Famille

COVID-19 et partage du temps de garde - Où en sommes-nous?

Il y a maintenant un mois que le Québec est sur pause en raison de la pandémie du coronavirus. Plusieurs questions se sont bousculées depuis dans la tête des parents séparés : Est-ce que mes enfants peuvent continuer à voir leurs deux parents? 

Que faire si on mon ex travaille dans le domaine de la santé, réside dans une région éloignée, ou a une famille recomposée ? Les réponses à ces questions se sont précisées depuis. Les voici.

Les 6 principes importants

Les tribunaux fonctionnent à vitesse réduite et seules leurs véritables urgences peuvent actuellement être entendues. Ils ont rapidement reconnu que la pandémie de la COVID-19 ne constitue pas une urgence en soi au point de vue juridique. 

  • Un mois après la pandémie, il se dégage 6 principes importants  :
  • En principe, les jugements et ententes de garde doivent être respectés;
  • Les consignes sanitaires doivent être respectées par les deux parents, ainsi que toutes les personnes qui habitent avec eux; 
  • Si vous croyez que le maintien de l’entente ou du jugement de garde compromet la sécurité de votre enfant ou contrevient aux consignes, vous ne pouvez pas décider seul de changer les termes d’un jugement ou d’une entente;
  • Il sera opportun de modifier les termes de l’entente ou d’un jugement si l’un des parents ou membres de sa famille était atteint par la COVID-19, ou encore si l’enfant le devenait; il est judicieux de tenter de prévoir à l’avance la meilleure solution avec l’autre parent avant que ces situations ne surviennent;
  • Il est conseillé de discuter avec l’autre parent de vos préoccupations et des mesures qui peuvent être prises pour assurer au maximum la sécurité de tous; par exemple, certains parents choisissent ensemble d’appliquer des normes plus sévères que celles prescrites par le gouvernement, en évitant notamment que les enfants des familles recomposées se trouvent dans la même maison au même moment, en choisissant d’étendre les périodes de temps parental à 14 jours, en prévoyant des contacts par visioconférence, etc.; 
  • S’il est difficile de communiquer, mais que vous croyez que le temps parental devrait être modulé différemment en raison de la pandémie, consultez un médiateur familial pour vous assister dans vos discussions; vous bénéficiez probablement d’au moins 2.5 heures gratuites pour en discuter ensemble par visioconférence; en cas d’échec de la médiation ou de refus d’y participer, consultez un avocat;
Questions / Réponses

Le Ministère de la Justice a mis en ligne une Foire aux questions concernant le temps parental partagé en période de pandémie. On y apprend notamment que le fait pour un parent de travailler dans le système de santé ne justifie pas de modifier les termes d’un jugement et que des parents dans des régions éloignées peuvent continuer à exercer leur temps de garde. 

Des nouvelles du Palais de Justice

Voici un résumé de quelques jugements rendus au Québec depuis le début de la pandémie sur cette question :

  • Droit de la famille — 20474 : Lorsque les consignes sanitaires sont respectées et en l’absence de symptôme, il n’y a pas lieu de modifier l’horaire de garde; 
  • Droit de la famille – 20506 : Bien que le père travaille dans le milieu de la santé, rien dans la preuve ne permet de constater qu’il ne respecte pas les consignes sanitaires; Devant le refus du tribunal de modifier le temps parental, la mère, qui voulait protéger son jeune bébé né d’une autre union, suspend son temps parental auprès de l’enfant;
  • Droit de la famille – 20515 : Le père a retenu les enfants, en refusant qu’ils se rendent chez la mère sous prétexte que celle-ci habite dans une autre région; la Cour rejette la demande du père de modifier le temps parental, et le condamne à verser 700$ pour les frais d’avocats de la mère;
  • No 505-04-027871-193, Chantal Lamarche, J.C.S. : Le temps parental est maintenu, mais le tribunal ordonne aux parties de ne pas être en présence de tiers, y compris les nouveaux conjoints des parties et leurs enfants, avec qui ils ne résident pas et ce, même lorsqu’ils n’ont pas la garde des enfants;
  • Les capacités parentales des parents sont présumées par la Cour supérieure. Le parent qui souhaite modifier les ordonnances de garde aura donc le fardeau de démontrer que l’autre ne respecte pas les consignes de sécurité. 
  • De manière plus générale, tout parent qui souhaite modifier les termes d’un jugement actuellement devra démontrer 1) une urgence à le faire et 2) que cette modification est faite dans le meilleur intérêt de l’enfant (33 CcQ) et afin d’assurer sa sécurité (32 CcQ).
  • Comme le soulignait la Cour supérieure de l’Ontario, en cette période de crise, les familles ont besoin de plus de collaboration et de moins de conflits.
Visites supervisées, DPJ et Femmes victimes de violence conjugale
  • Depuis le 20 mars 2020, les contacts entre les enfants placés en famille d’accueil et leurs parents sont suspendus. Il en va de même pour les parents qui voyaient leurs enfants dans des centres de visites supervisées (ex. : Maison Desjardins et SOS Jeunesse). 
  • Depuis le 11 avril 2020, les parents hébergés dans une maison d’hébergement pour victimes de violence conjugale qui ont la garde de leurs enfants voient le temps de garde de l’autre parent suspendu. Ces maisons prévoient un isolement de 14 jours suite à une sortie de la maison d’hébergement, ce qui rend impraticables les contacts avec l’autre parent. 

Si vous êtes victime de violence conjugale, des ressources existent pour vous aider. Consultez le http://www.sosviolenceconjugale.ca/. On y explique notamment comment effacer toute trace de votre visite sur ce site web.

Valérie Laberge
Avocate en droit de la famille

Valérie Laberge est avocate et exerce en droit de la famille depuis son admission au Barreau en 2009. Elle est titulaire d'une maîtrise en droit privé – ses travaux de recherche portent sur la garde partagée. Elle est membre du Comité du Barreau du Québec en droit de la famille et a publié de nombreux articles et commentaires de jurisprudence dans le domaine. Valérie est aussi maman de deux jeunes garçons. Pour plus d’information sur sa pratique, rendez-vous sur son site ou sur sa page Facebook.


Cette semaine
Les mots de Passe-Partout : pour apprendre en s’amusant

Cette émission jeunesse a marqué plus d’une génération, nous sommes nombreux à avoir grandi en compagnie de Passe-Montagne, Passe-Carreau et Passe-Partout.

20 cabanes à sucre familiales

Puisque le goût de l’érable coule dans nos veines, allons s’en pourlécher les babines encore cette année! Voici des suggestions de cabanes à sucre dans toutes les régions du Québec.

Le RQAP : plus flexible que jamais

Présenté par le Gouvernement du Québec.

Saviez-vous que le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) vous permet de concilier encore plus facilement vos responsabilités familiales et professionnelles? 
 

Sarah-Jeanne Labrosse raffole de ces produits pour bébé

Dans un monde où la peau délicate des tout-petits demande une attention particulière, les soins Mustela émergent comme un phare de confiance offrant des produits qui évoquent la tendresse et le réconfort d’un câlin.