Commençons par la fin, si vous le voulez bien : en conclusion, la SCP « ne recommande pas la circoncision systématique des nouveau-nés ». Cet avis n’apporte pas de changements important, puisque déjà en 1996, la SCP offrait le même discours, ce qui explique, entre autres, pourquoi la circoncision néonatale est moins fréquente depuis quelques décennies au Canada, avec un taux de 32 % actuellement. En effet, depuis près de 20 ans, on ne recommande pas la circoncision néonatale systématique, car les avantages et les inconvénients s’équilibrent. Pourquoi émettre un nouvel avis, dans ce cas?
Nouvelles données
Des données à jour et de nouvelles études ont incité la SCP à analyser les publications médicales récentes pour offrir un portrait plus éclairé de la circoncision néonatale, en particulier à ce qui a trait à ses avantages, dont entre autres, une diminution des cas d’infections urinaires chez les nourrissons. On estime en effet qu’un garçon sur 100 contracte une infection urinaire avant l’âge d’un mois, alors que les infections urinaires diminuent à 90 % chez les bébés circoncis. Cependant, il est à noter que le risque d’infection urinaire diminue rapidement chez les garçons après quelques mois de vie, pour atteindre une incidence d’un cas sur 1 000 dès l’âge d’un an.
De plus, selon des études d’observations réalisées en Afrique et dans certains pays industrialisés, les hommes non circoncis sont plus à risque de contracter le VIH. Ces études ont aussi démontré que la circoncision diminue les risques d’infections transmissibles sexuellement, comme l’herpès simplex ou le virus du papillome humain.
En outre, si les cas de cancer du pénis sont plutôt rares dans les pays industrialisés (1 sur 100 000), ils se manifestent presque exclusivement chez les hommes non circoncis. Pour leur part, les femmes qui sont leurs partenaires sexuelles présentent également une plus faible incidence de trichomonase, de vaginose bactérienne et de cancer du col de l’utérus.
En résumé…
Bref, selon les données à jour, la SPC est d’avis que la circoncision présente des avantages potentiels pour la santé, mais particulièrement au sein de populations à haut risque. Ainsi, puisque les avantages et les inconvénients semblent toujours s’équilibrer, il devient donc difficile pour la SPC de faire des recommandations applicables sur toute la population canadienne. Ce qui finalement laisse beaucoup de place aux parents pour décider de faire circoncire ou non leurs garçons, selon leurs critères.
La réponse du Conseil canadien pour les droits de l’enfant
Suite à cette sortie de la SPC, le Conseil canadien pour les droits de l’enfant a publié à son tour un communiqué. Dans celui-ci, le Docteur Christopher Guest, directeur médical du Conseil, a émis un nombre important de réserves, que voici.
- De nombreuses études en provenance de différentes associations médicales ont démontré qu’un pénis intact, avec prépuce, contribuait au plaisir sexuel de l’homme, mais aussi de la femme. En effet, le prépuce est une structure érogène complexe et il joue un rôle mécanique durant l’acte sexuel.
- Selon le Docteur Guest, la circoncision constitue une altération de la structure du pénis et, dès lors, en altère les fonctions. Il renchérit que les effets à long terme de la circoncision sur les hommes n’ont jamais été étudiés.
- En 2011, le Docteur Morton Frisch publiait dans l’« International Journal of Epidemiology » qu’au Danemark, où la circoncision néonatale est rare, on associait néanmoins celle-ci à des problèmes sexuels, tel que l’atteinte de l’orgasme.
- Guest contredit aussi l’énoncé selon lequel la circoncision diminuerait les risques de contraction du VIH, puisque ces études n’ont été conduites principalement en Afrique. En outre, les États-Unis, qui ont un haut taux de circoncision, ont aussi un plus haut taux d’infection que le Japon ou la Suède, qui ne pratiquent que très peu la procédure. Ce à quoi il ajoute que : « Le savon et l’eau ainsi que l’usage de condom sont des pratiques beaucoup plus sûres que la circoncision. »
Les droits des enfants
Le Docteur Guest termine son plaidoyer en rappelant que le Conseil canadien pour les droits de l’enfant a déjà publié en 2012 un rapport dans lequel il était stipulé que la circoncision purement esthétique des garçons, réalisée sans leur accord, constituait une véritable violation des droits de l’enfant.