Famille

Famille recomposée: quand mon enfant s’éprend du tien

«Mon demi-frère serait donc amoureux de moi?» Alors que je lisais ces mots en corrigeant le roman jeunesse de l’auteure Mylène Fortin On s’en fout des garçons 2 Parents en grève, je me sentais perplexe.

Les enfants de familles recomposées qui se connaissent depuis peu et n’ont pas de liens de sang peuvent-ils développer une relation sentimentale? Cela va à l’encontre de leur statut fraternel, de l’éthique pour certains, mais demeure plausible…

L’ouvrage de chez Andara, qui sortira en librairie le 20 février prochain, s’avère une œuvre de fiction. De surcroît, l’attrait que les triplets (Alex, Félix et Xavier) ressentent pour leur nouvelle demi-sœur (Fleur) dans le récit se veut accessoire. Pourtant, ma lecture m’a donné envie de creuser la question de «l’amour passionnel» à travers la famille reconstituée. Elle ne m’avait jamais encore effleuré l’esprit, et suscitait en moi plusieurs débats.

Virginie Lavoie-Dugré, sexologue et psychothérapeute, a accepté de plonger dans ce sujet délicat. Elle m’a même avoué avoir reçu plusieurs témoignages liés aux sentiments entre quasi-frères et sœurs avant l’entrevue.

«Les parents risquent de mettre un certain temps à découvrir ce genre de situation, expliquait-elle, car lorsqu’ils conçoivent une nouvelle famille, ce n’est pas une option à laquelle ils ont préalablement réfléchi.»

Pourquoi ça arrive?

La sexologue m’a aidée à mieux comprendre ce qui peut amener à percevoir un nouveau membre de sa famille comme un amoureux potentiel: «L’intensité avec laquelle les jeunes investiront la relation (lorsqu’une famille se reconstitue) peut varier beaucoup. Certains considéreront tout de suite les enfants du conjoint de leur parent comme leurs véritables frères et sœurs, surtout s’ils sont plus petits. D’autres les verront tout simplement comme des cousins ou encore comme des amis. L’investissement n’est pas toujours le même. C’est ce qui peut expliquer que le tabou de la famille et de l’inceste soit transgressé.»

Selon la spécialiste, on ne peut toutefois pas forcer l’attachement fraternel dès le début. «En partant, je suggère aux parents de familles recomposées de laisser leurs enfants choisir l’intensité avec laquelle ils souhaitent établir la relation avec les nouveaux membres de leur clan», spécifie Virginie Lavoie-Dugré.

D’après la sexologue, l’ouverture d’esprit s’avère également de mise si les adultes d’une récente union découvrent une idylle entre leurs enfants respectifs.

D’abord et avant tout, ils doivent creuser les choses pour vérifier s’il n’y a pas d’abus (menaces, chantage, gestes forcés, etc.). Dans ce cas, la spécialiste précise qu’on entrerait dans une autre zone, celle de l’agression sexuelle.

Gérer la situation

Si toutefois les deux enfants agissent de leur plein gré, voici ce que Mme Lavoie-Dugré recommandait: «Initialement, j’inviterais chaque parent à s’assoir séparément avec son propre enfant pour discuter de la situation et obtenir la vision du jeune. Ensuite, je proposerais aux parents d’échanger seul à seul, puis je leur suggérerais de se réunir les quatre, pour parler.»

Aux dires de la psychothérapeute, interdire d’emblée les sentiments amoureux constituerait une erreur majeure. Les jeunes risqueraient de se sentir incompris. De surcroît, ils transgresseraient probablement davantage les limites, comme le font souvent les adolescents. Cela envenimerait les choses. «Il ne faut pas oublier que les enfants sont déjà sûrement perturbés par le divorce de leurs parents et pourraient ainsi vouloir prouver, coûte que coûte, que leur relation, à eux, peut durer, pour entrer dans une sorte de compétition», lançait-elle.

Toutefois, accepter ne signifie pas «laisser toute la place à l’amour juvénile». L’intervenante soutenait: «Chaque parent, de toute façon, a des limites. C’est encore plus important de les poser, dans ce genre de cas-là, comme les enfants habitent sous le même toit. Les adultes doivent déterminer le cadre à travers lequel les jeunes peuvent évoluer à la maison, pour éviter les malaises, tant pour eux que pour les jeunes enfants vivant sous leur toit. Je dis à la maison, car je n’irais pas jusqu’à contrôler ce qui se passe ailleurs, si les jeunes souhaitent s’afficher à l’école ou dans leur groupe d’amis, par exemple.»

Pour elle, la famille doit être un lieu sécuritaire pour tous: «Si on essaie d’expliquer aux plus jeunes que la sexualité ne se vit pas à l’intérieur de la famille (afin de les sensibiliser au tabou de l’inceste) et que, tout à coup, ils voient deux membres de leur noyau familial développer une relation, ils peuvent s’en trouver confus. Il est important aussi que les jeunes frères et sœurs se sentent à l’aise dans leur propre maison et ne se demandent pas s’ils peuvent écouter un film dans le salon quand les plus vieux y sont et s’embrassent, entre autres.»

Assumer ses décisions

Même s’ils respectent leurs jeunes, les parents doivent également préserver leurs propres valeurs. Par exemple, ils pourraient déclarer: «Je n’interdis pas ce qui se passe, mais je n’encourage pas nécessairement cette situation floue, compte tenu des liens qui vous unissent. Je vous demande aussi de demeurer conscients de l’image que projette la famille.»

Sur cette lancée, les parents ont tout à fait le droit de demander aussi à ce que les démonstrations visibles d’amour n’aient pas lieu à la maison.»

Ils devront aussi inévitablement tenir tête à leur entourage. Mme Lavoie-Dugré établissait une comparaison intéressante: «En fait, je vois ça un peu comme ce que vit une famille homoparentale qui a à gérer le regard des autres. Même si la variété d’unions existantes est de plus en plus acceptée, dès qu’on sort du cadre, on s’expose au jugement. Donc, on gagne à assumer qu’on va déranger.»

Les couples font leurs propres choix de vie et ne doivent pas sentir une pression de se justifier constamment. «Ils peuvent préparer ce qu’ils sont confortables ou non de dire à l’avance et, encore là, fixer des limites concernant la discussion», expliquait la sexologue.

En cas de riposte, les parents des jeunes amoureux pourraient dire: «Je comprends que tu n’aies pas la même vision que moi à ce sujet, ça n’a pas toujours été facile pour moi non plus, mais voici où j’en suis maintenant et je te demanderais de me respecter.»

Les professionnels comme Virginie Lavoie-Dugré demeurent également disponibles pour offrir des outils sur mesure. Sinon, les livres comme On s’en fout des garçons 2 Parents en grève offrent la possibilité d’ouvrir la discussion avec les jeunes.

Publication initiale février 2019

Image de Mireille Lévesque


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