C’est vrai : les deux hormones qui sont responsables de la lactation, soit la prolactine et l’ocytocine, ne sont pas reliées à la grossesse ni à l’accouchement.
En effet, elles sont des hormones produites par la glande pituitaire et non par les ovaires. Ainsi, la production de la prolactine (hormone qui produit le lait) et de l’ocytocine (hormone qui libère le lait) peut être suscitée par la stimulation du mamelon. Même une femme en période de préménopause ou de ménopause, ou une femme qui aurait subi une hystérectomie, peuvent allaiter. Cependant, notez qu’il est peu probable qu’une femme arrive à pratiquer une lactation provoquée sans en éprouver un réel désir, quoique la production de lait maternel est possible dès lors que l’enfant manifeste le désir affirmé de téter.
Études et cas rapportés
- À la stimulation du mamelon répond la sécrétion de prolactine. Les impulsions nerveuses sont ensuite conduites jusqu’à la base du cerveau, provoquant la sécrétion de prolactine par le lobe antérieur de l’hypophyse. La prolactine stimule ensuite de développement des alvéoles sécrétoires et déclenche également la production de protéines lactées, de lactose et la lactation.
- Sous l’action de la succion, l’hormone ocytocine, secrétée par le lobe postérieur de l’hypophyse, provoque la contraction des cellules musculaires responsables de l’écoulement du lait.
- Des grand-mères en Afrique, ayant placé un enfant au sein afin de le calmer en l’absence de sa mère, ont produit du lait alors même qu’elles n’avaient aucune intention de relacter.
- Plus l’enfant est jeune, plus il prendra le sein, surtout s’il a été nourri au biberon. Les enfants de moins de trois mois prennent plus facilement le sein que ceux qui sont plus âgés. (Chez les enfants adoptés, il semble y avoir une démarcation à huit semaines). Plus l’enfant tète, plus il y a, habituellement, production de lait.
Qu’en est-il de la qualité de ce lait, vous demandez-vous? Eh bien, le lait produit par lactation induite, comme celui produit, par exemple, par une mère adoptive, se compare très bien à celui d’une maman biologique, dix jours après l’accouchement, avec une foule de propriétés immunisantes et nutritionnelles. Pas si mal, hein? Certes, il y a des différences mineures dans la concentration de certains nutriments, mais essentiellement, le lait comporte les mêmes vertus que celui d’une mère biologique, en excluant le colostrum.
Quelques gouttes de lait, c’est déjà mieux que pas du tout!
Bien entendu, l’allaitement d’un enfant adopté dépend de plusieurs facteurs. Par exemple, la maman adoptive doit avoir une glande pituitaire, le bébé doit savoir ou apprendre à prendre le sein, et, évidemment, il faut arriver à produire le lait. Le protocole de lactation dépend également du temps que dispose la mère adoptive avant l’arrivée de bébé. Mais attention : la maman adoptive doit être réaliste dans ses attentes – peut-être réussira-t-elle à ne donner que quelques gouttes de lait de son sein à son enfant. Mais quelques gouttes de lait, c’est déjà mieux que pas du tout! Heureusement, la plupart des femmes produiront éventuellement du lait si on laisse le bébé téter. L’important dans tout ça n’est donc pas de produire une quantité assez importante de lait pour nourrir l’enfant. En effet, et la plupart des mamans vous le diront, l’allaitement, c’est le lien unique d’intimité qui se développe avec l’enfant, c’est le tendre contact avec sa peau… c’est un rapprochement sans pareil.
Et en pratique?
Une foule de combinaisons d’outils, de techniques et de protocoles sont possibles lorsqu’on prend la décision d’allaiter son enfant adopté : massage des seins, produits pharmaceutiques, herbes, dispositifs d’aide à la lactation (tels que Medela et Lact-Aid), détermination, confiance en soi, soutien de son entourage et soutien de conseillères en lactation. Aucune mère ne devrait être découragée d’allaiter, si elle veut le faire, sur la seule base que son enfant est trop vieux ou qu’elle-même est trop vieille.
Dans son rapport sur la relactation, le département Santé et Développement de l’enfant et de l’adolescent de l’Organisation mondiale de la santé, mentionne l’importance de rappeler aux femmes qui songent à mettre en route l’allaitement de leur enfant adopté :
- Les bienfaits de l’allaitement et l’importance d’être patiente et persévérante et de renforcer sa confiance.
- Manger et boire suffisamment en plus de tenter de se reposer et de se détendre.
- Faire téter l’enfant le plus souvent possible et le plus longtemps possible, un minimum de 8 à 10 fois par jour, et dès qu’il en manifeste le désir.
- Demeurer le plus possible à proximité de son enfant, le tenir le plus souvent possible contre elle.
- Entre les montées de lait ou si l’enfant ne veut pas téter, ne donnez aucun lait ou préparation lactée au biberon et éviter les tétines.
Vous aimeriez en savoir plus?
- Le docteur Jack Newman, pédiatre de renommée internationale qui a ouvert la clinique d’allaitement au Hospital for Sick Children de Toronto.
- Le site www.asklenore.com offre d’utiles renseignements et protocoles pour l’allaitement d’un bébé adopté.
- Les ligues, regroupements et services de marraines d’allaitement, de conseillères en allaitement ou en lactation, comme Nourri-Source et La Leche, sont des références en or pour vous accompagner dans vos démarches et tout au long de votre cheminement.