Désir d'enfant

Produits chimiques, produits naturels et fertilité

Des informations circulent concernant certains produits considérés « chimiques » et d’autres, communément appelés « naturels », et leur impact sur la fécondité. Mais qu’entend-on au juste par chimiques et naturels?

Vous êtes prêts!

Eh oui! Grâce à notre article précédent, vous avez déjà suffisamment de connaissances pour faire face à certaines questions avec toute la vigilance de l’expert en biochimie!

En effet, à la lecture de notre dernier article, vous avez pu vous familiariser avec le concept d’atome, de molécule, de mélange et de concentration.

La question qui nous intéresse dans le présent article est de bien comprendre ce qu’on entend par produit chimique et produit naturel pour répondre aux questions que nous avons sur la fécondité. Nous allons couvrir des exemples qui rectifient la terminologie et qui vont vous aider à faire vos choix de consommation.

« Chimique » n’est pas contraire de « naturel »

D’abord, il convient de faire une petite rectification. Le mot « naturel » ne s’oppose pas au mot « chimique ». En effet, la vie existe par un nombre incalculable de réactions chimiques. Une réaction chimique, faut-il le rappeler, est en fait un phénomène par lequel un atome ou des molécules vont interagir pour s’associer différemment les uns aux autres. Par exemple, quand vous mangez des pommes de terre, les molécules d’amidon qui s’y trouvent sont transformées en millions de molécules de glucose par l’action d’une autre molécule, une enzyme, l’amylase, qui est dissoute dans votre salive. C’est chimique et c’est tout à fait naturel.

On peut dire par contre que les humains maîtrisent suffisamment bien la discipline de la chimie pour effectuer, dans leur cuisine, en laboratoire, ou même à l’intérieur du corps humain, des réactions chimiques qui ne se seraient pas produites naturellement.

Au naturel

Commençons en parlant de l’expression « produit naturel ». Pour la majorité des gens, cette expression désigne des produits dont l’origine est « Mère Nature » elle-même et désigne donc des produits qui sont nécessairement bons pour notre santé. Or, ce n’est pas nécessairement le cas. On retrouve dans la nature des atomes, des molécules et des mélanges aux effets variables sur notre santé. Certains sont bénéfiques, d’autres néfastes, d’autres n’ont aucun effet sur notre santé. Bref, ce n’est pas parce qu’une substance est « naturelle » qu’elle peut améliorer votre fécondité. Donnons quelques exemples.

Naturel et bénéfique

Un bon exemple d’une molécule qu’on trouve partout dans la nature et qui est bonne pour votre santé : l’eau! Sans eau, un être humain ne survit que quelques dizaines d’heures. Ceci dit, maintenant que vous avez lu notre dernier article, vous comprenez que de l’eau, c’est de l’eau! L’eau est une molécule formée d’un atome d’oxygène et de deux atomes d’hydrogène et donc, il n’existe pas plusieurs sortes d’eau. Pourquoi s’interroge-t-on alors sur la qualité de l’eau? En réalité, ce qui fait que l’eau peut devenir néfaste à la fertilité ce n’est pas l’eau elle-même, mais plutôt ce qui y est dissout et que vous allez ingérer en même temps que vous buvez l’eau. Certaines autres molécules qui sont, elles, polluantes peuvent en effet se retrouver dans notre eau potable en concentration suffisamment élevée pour avoir un impact sur notre santé et la fécondité.

Naturel et néfaste

Maintenant, voici un bon exemple de molécule tout à fait naturelle dont l’effet est néfaste sur la santé : le cyanure. Le cyanure est une molécule toute simple formée d’un atome de carbone qui partage trois électrons avec un atome d’azote. Le cyanure est un poison. Il bloque entre autres l’activité d’une molécule (l’enzyme cytochrome C oxydase) impliquée dans la respiration des cellules. Bref, rien de bon! Il existe plusieurs dérivés naturels du cyanure qui peuvent se convertir en cyanure tout aussi naturellement. On les retrouve dans plusieurs plantes et même dans les pépins de pomme.

Parmi les substances naturelles néfastes, on pourrait également penser au mercure. Le mercure désigne une substance constituée d’un seul type d’atome : l’atome de mercure. C’est pourtant suffisant pour causer des problèmes de santé si on y est exposé. Les vapeurs de mercure sont toxiques.

