Famille

Culpabilité parentale

De retour d’une semaine de voyage d’affaires, Denise tenait à aller chercher sa fille à l’école. Arrivée à la maison, elle ouvre sa boîte à lunch et découvre un petit mot, écrit à la main par fillette :

«Je tème ma pusse. Passe une belle journée ! -Maman »…

J’écoute Denise me partager sa tranche de vie et j’ai les yeux mouillés! J’imagine déjà son cœur de mère faire « squeek » et le sentiment de culpabilité monter... Parce que moi aussi je voyage parfois… Comme pour Denise, mon travail est une vocation. Par contre, je ne suis pas toujours en paix avec mes choix et au moindre détour, à la moindre note du professeur dans l’agenda ou encore au moindre petit oubli, cette sournoise culpabilité m'envahit…

Je ne sens pas que j’offre toujours à mes enfants la présence que j’idéalise. Partagée entre les idéaux sociaux, mes bouquins sur le développement de l’enfant qui regorgent de conseils de professionnels et la pression que je m’impose, j’avoue me demander parfois si je ne suis pas cordonnière mal chaussée! Les questions tournent dans ma tête: Qu’est-ce que je fais de mal? Est-ce que mon enfant va souffrir de mes absences? Serait-il préférable que je sois moins épanouie professionnellement mais plus présente à la maison?

À ce moment, je me projette dans la réalité de Denise et je réagi selon mes bibittes, mes références et mes culpabilités. La culpabilité est ce regard dur tourné vers soi et qui nous empêche d’avancer. Mon étonnement est grand lorsqu’elle me dit qu’elle ne comprends pas ma peine. Au contraire, cette note que sa fille a écrit pour combler son absence lui a fait plaisir!

La compassion c’est plus léger!

Avec un air de légèreté, Denise me dit qu’elle a été valider avant de se culpabiliser. Fillette lui a nommé qu’elle était tannée des autres qui avaient des mots dans leur boîte à lunch et qu’elle s’en était écrit un, tout simplement. Elle n’en veut pas à sa mère d’être partie parce que lorsqu’elle revient, elle lui fait découvrir le monde, lui partage des photos et que papa lui fait des soirées spéciales!

On dit que l’esprit, comme la nature, a horreur du vide. Se pourrait-il qu’une fois bébé sorti du ventre, on s’empresse à remplir cet espace par la culpabilité parentale :-) ? Est-ce qu’on peut troquer la culpabilité par un peu plus de compassion envers soi? J’envie la capacité de détachement de Denise: moi aussi j’aimerais avoir cette approche simple et légère!

Les sites Internet regorgent de trucs, conseils et astuces afin d’aider notre enfant à se développer, apprendre et grandir en beauté. Les motifs d’auto-flagellation parentale abondent également. Comment s’y retrouver alors que notre réalité nous renvoie constamment au fait que nous n’avons pas une minute à nous? Comment font celles qui arrivent à lâcher prise et accepter que tout ne soit pas parfait? Comment Denise arrive-t-elle à prendre ce recul qui lui permet de valider avant de se culpabiliser? Et finalement, comment soutenir le regard des autres lorsqu’on a “encore” oublié la collation spéciale? La peur de vivre une évaluation négative de nos habiletés parentales est omniprésente.

Une position d’apprenant

Pourtant, nous faisons de notre mieux et savons que le rôle parental en est un d’apprentissage. Il est absurde de constater qu’on peut se sentir coupable alors que nous sommes en apprentissage!

Dans l’acquisition de nouvelles fonctions au travail ou dans un loisir, nous acceptons de reconnaître que nous en avons encore à apprendre. Sans minimiser nos responsabilités, il devrait en être tout autant pour notre rôle parental. J’ai pourtant été patiente envers fiston lorsque je lui ai montré à marcher, à faire ses boucles, à compter. Pourquoi ne puis-je développer cette même patience envers moi?

Des chercheurs américains démontrent que la culpabilité parentale s’appuie sur deux impressions; celle d’avoir des exigences élevées face à soi  et celle d’être l’unique responsable du développement de son enfant. (Liss, Shiffrin & Rizzo, 2012) La meilleure attitude envers la parentalité est d’accepter que celle-ci est un processus qui évolue, que nous faisons des efforts dans notre rôle et que d’élever des enfants est une responsabilité collective.

Ça prend tout un village…

Qui a dit que la parentalité se vit uniquement au sein des familles nucléaires? Ce concept occidental est considéré antinaturel par plusieurs anthropologues et spécialistes des sciences sociales. Il est plus naturel ( et moins culpabilisant) d’élever les enfants dans de petits groupes coopératifs et d’accepter de partager les rôles. Ne dit-on pas que ça prend tout un village pour élever un enfant?  Oncles, tantes, grand-parents, voisins, groupes d’entraide, amis, etc.

La mère de Jérôme adore faire des gâteaux et des petits mots? Parfait! je lui demande d’en ajouter pour mes trois mousses une fois de temps en temps et en échange je reçois les siens après l’école à la maison pour une soirée de jeux. Le père de Nico adore les excursions? Je lui envoie mes plus grands et vais porter les siens au soccer lorsqu’il travaille plus tard.

Qui a dit que je devais tout faire toute seule? Seul on va vite et on s’épuise mais ensemble, on va plus loin avec un peu plus de légèreté! J’ai déjà hâte à mon prochain voyage d’affaires!

Cadleen Désir
Psychopédagogue

Fondatrice et directrice générale de Déclic, Cadleen Désir a orienté sa carrière vers le soutien pédagogique des enfants d’âge préscolaire. Bachelière en psychologie et psychopédagogue, Cadleen a toujours eu à cœur le bien-être des futures générations. Déclic est un réseau de cliniques qui a pour mission de faire briller le potentiel des enfants à besoins particuliers. Dévouée à sa cause, elle siège auprès de divers comités et conseils d’administration d’organismes dédiés à l’enfance. Elle a cofondé un projet de garderie pour les enfants avec des allergies alimentaires. Cadleen s’implique comme accompagnante au CHU Ste-Justine et participe à la mise sur pied d’une fondation pour l’accessibilité des services auprès des enfants vulnérables.


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