Sans avoir la maturité des grands, les petits aînés ont déjà beaucoup plus de force physique et d’habiletés que leurs cadets, ce qui leur permet généralement de devenir des héros. Quand c’est le cas, la dynamique est assez extraordinaire et les enfants trouvent chacun un rôle à jouer qui leur convient et les valorise.
Dans d’autres familles, toutefois, les aînés utilisent cette force de manière plus ou moins cruelle afin d’imposer certaines choses. De temps en temps, des plans sont même élaborés et impliquent de laisser les plus jeunes se faire prendre à la place des plus grands, de ramasser pour eux ou simplement de faire des bêtises. Quand est-ce qu’on doit intervenir dans ce jeu de « pouvoir »?
Quand c’est de la jalousie
Parfois, c’est depuis l’arrivée du plus jeune qu’il y a quelque chose qui cloche. L’aîné qui n’a pas aimé qu’un bébé vienne lui voler toute l’attention des parents n’apprécie toujours pas qu’il se fasse applaudir pour des choses aussi triviales que dire le mot pamplemousse ou empiler quelques blocs. Avant l’âge de quatre ans, votre enfant suivait ses pulsions et embêtait le plus jeune presque par réflexe, mais en grandissant, ce n’est plus le cas. S’il continue de mettre son petit frère ou sa petite sœur dans des situations impossibles, s’il le blâme constamment pour tout ce qu’il fait de mal et s’il lui fait accomplir toutes les tâches qu’on lui demande, c’est peut-être pour attirer votre attention. Pour certains enfants très en manque d’attention, se faire chicaner est mieux que rien.
Si vous soupçonnez que c’est le cas chez vous, plutôt que de le chicaner régulièrement et de le faire passer pour le mauvais frère ou la mauvaise sœur, consacrez-lui quelques minutes par jour en duo. Vous verrez vite si un surplus d’attention lui fait le plus grand bien. Peut-être aussi que le fait de voir comment un plus grand (vous) se comporte bien en solo avec un plus petit (lui) lui donnera envie de reproduire cette relation et de prendre soin de son petit frère ou de sa petite sœur au lieu d’en profiter.
Quand c’est de la paresse
Peut-être que vous avez remarqué que votre plus vieux fait tout faire à son petit frère ou à sa petite sœur. « Va me chercher un jus! », « Va jeter mon contenant! », « Va demander à maman si on peut aller au parc! ». C’est pratique d’avoir un petit valet à portée de main! Surtout que souvent, le plus petit est tellement en admiration devant son frère ou sa sœur ainé que c’est un jeu d’enfant de lui faire faire n’importe quoi.
Dans ce cas, il suffit généralement de leur en parler pour que la dynamique change. Dès que le plus grand se fera dire officiellement qu’il doit s’occuper de ses tâches tout seul et que le plus jeune saura qu’il peut lui répondre « fais-le toi-même », il y aura un malaise à le demander. Quand vous donnerez de plus longues tâches, comme faire leur chambre, par exemple, vous pouvez surveiller du coin de l’œil ou occuper le plus jeune pendant que le plus grand fait ce qu’il a à faire.
Et quand c’est volontaire?
Si vos enfants sont plutôt coincés dans un cercle vicieux, et que le plus grand profite simplement de la naïveté et de la gentillesse du plus petit, c’est une autre histoire. Vous devrez travailler sur la relation que les enfants entretiennent.
Évidemment, on voudrait que l’amour que le plus grand porte à son cadet soit suffisant pour le rendre agréable et protecteur, mais tout n’est pas aussi rose dans le monde des frères et sœurs. Parfois, c’est aux enfants, et aux enfants seuls, d’imposer le respect. Si c’est le cas chez vous, plutôt que de donner un rôle de victime au plus jeune, enseignez-lui à répondre et à se défendre. Si l’autre lui demande d’accomplir des tâches à sa place ou d’accomplir des tâches douteuses, qu’il dise non. Peut-être qu’il ne comprend même pas qu’il en a le droit de refuser et, s’il parvient à tenir tête quelques fois à cet autre enfant bien plus grand que lui, les deux en tireront de bonnes leçons et leur relation s’améliorera.