L'accès à la contraception hormonale, et non plus seulement à la pilule du lendemain, sera désormais facilité au Québec. Le Collège des médecins, l'Ordre des infirmières et l'Ordre des pharmaciens ont conclu une entente permettant aux infirmières, dans certaines conditions, de remplir un formulaire d'« ordonnance collective » qui équivaudra à une prescription de contraceptif hormonal pour une durée limitée. Il pourra s'agir de pilule contraceptive, mais également de timbre contraceptif, d'injection contraceptive, d'anneau vaginal contraceptif ou de progestatif seul. L'infirmière devra procéder à l'évaluation de la condition physique de la femme qui désire obtenir ainsi son contraceptif hormonal. Elle lui donnera des renseignements à ce sujet, l'aidera à choisir lequel lui convient le mieux, et remplira un formulaire qui équivaudra à cette ordonnance collective. Cette prescription de l'infirmière pourra être remplie à la pharmacie du coin.
Une telle ordonnance collective ne vaudra que pour six mois cependant, afin de s'assurer que la femme consultera un médecin en temps opportun. Elle ne sera donc pas renouvelable. Au cours d'une rencontre avec la presse mercredi, les trois ordres professionnels et l'Institut national de santé publique du Québec ont indiqué qu'ils tenaient ainsi à diminuer le nombre d'avortements et le recours à la pilule du lendemain.
23Au Québec en 2003, le taux de grossesse chez les adolescentes de 15 à 19 ans était de 34 pour 1000 grossesses. Le taux d'avortement était de 21 pour 1000. « On a à peu près deux tiers de ces grossesses-là, chez les adolescentes, qui se terminaient par une interruption volontaire, un avortement. D'un point de vue de la santé publique, c'est un problème particulièrement important qu'on voudrait réduire », a souligné le Dr Richard Massé, de l'Institut national de santé publique du Québec. Ce nouveau cadre provincial de prescription de la contraception hormonale sera graduellement implanté au cours des prochaines semaines, notamment dans les CLSC et les Groupes de médecine familiale (GMF). « Pour ce qui est de nous, les infirmières, on était déjà passablement impliquées en matière de contraception, plus particulièrement dans les cliniques jeunesse, depuis fort longtemps », a expliqué la présidente de l'Ordre des infirmières du Québec, Gyslaine Desrosiers. « Hélas, ça se faisait dans un cadre légal plus ou moins « underground ». Les infirmières faisaient l'évaluation et donnaient des échantillons de contraceptifs », a-t-elle ajouté. Avec les modifications des lois professionnelles, il y a quelques années, de nouvelles possibilités sont apparues, comme celle-ci, note Mme Desrosiers.
« Je pense que ça va donner de bons résultats », a opiné le Dr Yves Lamontagne, président du Collège des médecins. Il cite l'exemple de la Hollande, où un tel système existe depuis des années, et où il y a beaucoup moins d'avortements et même de maladies transmissibles sexuellement. En Ontario et en Colombie-Britannique, des infirmières cliniciennes dispensent déjà un service similaire, a indiqué le Dr Massé, «et les taux d'interruptions volontaires de grossesse sont de beaucoup inférieurs dans ces provinces-là. Donc, on voit l'impact.»
Source : Presse Canadienne, 31 janvier 2007