Vous êtes face à des situations qui démontrent le développement du cerveau en continu de votre enfant et il importe d’être prudente dans la façon de réagir à ses tempêtes émotives (sautes d’humeur, crises).
L’apprentissage de la régulation émotionnelle (gestion des émotions) est un long processus dans le développement de l’enfant et de l’adolescent. Il est maintenant démontré que le cerveau humain est en période intense de développement et de structuration jusqu’à l’âge de 25 ans (Siegel et Payne Brison, 2016). Ainsi, lorsque votre enfant se retrouve à « faire le bacon » sur le plancher du supermarché quand, il y a à peine 5 minutes, vous aviez une discussion de « grand » avec lui, cela est déroutant, n’est-ce pas? Ceci est lié à une immaturité des différentes parties de son cerveau.
Cela peut vous amener vous-même à vous sentir en colère, frustrée, impatiente ou démunie ne sachant pas comment gérer la crise. Vous pourriez être tentée de vouloir rappeler les règles, d’appliquer une conséquence, de monter le ton, d’ignorer ou d’agir physiquement pour arrêter le comportement. Toutes ses réactions s’expliquent par des croyances répandues depuis de nombreuses années dans le domaine de l’éducation et par l’intensité du sentiment d’impuissance qu’éveille la situation de crise chez le parent. Avec l’avancement des connaissances scientifiques sur le développement du cerveau, nous savons maintenant que ses réactions sont neurophysiologiques et NORMALES dans le développement de votre enfant.
Afin de développer la gestion des émotions des enfants et des adolescents, les nouvelles approches préconisent les stratégies d’apaisement afin de ramener le calme dans le cerveau. Un cerveau calme est capable d’apprendre, de faire des liens, de faire des échanges avec l’adulte et de trouver des solutions ainsi que des compromis.
Qu’entend-on par stratégie d’apaisement?
Comment pouvons-nous au quotidien apaiser le cerveau d’un enfant en crise afin de voir diminuer les comportements difficiles? Dans un premier temps, il importe que l’adulte regarde son propre état intérieur et utilise des moyens afin d’être lui-même dans un état calme, puisque l’état émotionnel du cerveau de l’adulte influence directement celui de l’enfant. Pour ce faire, les stratégies optimales sont :
- Prendre du recul sur la situation
- Respirer
- Décoder ce que l’on ressent
Ces stratégies vous permettront ainsi d’avoir un cerveau calme capable d’analyser la situation et vous pourrez donc aider votre enfant à traverser cette tempête. Une fois un état de calme retrouvé, maintenant que faire pour soutenir et apaiser votre enfant?
Donner un modèle, « être un modèle »
Être soi-même calme (être souriante, chaleureuse, rassurante, parler doucement, se mettre à la hauteur de l’enfant)
Offrir des câlins, être près physiquement de l’enfant
Faire avec, montrer comment
« Viens ici, maman va t’aider à mettre ton chandail », « On va ranger la salle de jeux ensemble! »
Accompagner dans les respirations, dans la visualisation.
Faire une diversion, changer les idées
Attirer l’attention sur quelque chose qu’il aime.
Refléter les émotions, mettre des mots sur ce qui se passe
« Tu es fâché », « tu as de la peine », « tu es déçu ».
Offrir un compromis à l’enfant
« Viens ici, tu vas pouvoir mettre ton chandail seul et maman va t’aider à mettre ton pantalon. »
Ces stratégies d’interventions vous permettront de retrouver un enfant plus calme et, par la suite, vous pourrez discuter avec lui si la situation le nécessite. La manière que vous aurez de l’accompagner à travers la crise l’aidera à continuer la structuration de son cerveau. Il ne s’agit pas ici d’une lutte de pouvoir où le parent serait perdant; il s’agit plutôt d’apaiser son enfant pour l’aider à reconnaître et à bien gérer ses émotions.
Au besoin, consultez un psychoéducateur pour vous accompagner dans la compréhension des comportements de l’enfant. Celui-ci pourra vous suggérer des interventions à mettre en place au quotidien pour lui et votre famille.
Vous pouvez aussi consulter un psychologue qui sera en mesure d’évaluer et de comprendre le vécu affectif et les besoins de votre enfant et ainsi de proposer diverses interventions favorisant son bien-être et celui de votre famille.
L’évaluation et le suivi conjoints de ces deux professions peuvent aussi être envisagés afin d’adapter les interventions à la réalité de votre enfant et, par la suite, de trouver un meilleur équilibre familial.
Références
Siegel, D. et Payne Brison, Tyna (2016) Le cerveau de votre enfant. Guy Saint-Jean Éditeur, 228 pages.
Vous trouverez d’autres informations dans notre dossier Trucs et conseils sur les crises d’enfants.