Famille

Est-ce que vous élevez souvent le ton?

De temps en temps, les parents élèvent la voix quand ils parlent. Tous les parents? Peut-être pas tous, mais presque, et c’est une des choses dont ils sont le moins fiers.

D’après une étude publiée dans le Journal of Marriage and Family, 88 % des parents avouent crier après leurs enfants. Évidemment, personne n’en est bien fier. En fait, c’est probablement ce dont les parents ont le plus honte.

Les enfants sont adorables. On les aime plus que tout au monde et souvent, on les laisse s’en sortir avec des comportements qu’on n’aurait jamais acceptés chez un adulte. C’est normal qu’ils fassent des erreurs, ils sont petits, mais c’est tout aussi normal pour un parent d’avoir une moins bonne journée et d’avoir moins envie de se faire tenir tête.

Pourtant, s’il est vrai que nous avons le droit d’être fatiguées et découragées, il est aussi vrai que les cris sont néfastes pour les enfants. Comment faire pour équilibrer tout ça?

Pourquoi crie-t-on?

D’habitude, quand on se fâche et qu’on devient une mère indigne qui parle fort et qui dit des choses qui dépassent la pensée, c’est parce qu’on a essayé beaucoup de choses. Quand on a dit deux ou trois fois la même chose, qu’on a compté jusqu’à 5 et qu’on avait mis des limites, c’est fâchant de se faire rire au nez par quelqu’un qui nous arrive à la taille et qui a l’air de penser qu’il va s’en sortir sans conséquence.

C’est aussi vrai quand on se fait manquer de respect en public, que notre enfant profite de la présence de la famille pour écouter moins bien que d’habitude ou qu’il nous crie des méchancetés sans nom parce qu’on n’a pas voulu le laisser se brûler les doigts sur une chandelle!

Il y a un moment où c’est assez. Ce moment arrive plus vite quand on a eu une mauvaise journée. On crie des « pourquoi », des « tout le temps », des « jamais », des « voyons donc », des « tu es tellement… » et des « é-cœu-rée ». En le disant, on voit bien qu’on y a été un peu fort. Il ne reste pas grand-chose à nos enfants quand ils pensent qu’on ne les aime plus, même pendant quelques minutes.

Les remords et la réalité

C’est à ce moment-là qu’on a des remords. Non seulement on se sent mal quand notre enfant pleure par notre faute, mais les spécialistes confirment que le fait de crier est aussi dommageable pour notre enfant, sinon pire, qu’une claque et ce, que l’enfant soit très jeune ou adolescent. « Crier, c’est de la violence. Quand on crie, on dit des paroles blessantes, et cela laisse des traces de la même façon que la violence physique », dit Carl Lacharité, psychologue à l’Université du Québec à Trois-Rivières, et directeur d’un centre d’études sur le développement de l’enfance.

Les enfants sont très marqués par nos gestes agressifs et s’excuser ne compense pas toute la vigueur d’une crise bien explosive.

Des solutions

Quand on se sent déjà très mal, rien ne sert de s’accabler davantage. Il faut simplement se calmer, s’assoir et s’expliquer. Comme on ne veut pas enseigner à notre enfant à excuser son agressivité, il faut montrer l’exemple, faire preuve d’humilité et accepter nos torts.

Son comportement n’était pas acceptable, mais on n’avait aucune excuse pour agir de la sorte. On l’aime même s’il fait des erreurs, nous sommes tous humains, avec nos faiblesses et il faut qu’on apprenne à travailler ensemble en faisant de son mieux. Voilà le message qu’il faut faire passer.

Il faut aussi faire un plan parce que l’organisation est plus forte que l’impatience. Quand on a constaté à quel point nos cordes sensibles ébranlent l’ambiance familiale, mieux vaut éviter d’exploser à nouveau et élaborer un système de conséquences.

Des conséquences claires

Établissez d’avance des conséquences claires et en lien avec les mauvaises actions. Par exemple, priver un adolescent de jeux vidéo parce qu’il y a trop joué et a obtenu de mauvaises notes est cohérent.

Pensez aussi que les tout-petits sont très fragiles et même s’ils vous donnent beaucoup de fil à retordre, ils n’ont pas besoin de grosses conséquences pour comprendre le message. On dit qu’une minute de retrait par année de vie est suffisante. Un enfant de trois ans n’a donc pas besoin de plus de trois minutes de retrait.

Ces conséquences simples et convenues vous permettront de vous détacher émotionnellement des événements. Vous n’aurez pas d’impact direct, vous ne prendrez pas de décision démesurée sous le coup de la colère, vous suivrez les règles et c’est tout. C’est la meilleure façon d’éviter des débordements que vous aurez ensuite de la difficulté à effacer.

N’hésitez pas à monter ce plan avec les enfants. Ils verront à quel point un comportement précis vous irrite et auront l’impression de travailler dans la même direction que vous.

Aussi, si vous vous êtes fâchée et que vous avez besoin de réconfort, lisez ce texte des (Z)imparfaites. Vous y verrez que vous n’êtes pas seule à chercher des façons de parfaire votre patience.

Image de Anne Costisella

Anne Costisella est diplômée en communication publique à l’Université Laval et maman de deux enfants. En plus d'être une rédactrice web d'expérience,  Anne est aussi l'auteure du blogue Techno Maman


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