La FDA, l'agence américaine de réglementation des médicaments et des produits alimentaires, a donné son feu vert à la commercialisation de Lybrel, la première pilule contraceptive supprimant les cycles menstruels de la femme. « L'efficacité et l'innocuité du Lybrel (fabriqué par le laboratoire américain Wyeth) comme méthode contraceptive s'appuient sur deux essais cliniques d'un an chacun conduits sur plus de 2400 femmes âgées de 18 à 49 ans », souligne la FDA (Food and Drug Administration), dans un communiqué.
« Les femmes utilisant le Lybrel n'auront pas de cycles menstruels, mais auront probablement des saignements ou des pertes imprévues », avertit l'agence fédérale. Toutefois, la fréquence de ces saignements et écoulements s'espace pour la plupart des femmes après un an d'utilisation, précise l'agence. Dans un des essais cliniques, 59 % des femmes qui avaient pris le Lybrel pendant un an n'ont eu aucun saignement durant le dernier mois de l'étude, ajoute la FDA.
Le Lybrel présente les mêmes dangers que les pilules contraceptives conventionnelles comme un accroissement des risques de formation de caillots sanguins, d'attaque cardiaque et cérébrale. Le Lybrel est accompagné d'un avertissement contre les risques accrus d'effets secondaires cardiovasculaires sérieux pour les femmes qui fument en raison de la combinaison des hormones oestrogènes et progestérone contenues dans la pilule. Le Lybrel est commercialisé dans des boîtes de 28 pilules contenant toutes une combinaison de faibles doses de progestérone (90 microgrammes) et d'œstrogène (20 microgrammes), qui sont aussi utilisés dans les autres contraceptifs pris oralement. Mais à la différence des autres plaquettes de 28 jours, le Lybrel ne compte pas de placebos pendant les quatre à sept jours du cycle menstruel. Les femmes continuent donc à prendre un contraceptif pendant cette période.
Dans la mesure où cette pilule contraceptive élimine les cycles menstruels, les femmes pourraient avoir des difficultés à reconnaître les signes de grossesse, relève également la FDA qui recommande des tests au moindre doute. La mise sur le marché du Lybrel paraît répondre à une forte demande des femmes, selon des gynécologues citant des enquêtes selon lesquelles jusqu'à 50 % des femmes interrogées souhaitaient ne plus avoir de cycles mensuels. Toutefois, des femmes se demandent si le fait de bloquer les cycles ne présente pas des risques pour la santé. La psychologue américaine Paula Derry à Baltimore (Maryland, est) écrivait dans un éditorial publié début mai dans le British Medical Journal que « la suppression de la menstruation n'est pas naturelle ». Elle notait aussi qu'il n'y avait pas suffisamment de données pour déterminer si cela ne présentait pas de risques sur le long terme.
Selon des analystes du secteur pharmaceutique, le Lybrel pourrait générer 40 millions de dollars de vente en 2007 pour Wyeth et 235 millions annuellement d'ici 2010. Wyeth a son siège à Philadelphie, en Pennsylvanie.