Il y a quelques années, la Société canadienne de pédiatrie a révisé à la hausse la période au cours de laquelle l’allaitement exclusif est recommandé pour les bébés nés à terme et qui sont en bonne santé. Jusqu’alors, la SCP, tout comme Santé Canada, recommandait une période de « 4 à 6 mois », alors que maintenant c’est de six mois fermes dont il est question.
C’est que les preuves des bienfaits de l’allaitement s’accumulent et démontrent que plus longtemps l’enfant est allaité, plus il est protégé contre les infections. Le lait maternel contient des anticorps qui aident les bébés à éviter les maladies et à lutter contre elles.
La Société canadienne de pédiatrie fait cette recommandation parce que, selon les chiffres de Statistiques Canada, 85 % des mères allaitent leur nouveau-né, mais seulement 19 % le font en exclusivité jusqu’à l’âge de six mois.
Si vous hésitez et que vous cherchez des arguments en faveur de l’allaitement, en voici quelques-uns.
1. Un aliment complet
Les préparations lactées ont beau satisfaire la faim de bébé, elles ne supportent pas la comparaison avec le lait maternel. Pour prendre un exemple simple que tous peuvent vérifier d’eux-mêmes : la différence entre les selles d’un bébé allaité et celle d’un bébé à qui l’on donne des préparations lactées est frappante dans la texture, la couleur… et la quantité : les selles du premier sont moins abondantes que les deuxièmes parce que la quasi-totalité des composantes du lait maternel est utilisée par le corps de bébé, si bien qu’il ne reste pas grand-chose à éliminer. Dans le cas du lait commercial, comme sa composition est chimique, le système digestif en rejette une bonne partie dans les selles.
2. Aliment santé par excellence
Le lait maternel est reconnu à travers le monde pour ses qualités immunitaires. Il contient des anticorps qui renforcent son système immunitaire qui est bien faible à la naissance. Ça ne veut pas dire que bébé ne sera jamais malade, mais il le sera sûrement moins souvent et moins longtemps qu’un bébé qui n’est pas allaité.
3. Toujours prêt
Le lait maternel est toujours frais et à la bonne température, il a une consistance idéale, ni trop épaisse, ni trop claire et il contient toujours la bonne quantité de nutriments nécessaires au développement de bébé. Que l’on soit à la maison ou en déplacements, on n’a pas à chercher loin pour le nourrir! Ce qui, particulièrement la nuit, est un avantage considérable.
4. Processus automatique
Vous n’avez rien de particulier à faire pour produire du lait. Tout de suite après l’accouchement le processus se met en branle naturellement et dès la première tétée, le corps reçoit le signal de produire du lait. Plus les boires seront fréquents, plus le corps fabriquera de lait. On ne peut pas être en rupture de stock quand l'allaitement est régulier.
5. Rapprochement affectif
Il est aussi reconnu que la mère qui allaite développe une relation d’intimité particulière avec son bébé. Cela ne veut pas dire que la mère qui n’allaite pas n’aime pas son enfant autant que celle qui l’allaite, mais le contact régulier peau à peau, le corps de la mère qui réagit à chaque tétée, le fait que la mère et l’enfant soient en contact répété conduit inévitablement à une relation d’affection, de calme et de complicité entre les deux.
6. Aliment économique
Bien sûr, on n’allaite pas uniquement dans le but d’économiser le coût des préparations lactées, mais il faut avouer que l’allaitement permet de réaliser des économies substantielles.
7. Perte de poids accrue
L’allaitement facilite la perte de poids chez la mère parce qu’il puise dans les réserves de gras accumulé durant la grossesse. Lorsque vous allaitez, vous devez absorber environ 500 calories de plus par jour, mais le corps brûle 940 calories pour chaque litre de lait qu’il fabrique. La perte de poids, environ un kilo par mois, sera lente, mais continue.
8. Économies en soins de santé
Comme les bébés allaités ont moins d’otites, de coliques, de problèmes intestinaux ou respiratoires parce que leur système immunitaire est renforcé, l’économie en soins de santé est réelle. En fait, on avance même que si 60 % des bébés étaient allaités pendant trois mois on économiserait cinq millions en frais médicaux. Alors si on poursuit jusqu’à six mois, on imagine facilement les effets sur notre système de santé!
9. Conséquences à l’échelle planétaire
On estime que l'augmentation mondiale de seulement 8 % de l'allaitement exclusif jusqu'à six mois a permis d'éviter un million de cas de mortalité infantile, de réduire de six cent mille cas les problèmes de la fertilité et d'épargner aux pays des milliards de dollars de lait maternisé inutile.
Pour être honnête, il faut souligner que l’allaitement ne va pas sans sacrifices. La mère est constamment sollicitée : le lait maternel est si facile à digérer (environ 1h30) que le bébé allaité boira beaucoup plus souvent qu’un bébé qui reçoit des préparations lactées, en moyenne à toutes les deux à trois heures, donc de huit à douze fois par jour.
Maman dort moins parce qu’elle peut difficilement demander au papa de prendre la relève, pas beaucoup d’alcool, pas trop de café… De plus, il ne faut pas oublier que les enfants allaités devraient recevoir des suppléments quotidiens de vitamines D en attendant que leur régime leur assure une quantité suffisante.
Il revient à chacune de peser les pour et les contre, d’évaluer sa capacité à vivre cette implication sereinement et de décider le temps que l’aventure durera. Si pour toutes sortes de raisons vous n'y arrivez pas et que vous êtes stressée, vous allez transmettre votre nervosité à bébé qui refusera de collaborer. Mais soyez assurées que tout le lait maternel que vous donnerez à votre bébé vaut son pesant d’or qu’aucune pilule ni aucun lait commercial ne peuvent procurer.
Sources : La Société canadienne de pédiatrie, Santé Canada