce qui se passe en fait : ses idées ne sont pas bien synchronisées avec sa parole. Si, en plus, l’enfant est énervé ou excité, il est encore plus difficile de garder le contrôle et les dysfluidités sont alors encore plus apparentes.
Le bégaiement, passage obligé?
Votre enfant qui parlait très bien se met à hésiter, à répéter des syllabes, des mots, à bloquer ou à étirer des sons? Cela peut paraître grave sur le coup. Il faut savoir qu’un fort pourcentage d’enfants aura à traverser cette situation au cours de leur développement langagier (60 à 85 %). La plupart d’entre eux auront un bégaiement qui durera de quelques semaines à 1 an et ce bégaiement transitoire disparaîtra de lui-même, sans nécessiter une intervention en orthophonie.
Il ne faut donc pas s’en inquiéter au départ. Un enfant commence généralement à bégayer entre 2 et 4 ans. Il peut le faire de façon très soudaine et intense pouvant causer une grande inquiétude aux parents. L’intensité du bégaiement n’est toutefois pas un indice significatif pour prédire si l’enfant aura un bégaiement qui persistera dans le temps.
Les attitudes à privilégier
S’il ne faut pas trop s’en inquiéter, certaines attitudes valent mieux que d’autres pour accompagner les enfants dans cette étape. La notion la plus importante est de continuer à s’intéresser à ce que l’enfant dit lorsqu’il est en train de parler, en termes de contenu et non de contenant. Il faut donc adopter une position d’écoute active dans ces moments. Voici quelques exemples d’attitudes à privilégier :
- Prendre le temps de se placer à son niveau (face à face);
- Le regarder dans les yeux et maintenir le contact visuel sans lui demander d’en faire autant;
- Tenter de comprendre ce qu’il veut nous communiquer sans chercher à le corriger ou à lui enseigner une leçon, un nouveau mot ou une consigne à respecter. Il faut que la conversation continue et que l’enfant se sente écouté;
- Faire attention à l’attitude non verbale qui peut vous trahir! Par exemple, le visage ou la position du corps qui exprime de l’inquiétude (« oh non, il est en train de bégayer encore! »)/de la panique (« Qu’est-ce que je dois faire? »)/de l’impatience (« C’est dont bien long quand il parle!! »);
- Lorsque votre enfant est en train d’expliquer quelque chose de complexe et qu’il se met à produire des dysfluidités, posez-lui une question dont il connaît la réponse qui exige une réponse courte (oui/non/choix de réponse) ce qui simplifiera la coordination de sa parole.
Commentaires à éviter : « Calme-toi! Prends ton temps. »
Lorsque l’enfant bégaie, on a l’impression que la cause est l’énervement. Nous avons envie d’émettre un commentaire comme : « Prends ton temps quand tu parles! » Or, ce commentaire n’est pas du tout aidant pour l’enfant. Il met en fait l’emphase sur son bégaiement et coupe la conversation. On ne s’intéresse alors plus à ce qu’il dit, mais à comment il le dit.
Quand s’inquiéter?
- Quand le bégaiement est présent depuis plus de 6 mois
- Quand l’enfant commence à bégayer après l’âge de 4 ans
Il est recommandé de contacter une clinique d’orthophonie spécialisée pour les enfants si vous êtes inquiets ou si vous vous interrogez quant au développement langagier de votre enfant.
Références
- Formation : Intervention orthophonique auprès des enfants d’âge préscolaire et scolaire qui bégaient donnée par Natasha Beausoleil en novembre 2013.
- Association des jeunes bègues du Québec