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Survivre à une fausse couche

Annie a perdu son bébé mercredi dernier. Sa sœur n’arrête pas de lui dire qu’elle n’a pas perdu de bébé. Elle a perdu un fœtus. C’était une fausse couche. Ça arrive souvent, on n’en fait pas un drame!

Annie reçoit le commentaire comme un coup de pied au ventre.

Quand elle a vu le sang dans son sous-vêtement, Annie se rappelle avoir prié et s’est durcie de toutes ses forces pour que le pire n’arrive pas. Elle a refusé totalement l’idée de perdre ce bébé.

Et pourtant, il est parti.

Pourquoi? Cette question ne la quittera plus pendant des semaines. Et chacun aura beau lui répéter que la nature est bien faite et que, s’il est parti, c’était sans doute mieux ainsi, elle n’en a rien à foutre de la sagesse de la nature! Son médecin lui répète ça. Sa belle-sœur et sa mère aussi. Cette explication, c’est de la merde pour Annie. C’est comme de mettre un diachylon sur une fracture ouverte.

Pourquoi? Annie se demande ce qu’elle a fait pour qu’il meure. Et ce qu’elle n’a pas fait. Et ce qu’elle aurait dû faire autrement. Annie ne peut pas s’empêcher de croire qu’elle porte la responsabilité de cette mort. Rien ne sert de lui répéter qu’elle n’y est pour rien. Annie est en colère aussi. Et rien ne semble pouvoir la tirer de ce trou. Pas même son mari qui l’aime de tout son cœur, qui la prend dans ses bras et lui répète doucement que ce n’est pas grave, que ce n’est pas sa faute. Le voilà aussi désemparé qu’elle. Sa peine à lui est pour elle; mais il semble bien qu’il n’ait pas le droit de le formuler. C’est pour elle qu’il s’inquiète. Il la voit recroquevillée dans sa douleur et lui, impuissant à l’en sortir.

C’est vrai qu’Annie ne veut rien savoir, rien entendre. Elle songe que son corps l’a trahie. Et affleurant à la surface de sa détresse, émerge l’idée qu’elle n’est pas bonne. Que son corps de femme est pourri. Que sa féconde féminité est tarée. Cela fait d’elle une femme incompétente, marquée par l’incapacité.

Et tout le monde semble les abandonner à leur détresse. Il n’y a même pas de funérailles alors que la mort a vraiment frappé.

Tous les trois, on a choisi d’en faire. Avec le mari d’Annie, on a déposé dans une belle boîte de bois de rose tous les objets qui étaient liés à bébé : le test de grossesse, les petits bas blancs qu’Annie avait achetés le jour même du test, un hochet que les grands-parents avaient offert pour ce bébé à venir. Dans la boîte, on a aussi déposé une lettre de chacun de ses parents; une lettre à cet enfant qu’ils ne porteront jamais dans leurs bras. Dans leur lettre, chacun a écrit sa peine, son espérance qu’il soit bien là où il est. Et d’autres choses que leur cœur leur a dictées et qu’il leur fallait dire pour pouvoir passer à autre chose. On a finalement ajouté une petite couverture dans la boîte, pour qu’il n’ait jamais froid. Annie et Pierre ont choisi d’enterrer la boîte dans leur jardin et en mai, ils y planteront un magnolia.

Le passage de bébé est ainsi reconnu. Cette grossesse, même écourtée, a vraiment eu lieu; il s’est vraiment passé quelque chose.

Le deuil peut commencer.

Pour celles qui souhaitent aller plus loin dans la réflexion du deuil que représente une fausse couche, voici un livre formidable écrit par Manon Cyr et Isabelle Clément, aux éditions Caractères.

Elles tiennent également une page Facebook où beaucoup de femmes ont trouvé une communauté!

France Paradis

Orthopédagogue, conférencière et formatrice en intervention psychosociale, France Paradis est une mère de famille profondément engagée dans sa communauté, et se définit comme une anthropologue du sens de la vie. Ce texte a d’abord été publié sur son blogue personnel. Vous pouvez suivre France Paradis sur Twitter et sur sa page Facebook.


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