Naturel et sans effet

Il y a également des molécules naturelles dont plein de compagnies vont vanter les effets bénéfiques sur la seule base qu’il s’agit d’un « produit naturel » alors que ces molécules n’ont en réalité aucun effet sur la santé. Exemple : l’ADN. En effet, bien que l’ADN soit une molécule essentielle à la vie, notre ADN est bien installé, à l’abri, dans le noyau de chacune de nos cellules (sauf nos globules rouges) et il est impossible d’en ajouter par la consommation (à part si on attrape un virus, mais ça c’est une très longue histoire!).

Autrement dit, les crèmes, shampooing, diètes, breuvages, comprimés, sirops, laits de beauté, etc. à base d’ADN de ceci ou cela n’auront aucun effet sur votre santé qui soit attribuable à l’ADN lui-même. Vous pourriez vous rouler nu dans l’ADN, vous n’auriez aucune conséquence ni positive ni négative sur votre santé découlant directement de l’ADN lui-même. Vous mangez déjà de l’ADN tous les jours, en mangeant des fruits, de la viande, un morceau de fromage ou même simplement en avalant votre salive!

Chimique ou de synthèse?

« Chimique » est un très mauvais qualificatif pour désigner certaines molécules qui sont synthétisées (fabriquées) en laboratoire. On pourrait parler de produits de synthèse au lieu de parler de « produits chimiques ». Ce serait plus précis tout en laissant au mot « chimique » sa noble et véritable signification.

Comme avec les produits naturels, certaines molécules de synthèse sont bénéfiques pour la santé, d’autres sont mauvaises et certaines n’ont que peu ou pas d’effet.

De synthèse et utile

Un bon exemple de produit de synthèse tout à fait utile est le clomifène. Le clomifène est une molécule qui n’existe pas dans la nature. Il s’agit d’une molécule synthétique, fabriquée en laboratoire, et qui inhibe le récepteur hypothalamique de l’œstrogène. Il est utilisé principalement pour les femmes qui ont des problèmes d’ovulation. En gros, le principe simplifié est qu’en prenant cette substance, le système nerveux de la femme perçoit qu’il manque d’œstrogène. Alors, il réagit en produisant plus d’hormones pour stimuler la croissance des follicules ovariens afin qu’à leur tour, ceux-ci produisent plus d’œstrogène. Ce faisant, le système nerveux stimule le cycle œstral et peut stimuler l’ovulation. Voici un lien vers un article vulgarisé amusant auquel nous avons participé. Dans un cas comme celui-là, avant d’administrer le médicament et de profiter d’un effet bénéfique, il faut bien comprendre l’état de santé de la personne, les autres médicaments qu’elle prend, être en mesure de détecter les effets secondaires indésirables, bien doser, etc. Si vous vous rappelez notre deuxième article sur les spécialités, le présent exemple en est un bon pour représenter une situation où une formation en biologie n’est pas du tout suffisante. Les médecins et les pharmaciens sont les personnes compétentes qui travaillent ensemble pour suggérer, suivre ou arrêter la prise d’un médicament par une patiente.

De synthèse et néfaste

Il n’est pas difficile de trouver des exemples de substance de synthèse dont l’effet sur la santé est néfaste. Un exemple bien connu est le LSD, une puissante drogue (psychotrope hallucinogène). Mais ce n’est qu’un exemple parmi des milliers de substances de synthèse que l’homme fabrique pour divers usages et qui sont néfastes pour la santé lorsqu’ils atteignent une certaine concentration.

De synthèse et sans effet

Certaines substances de synthèse n’ont que peu ou pas d’effet sur notre santé. L’ADN transgénique a fait l’objet de tout un débat dans le passé. L’ADN obtenu par génie génétique est composé des mêmes atomes liés de la même façon (seuls le nombre et l’ordre changent), il est digéré de la même façon par notre système digestif que l’ADN non modifié et ne représente aucun risque en lui-même.

L’exemple des édulcorants est également à citer ici. Somme toute, il n’y a que peu d’effets directs des édulcorants sur notre santé même si plusieurs sont de purs produits de laboratoire et n’existent pas à l’état naturel.

