Bébé

Apprivoiser la solitude

Solitude structurante

On la craint, on la crucifie : assurément, la solitude effraie. Non seulement les solitaires nous mystifient, nous les plaignons souvent. Pour plusieurs, solitude rime avec ennui et angoisse, et pour l’éviter à nos enfants, on les stimule par tous les moyens. Cours de ci, leçons de ça, en plus du parc, de la garderie hyper structurée, de l’école et des sorties. Et avant même que vous ayez eu le temps de reprendre votre souffle, ils auront grandi et seront collés devant l’ordinateur, occupé, encore, à socialiser ou jouer à des jeux vidéo.

Mais pourquoi fuir la solitude? Ce besoin de prémunir nos enfants de l’ennui est souvent motivé par notre propre angoisse, donc par nos propres carences. Car il n’y a rien de mal à être seul. Bien au contraire, apprivoiser sa solitude serait indispensable à l’équilibre personnel. Être bien avec soi-même, c’est pouvoir être bien avec les autres et, dès lors, s’engager dans des rapports affectifs sains. À vrai dire, l’expérience de la solitude est bénéfique et structurante. Elle favorise la découverte de soi, permet de faire émerger ses envies et ses aspirations. De plus, la solitude encourage la création artistique. Ceci est d’autant plus vrai pour l’enfant qui commence à se définir comme personne à part entière en développant ses propres goûts et ses passions.

Chez le bébé

Fondamentalement parlant, l’enfant a besoin de sécurité, d’identité, d’estime de soi, d’aimer et d’être aimé. Ces besoins doivent être comblés de façon satisfaisante pour que l’enfant assume pleinement sa vie et ne recherche pas toujours la présence d’autres personnes pour combler un certain vide intérieur, plus tard. D’après Donald W. Winnicott, plus on aurait bénéficié, étant bébé, d’un environnement rassurant, mieux on composerait avec la solitude en vieillissant. Le célèbre psychanalyste anglais affirme que la capacité d’être seul se développe quand on est bébé, en présence de la mère (ou de la figure d’attachement). Le nourrisson est totalement dépendant de sa mère pendant les premières semaines de sa vie, mais peu à peu, bébé fera l’expérience de son autonomie. Il réalisera qu’il arrive à faire des choses par lui même, en présence de sa mère et rassuré par celle-ci. Winnicott parle alors de la capacité « d’être seul en présence de quelqu’un » d’autre. Plus l’enfant grandira, moins sa mère sera disponible et plus il sera indépendant. La vue de sa mère n’est plus nécessaire. L’enfant apprendra, en effet, que même s’il ne la voit pas constamment, sa mère est présente.

L’incapacité à être seul

D’après la psychanalyste Catherine Audibert, l’incapacité d’être seul se développe très tôt dans l’enfance. Les enfants hyper sollicités par leurs parents auront plus de difficulté à développer leur vie personnelle. Il est important pour le développement de l’enfant que celui-ci s’amuse seul, explore, sans avoir une main ou une présence constante à ses côtés. Entendons-nous : cela ne signifie pas de partir et de l’abandonner dans la maison, ou de l’obliger à rester cloîtré dans sa chambre. Mais l’enfant doit apprendre à être seul avec vous, ce qui lui permettra d’aimer être seul.

Inversement, plusieurs adultes sont aujourd’hui incapables d’être seuls parce qu’ils ont eux-mêmes souffert de carences, enfant : l’abandon, l’absence d’un parent créent de la peur et de l’angoisse. Catherine Audibert souligne d’ailleurs que « la bonne solitude est celle qui est portée par l’Autre. Un Autre qui sait être présent et absent à la fois. »

Angoisse de séparation

Vers huit mois, l’enfant expérimente une étape naturelle de son développement, au cours de laquelle il est assujetti à souffrir d’angoisse, ce, dès qu’il est séparé de sa mère. Cette phase est très importante et devrait être accueillie positivement par les parents. C’est entre autres au cours de cette période qu’il apprend, peu à peu, que ceux qui partent reviennent. Il réalise que les gens existent toujours, même s’il ne les voit plus, et prend enfin conscience de sa propre individualité. L’enfant doit bien entendu être guidé, lors de cette étape importante de son développement, et, dans son ouvrage indispensable Le Sommeil de votre enfant, Anne Bacus fournit une dizaine de précieux conseils pour y arriver. On encourage donc bébé à apprivoiser son indépendance, en s’amusant par lui-même. Pour le sécuriser, vous pouvez lui parler de loin, ou chanter, mais ne devez pas intervenir dans son jeu. Et si Bacus encourage ses lectrices à habituer le bébé à la séparation et au changement (en le laissant, par exemple, quelques heures avec une personne de confiance), elle met en garde contre les grandes séparations, comme les voyages ou le retour au travail durant cette période d’angoisse de séparation.

Ennui lucratif

Interviewée récemment à la Première Chaîne de Radio-Canada, Marcia Pilotte confiait ne pas avoir inscrit ses enfants à des cours parascolaires. Selon elle, l’ennui était important, voire nécessaire puisqu’il développait le sens créatif. La solitude force un retour vers soi-même, une introspection. Oui, il y a des moments moins évidents, plus déstabilisants : mais c’est aussi à travers ces périodes de doutes que l’enfant apprend à se connaître et à se définir. Catherine Audibert l’affirme : ce temps mort permet la créativité au sens large du terme, qui consiste à faire sortir quelque chose du néant. « Ce vide qu’on maîtrise enfin, dans lequel on se sent apaisé, tranquille, on en fait quelque chose : cela peut s’exprimer par des activités artistiques – écrire, peindre –, mais aussi tout simplement par la capacité de faire des projets. »

Donc, permettre à son enfant d’apprivoiser sa solitude, de l’embrasser et d’être bien avec lui-même, c’est entre autres choses lui offrir une chance de vivre des relations plus harmonieuses avec les autres, à court, moyen et long terme.


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