La grande école : Période d’adaptation
Quand notre enfant commence l’école, nous sommes déjà aux prises avec une tornade d’émotions : excitée de le voir commencer une nouvelle étape, inquiète de ne plus avoir nos yeux sur lui et nos oreilles à son écoute à tout moment, et, avouons-le, un peu anxieuse de voir comment il s’adaptera à l’école, à sa classe, aux nouvelles consignes à suivre et aux amis qu’il se fera.
Une fois la routine bien établie, ces inquiétudes sont remplacées par le constat que votre enfant change, et pas seulement en bien! Avec les apprentissages de l’école, vient aussi l’influence des amis qui proviennent de familles différentes de la vôtre, la présence d’enfants plus vieux qui sont bien impressionnants et surtout, un genre de mini-société qui s’établit avec chaque enfant qui occupe un rôle dans ce groupe.
À cause de cette dynamique, votre enfant change : il peut soudainement commencer à avoir des comportements qu’il sait pertinemment ne pas être adéquats, commencer à utiliser un langage qui vous fait friser les oreilles et tenter de s’affirmer de manière un peu maladroite. Même l’enfant qu’on surnommait le petit ange peut à présent revenir avec une note du professeur pour vous avertir d’un incident qui vous déçoit. Nous avons parlé avec Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice, qui nous explique à quoi les parents peuvent s’attendre durant les premières semaines de l’entrée à la maternelle, et comment gérer ces défis en respectant la nouvelle indépendance de nos enfants.
L’enfant qui mord et griffe
Votre enfant sait qu’il ne faut pas mordre, griffer ou être agressif envers son entourage. Enfin, vous pensiez qu’il le savait! C’est donc normal que vous vous sentiez un peu désemparée en constatant qu’il présente ce comportement négatif et que vous ayez l’impression que tout ce que vous lui avez appris à 2-3 ans est à refaire. Mme Deslauriers nous rassure en expliquant qu’un enfant qui se met à avoir des comportements considérés négatifs ne le fait pas habituellement parce qu’il est fâché ou agressif, mais bien parce qu’il répond à un besoin d’appartenance, ce besoin qui le pousse à imiter les autres afin d’être accepté et inclus dans le groupe.
Mais qu’est-ce qu’on peut faire pour lui faire comprendre que ce comportement est inacceptable et qu’il doit respecter les règles de la maison et de l’école? Selon Mme Deslauriers, l’important est de le responsabiliser en lui faisant prendre conscience de ses choix : « On peut poser des questions à notre enfant pour le faire cheminer mentalement. On peut également lui apprendre à s’affirmer afin que ses choix soient respectés par ses pairs. »
Un vocabulaire et une personnalité qui évolue
Les enfants sont censés aller à l’école pour enrichir leur vocabulaire et avoir des expériences qui formeront leur personnalité, mais comme vous pourrez le constater, ce n’est pas toujours pour le mieux! Lorsque ma plus vieille a commencé la maternelle, en une semaine elle avait remplacé maman pour « dude » et jouait à l’ado-en-devenir en roulant des yeux et en me lançant avec dédain « T’es pas cool man ». Dur, dur pour l’égo d’une maman qui tenait le rôle le plus important dans la vie de ses enfants de réaliser qu’elle devient déjà un peu moins populaire auprès de ses enfants qui sont confrontés à de nouveaux modèles comme les professeurs, les amis et les camarades de classe.
Ça peut sembler inquiétant de ne plus être en contrôle du vocabulaire de notre enfant, mais Mme Deslauriers conseille de pratiquer le lâcher-prise et de choisir ses batailles : « Si on intervient sur le langage anodin en vogue, les parents vont se sentir épuisés de toujours être en train d’intervenir et l’estime de l’enfant risque d’être minée à long terme puisqu’il se sentira comme s’il ne fait jamais rien de bien, ce qui génère une atmosphère familiale désagréable. Il vaut mieux se concentrer sur les jurons et les mauvais mots. C’est tout à fait indiqué pour le parent d’établir des limites et de l’outiller pour qu’il reste lui-même malgré les influences extérieures tout en respectant sa réalité et sa génération. »
Comment gérer les mauvaises influences?
Même si on voulait enfermer nos enfants dans une bulle qui les protège des mauvaises influences, nous savons toutes que c’est impossible! Sommes-nous donc impuissantes devant les influences extérieures? Pas du tout, selon Mme Deslauriers : « Les enfants agissent de façon inappropriée parce qu’ils perçoivent en retirer un avantage. C’est donc important pour les parents de leur apprendre à se faire confiance et à s’affirmer. D’un autre côté, les parents doivent démontrer à leurs enfants quelles sont les conséquences négatives de leur comportement et leur proposer des comportements compensatoires et plus productifs afin qu’ils puissent apprendre à naviguer le monde des habiletés sociales. »
Comme elle nous l’explique, le plus important c’est d’avoir confiance en notre enfant et de le laisser prendre ses propres décisions en le guidant, puisque si nous prenons toutes les décisions pour lui, il n’apprendra pas à suivre son instinct. Dans l’exemple d’un ami qui influence négativement votre enfant, elle conseille d’éviter d’empêcher votre enfant d’être en contact avec lui, puisqu’en le faisant, vous encouragez votre enfant à vous mentir et à vous cacher des choses. De plus, un enfant qui est une mauvaise influence l’est souvent parce qu’il vit lui-même des problématiques à la maison et d’encourager nos enfants à le rejeter ne ferait que le stigmatiser davantage et alimenter ses comportements troublants.
Il est donc normal de s’inquiéter des mauvaises habitudes qui sont causées par l’influence de ses nouveaux copains de classe et que notre enfant ramène à la maison, mais il ne faut pas oublier qu’ils peuvent également être influencés positivement par leur nouvel environnement. Si vous restez constante dans vos interventions afin qu’il comprenne les règles de votre famille, ils profiteront également d’un tas de nouvelles expériences enrichissantes qui lui apprendront des leçons et qui formeront son caractère.
Merci à Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice, auteure jeunesse de Laisse-moi t’expliquer l’autisme, chroniqueuse sur Éducatout.com et Huffington Post Québec. Ensemble et maintenant.