Le laboratoire au naturel…

On oublie souvent qu’il existe des substances naturelles que nous aimons tous ou qui sont nécessaires en médecine et que nous pouvons/devons purifier en laboratoire avant de les consommer. Par exemple : la pénicilline. Aujourd’hui, il est vrai qu’il est possible de synthétiser plusieurs variantes de la pénicilline pour plus d’efficacité. Mais originalement, il s’agit d’une molécule fabriquée par les champignons du genre Penicillium et qu’il est possible de purifier en labo.

Personnellement, je trouve que la fabrication du sirop d’érable à partir de la sève d’érable est aussi un bon exemple!

Finalement, il existe des produits de synthèse qui sont I-DEN-TI-QUES à la substance que l’on retrouve dans la nature. En effet, dans certains cas, la purification d’une substance naturellement disponible devient si complexe qu’on en vient plutôt à utiliser la synthèse (fabriquer à partir de zéro). C’est le cas du Synthroid, un médicament utilisé chez les gens qui ont des problèmes de glande thyroïde. Le Synthroid est en fait constitué d’une molécule : la L-thyroxine qui est exactement la même molécule que celle que notre glande thyroïde produit.

Conclusion

Nous avons donc vu que l’utilisation de l’expression « produit chimique » avec la connotation négative qu’elle comporte peut porter grandement à confusion. La nature est faite de réactions chimiques parfois bénéfiques, parfois néfastes à notre santé. Les laboratoires eux aussi fabriquent des substances néfastes, mais également de bons outils comme des médicaments, par exemple.

Également, vous êtes maintenant mieux armée pour bien comprendre que ce n’est pas parce qu’un produit est « naturel » qu’il a nécessairement un effet bénéfique sur votre santé. Malheureusement, certaines entreprises profitent de l’ignorance des gens à ce sujet pour réaliser des ventes qu’on peut qualifier de « charlatanisme ». Soyez vigilante.

Lorsque vous aurez des questionnements à savoir si une substance que vous consommez ou qui vous est administrée par médicamentation a un impact sur votre fertilité, demandez-vous s’il s’agit d’une molécule naturelle ou d’une molécule de synthèse. Ensuite, vérifiez si cette molécule a un impact positif, négatif ou pas du tout d’impact sur votre fécondité. Intéressez-vous au mode d’action chimique en posant des questions. Comment l’effet se produit-il dans mon corps? Quelles sont les conséquences (les effets secondaires)? Quelles sont les interactions entre les molécules?

Si vous avez besoin d’aide, vous pouvez nous poser des questions sans problème. Il suffit d’aimer notre page Facebook et d’utiliser la messagerie privée. Nous faisons le maximum pour répondre aux questions qui touchent la fertilité.

Mathieu Boilard
Ph.D. biologiste, président chez Nasci Biologie Médicale Inc.

Dr Boilard est biologiste et père de trois enfants. Il a obtenu un doctorat en recherche fondamentale du Centre de Recherche en Biologie de la Reproduction de l’Université Laval. Ce travail a été reconnu par une bourse post-doctorale du Conseil de Recherche National en Science et Génie du Canada. Il a œuvré en recherche toute sa carrière dans le domaine de la biologie cellulaire des spermatozoïdes. Il décide en 2011 de fonder Nasci Biologie Médicale Inc. : un laboratoire qui utilise des technologies de biologie cellulaire parmi les plus avancées du monde pour mieux identifier les problèmes de fécondité chez l’homme.

Lyne Massicotte
Ph.D., CSPQ Biochimiste clinique, vice-présidente et directrice de Nasci Biologie Médicale Inc

Dre Massicotte est biochimiste clinique et mère de trois enfants. Elle a obtenu son doctorat en recherche fondamentale du Centre de Recherche en Biologie de la Reproduction de l’Université Laval après avoir travaillé pendant 7 ans sur des aspects comme le développement de nouveaux protocoles de stimulation ovarienne, la maturation des ovules, la fécondation et le développement embryonnaire in vitro. Elle a travaillé intensivement sur la biochimie des protéines présentes dans l’ovule et l’embryon. Elle a par la suite fait des études universitaires de 4e cycle à la faculté de médecine de l’Université de Montréal pour devenir biochimiste clinique. Elle co-supervise le laboratoire médical de biochimie à l’Hôpital Pierre-Boucher de Longueuil. Elle dirige également le laboratoire médical de Nasci Biologie Médicale Inc.

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