Suis-je la seule à qui cela arrive?
Je tiens à préciser tout d’abord que ceci n’est pas une attaque contre la pédiatre de mon enfant. Elle est qualifiée, compétente et elle ne me fait jamais perdre mon temps (ce qui est une grande qualité pour un médecin). Je la vois rarement car les vaccins sont administrés par l’infirmière alors nous nous rencontrons seulement deux fois par année.
C’est donc son devoir de se mettre à jour sur l’évolution de mon fils et de passer à travers sa check-list exhaustive. Combien de mots dit-il? A-t-il encore une suce? Quels sont ses aliments favoris? Est-ce qu’il court? Saute? Sur une patte? Sur la tête? Ouf... je m’éloigne. Bref, vous me suivez. Ce fameux questionnaire qui permet de s’assurer que notre enfant se développe bien et franchit les étapes qu’il doit franchir pour son âge.
Pour l’instant, ça va. Répondre à ses questions n’est rien d’intrusif et me permet même de me vanter un peu...
Vives réactions
Pour cette rencontre, j’étais arrivée avec ma petite liste de bobos que je voulais que l’on explore en profondeur : un eczéma récalcitrant et des douleurs aux oreilles malgré l’absence d’otite, entre autres. Elle m’a rapidement fait sentir inadéquate dans la façon dont je les traitais.
Prenons son eczéma par exemple. Mon fils en fait beaucoup, énormément, sur son ventre et son dos. Drôles d’endroits pour faire de l'eczéma mais ils sont tout de même affectés. J’ai essayé pratiquemment toutes les crèmes, avec et sans cortisone (oui oui, lancez-moi des roches, j’ai mis de la cortisone sur la peau fragile de mon enfant!), j'ai changé de détergent à linge, choisi un autre savon, etc. J’ai vraiment tout essayé et bien que les symptôme aient diminué, ils ne sont jamais tout à fait disparus...
Ma pédiatre a jeté un coup d’œil à la peau de mon fils et a enchaîné une mélodie de « oh! » « ah! ». Elle m'a lancé : « Il faut guérir ça! ». Les yeux ont dû me rouler dix fois. Petit rappel : c’est l’une des raisons de ma présence, docteur. J’ai besoin d’aide et de conseils, pas de vives réactions qui ne font qu'accroître mon sentiment d’incompétence.
Bref, j’exagère peut-être ma réaction. Fallait être là.
Conseils vs règles
L’examen se termine. On entame la portion échelle de croissance et conseils pour le développement. Depuis l’âge de deux mois, mon fils n’est pas dans l’échelle de croissance. Je regarde donc des petits points rouges qui défilent au-dessus d’une courbe.
Et c’est à ce moment que les réponses que j'ai données au précédent check-list reviennent... Il a encore sa suce? Il faudrait penser à lui enlever! Il aime le yogourt? Coupez les produits laitiers! Son eczéma? Sa peau doit redevenir belle!
Vous comprenez où je veux en venir? Chacun, mais vraiment, chacun des petits points de fierté énumérés en début de rendez-vous sont revus... et doivent être améliorés.
Je suis entrée chez le pédiatre toute fière, fière du développement de mon fils – et j'en suis ressortie avec le moral bas et le sentiment de ne pas en faire assez.
Après quelques jours à me morfondre, j’ai réalisé que mon fils est heureux et... en santé. Ma pédiatre m’a prodigué des « conseils » et non pas des « règles ». On interprète et applique ensuite ces conseils comme on le veut, après tout!
Qu'en dites-vous?